Ligue 1

Dembo Gassama : « je n’ai rien à perdre et tout à gagner à l’OM »

À la surprise générale, l’OM a fait signer un défenseur méconnu de National 2, Dembo Gassama. Interrogé par nos soins juste avant ses débuts avec la réserve de l’OM, l’ancien joueur de Bergerac nous raconte son parcours et en dit plus sur lui et sur ses qualités. Rencontre avec un joueur aux anges et qui a basculé dans une autre dimension.

Par Sébastien DENIS
6 min.
Olympique Marseille Dembo Gassama @Maxppp

Si l’OM vise toujours de grands joueurs pour ce mercato estival et rêve encore de Mario Balotelli, le club phocéen n’en oublie pas de prospecter dans les divisions inférieures. Dans le plus grand secret, Andoni Zubizarreta a finalisé l’arrivée pour une saison d’un jeune défenseur central de 20 ans, Dembo Gassama. Un véritable pari tenté par le club, qui a supervisé à de nombreuses reprises ce solide défenseur révélé du côté de Bergerac en National 2. Depuis que nous avons annoncé sa signature jeudi matin, rien n'est plus vraiment pareil pour ce joueur motivé et déterminé comme jamais, passé de l'anonymat le plus complet aux tendances de Twitter en quelques minutes. Avant de disputer son premier match sous les couleurs du club phocéen avec les U23 de l'OM face au Celtic Glasgow, lors du The South Shields FC International Tournament à Newcastle, Dembo Gassama a livré ses premières impressions de joueur marseillais et évoqué son parcours pour le moins atypique.

La suite après cette publicité

FM : comment avez-vous débarqué à l'OM ?

Dembo Gassama : j'avais joué contre l'OM en National 2. Et Sébastien Pérez, le recruteur de l'OM qui avait assisté au match, a dit beaucoup de bien sur moi et qu'il était très intéressé par mon profil. Comme j'avais déjà entendu parler de l'intérêt de clubs à mon égard sans que cela aille plus loin, je n’y ai pas prêté plus attention que cela. Tant que ce ne sont que des discussions et qu'il n'y a rien de concret... J'ai continué ma saison et quand David Bonnan, mon avocat mandataire sportif, et Miloud Abderrebi, mon conseiller, m'ont dit qu'ils étaient en relation avec Sébastien Pérez et qu'ils voulaient vraiment que je rejoigne Marseille, je me suis dit : "c’est énorme". J'ai attendu jusqu'au moment où l'OM m'a contacté, me disant qu'ils voulaient me voir avant qu'on signe quelque chose. Je suis allé à la Commanderie, on a parlé. J'ai tout de suite aimé le projet, j'ai apprécié ce qu'on m'a dit.

La suite après cette publicité

FM : comment s'est passée votre rencontre avec Andoni Zubizarreta ?

DG : j'ai parlé avec lui lors de ma signature. Il m'a dit qu'il m'avait vu jouer avec Bergerac et qu'il m'avait trouvé très intéressant. Le projet est clair. Ils m'ont dit que lorsque la réserve joue, elle est toujours observée, il y a toujours Zubizarreta ou M. Cassani qui viennent nous voir. Tous les matches sont débriefés par quelqu'un de là-haut. À partir de là, à chaque fois, les meilleurs joueurs de la réserve iront s'entraîner avec les pros. Moi, je me suis dit, tant qu'on est vu et qu'on joue, notre destin est entre nos mains. Tant qu'il y a une possibilité, moi je me dis, je peux l'avoir cette possibilité. C'est comme ça que je vois les choses.

La suite après cette publicité

« Pourquoi l'OM ? Je n'ai rien à perdre et tout à gagner ! »

FM : pourquoi avoir choisi l'OM alors que l'AS Monaco et les Girondins de Bordeaux vous suivaient ?

DG : en fait, la différence s'est faite au niveau de ma famille. J'ai toute ma famille qui est pour l'OM... et moi aussi. Forcément, ça a joué. Après, on avait un peu peur, ce n’est pas parce que c'était notre club de cœur que je devais forcément y aller. Mais vu comment ils étaient intéressés et la manière dont ils m'ont exposé le projet, je me suis dit que je n'avais rien à craindre, que j'avais tout à gagner. Après, j'en ai parlé avec mes conseillers David et Miloud, qui ont toujours été là, même dans les moments difficiles, et on a fait le choix OM.

La suite après cette publicité

FM : votre recrutement a fait du