Quand le PSG écrasait Liverpool en 1997

Par Maxime Barbaud
8 min.
PSG @Maxppp

Le PSG joue sa tête face à Liverpool en Ligue des Champions demain soir. L'occasion de revenir 21 ans en arrière lorsque le Parc de Princes avait accueilli la formation anglaise pour une soirée qui reste dans les mémoires. Tenant du titre de cette Coupe des Coupes, le club français avait giflé les Reds 3-0 lors de cette demi-finale aller.

Il y a 21 ans, le PSG s'offrait l'un des plus grands matches de son histoire. Une demi-finale aller de Coupe des Coupes face à Liverpool remportée 3-0 dans un Parc des Princes à l'ambiance électrique. Ce 10 avril, les supporters parisiens, qui ont toujours voué un culte à leurs homologues scousers, les accueillent comme il se doit. Une banderole « Welcome to the legendary fans » traverse la tribune en hommage à la Red Army : 4000 fans sont présents dans les travées du Parc. Sur le terrain en revanche pas de courbette. La bande au duo Ricardo-Bats taille en pièce des Anglais arrivés en toute décontraction à Paris. Le score fleuve sera suffisant pour se hisser en finale. Malgré une défaite 2-0 à Anfield deux semaines plus tard dans une atmosphère unique, les Parisiens tiendront bon mais ils manqueront le doublé d'un cheveu. Un mois après l'exploit, ils s'inclinent face au Barça de Ronaldo à Rotterdam (1-0 sur un penalty du Brésilien) et perdront le titre acquis un an plus tôt contre le Rapid Vienne.

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En 2018, le PSG retrouve les Reds dans son enceinte (à suivre en direct sur notre live). Une victoire est impérative pour se qualifier en 8e de finale de Ligue des Champions et faire renaître des émotions fortes dignes des 90's. Présent sur la pelouse ce soir, Benoit Cauet, second buteur face à Liverpool juste avant la pause se rappelle au bon souvenir de cette nuit magique. « Un grand souvenir, une grande victoire, une grande équipe, le match parfait avec un résultat parfait, à l’époque. Ce n’est plus forcément le cas aujourd’hui (rires) mais à l’époque on avait fait un grand match avec un Parc exceptionnel, qui nous avait soutenu de la première à la dernière minute. Une soirée riche en émotions. C’était génial. Il y avait une vraie ambiance de coupe. On voulait tous un résultat, que ce soit les supporters et les joueurs. On suivait le même tracé. Ça donne des ailes.»

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Calamity James place le PSG sur orbite

Liverpool est dominé de la première à la dernière minute. La composition un peu hybride organisée par Ricardo s'articulant autour du duo Raï-Leonardo placé derrière un Patrice Loko hyper mobile, met à mal la défense anglaise. L'international français pense d'ailleurs ouvrir rapidement le score avant d'être injustement signalé hors-jeu. «Malheureusement durant ma période au Paris Saint-Germain, j’ai eu le chic de marquer des buts sur des hors-jeu qui n’existaient pas (rires), se marre-t-il encore aujourd'hui. Je pense que j’en ai mis pas mal dont un en finale de coupe d’Europe (face à Barcelone, ndlr). C’était mon jeu, je partais souvent à la limite du hors-jeu.»

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Après plusieurs occasions, l'ouverture du score viendra quelques minutes plus tard. Leonardo profite d'un centre-tir de Benoît Cauet pour tromper David James et marquer son premier but depuis presque six mois. Le début d'une soirée cauchemar pour le portier anglais, déjà surnommé Calamity James. «Je m’en souviens. C’est un garçon qui avait avoué perdre sa concentration à cause des jeux vidéo. Il était coutumier du fait. Il était donc capable de choses brillantes mais aussi de grosses conneries quoi ! Elles ont caractérisé sa carrière», rappelle son homologue de la soirée, Bernard Lama. D'ailleurs, Joël Bats, le bras droit de Ricardo et ancien gardien avait perçu les difficultés de James avant le match. «Il peut connaître quelques problèmes dans le domaine aérien.» Bien vu. C'est de cette manière que viennent les deux premiers buts.

La "Chistera Cauet" et le premier but de Leroy

Le PSG pousse et finit par être récompensé par une seconde réalisation signée Cauet juste avant la pause. Côté droit, le jeune (22 ans à l'époque) Jérôme Leroy cale un petit pont sur son défenseur et envoie un centre puissant que James ne parvient pas à capter. Raï remise de la tête vers le milieu de terrain, qui marque d'une «chistera Cauet mais peu importe le flacon», s'amuse à commenter Platini en direct sur Canal Plus. «J’ai marqué dans un mixe entre la cheville et le tibia (rires). C’est anecdotique mais il fallait la mettre au fond. On rêve de reprises de volée de 25 mètres dans la lucarne mais il faut savoir mettre des buts comme ça aussi (rires)», se remémore celui qui est aujourd'hui scout pour les jeunes de l'Inter Milan.

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Le PSG mène d'un break durant tout le second acte et poursuit sa domination sans partage. À peine entré en jeu, Cyrille Pouget met la pagaille dans la surface avant de servir Leroy. Il allume David James à bout portant et marque là son premier but avec son club formateur. Le Parc exulte et le PSG s'impose sans trembler 3-0 face à des Anglais abasourdis. «Je pense qu’au match aller on les a surpris, déclare Bernard Lama. Ils ne s’attendaient pas à notre niveau, je pense. Il me vient en tête des images des joueurs de Liverpool assis sur la pelouse en short avant le match, très décontractés. Ça nous avait un peu interpellés et un peu vexés. On était rentré dans ce match de cette manière-là.»

Une suffisance des joueurs de Liverpool qui coûte cher

Un sentiment de suffisance qui frappe les esprits côté parisien. La jeune génération emmenée par les enfants terribles Robbie Fowler, Steve McManamann et Harry Redknapp (le fil d'Harry) et encadrée par le vétéran John Barnes débarque tout sourire au Parc des Princes au moment de découvrir la pelouse. Lunettes de soleil sur le nez, portables à l'oreille, les Reds se prélassent, faisant penser à une joyeuse colonie de vacances. Une décontraction étonnante qui va leur coûter cher. À l'heure de disputer un match ô combien important, les Anglais vont payer cash leur manque d'expérience et d'implication. «On les a vus très décontractés et relaxes. Quand on connait le contexte anglais, ce n’est pas anormal mais on s’apprêtait tout de même à jouer une demi-finale de coupe d'Europe. On l’a mal pris mais il n’y avait rien de méchant. C’est un détail qui nous a interpellés et leur décontraction nous avait surpris. On l’a pris pour de l’arrogance», nous explique le gardien parisien.

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Patrice Loko garde lui aussi un souvenir intact des joueurs de Liverpool flânant sur la pelouse. «Je me rappellerai toujours de leur arrivée sur le terrain. Ils étaient en mode touristes dans le rond central à regarder la tribune, à contempler les supporters. Certains étaient même allongés dans le rond central comme s’ils se préparaient à jouer un match amical de début ou fin de saison. Et ça, ça nous avait vraiment énervés. On avait l’impression qu’ils nous snobaient un peu. Ils avaient une belle équipe mais ils nous avaient pris de haut. Ils chambraient un peu du genre : "on gagne et on rentre chez nous". En se préparant dans le vestiaire, on était tous remontés. Faut pas se foutre de nous.»

Le PSG de 2018 a toujours du mal à égaler les années fastes

Le 3-0 ne sera pas de trop en vue du match retour. «Dans le vestiaire, Michel Denisot nous a dit : "attention les gars. En Angleterre, c’est un score pas si important. Ils sont habitués à marquer des buts. Le retour, ça ne leur fait pas peur"», rapporte Loko. Deux semaines plus tard dans un Anfield chauffé à blanc, Paris souffre et finit par s'incliner 2-0. La qualification est sauve. Pour cette 5e demi-finale de suite de coupe d'Europe (un record pour un club français), le PSG jouera une seconde finale de suite. Barcelone l'emportera mais le club de la capitale affirme une fois de plus sa notoriété européenne, là où en 2018, il a encore un cap à passer. «À l’époque, on était plus avide, tente d'analyser Lama. Le PSG était pour nous l’opportunité de gagner des titres. C’est ce qui selon moi fait la différence aujourd’hui. Ils dominent tellement le football français depuis quelques années, ils n’ont pas moins faim mais la période est différente et il est encore plus compliqué de gagner une coupe d’Europe.»

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«Nous étions expérimentés, c’est l’une des raisons pour laquelle on a fait deux finales, complète Loko qui sera présent ce soir au Groupama Stadium pour la rencontre entre l'OL et Manchester City. Paris a une très belle équipe, des grands joueurs sur toutes les lignes. Il y a peut-être un peu plus de talent aujourd’hui. Ce qu’on avait de plus qu’eux, ce que tous les matches, on les voulait. On ne s’économisait pas. Nous étions une équipe soudée. Ça, on le voit moins à Paris. Ça court moins pour les autres mais je pense qu’ils ne s’oublieront pas mercredi. Ils ne peuvent pas tourner autour du pot», conclut l'ancien attaquant. Cette rencontre de Ligue des Champions face à Liverpool est une nouvelle occasion pour le club version QSI de marquer les esprits, alors qu'un nouveau faux pas le condamnerait. En dépit des lourds investissements consentis, il n'a toujours pas réussi à rééditer les exploits de ses aînés. Il serait temps pourtant de leur trouver des successeurs.

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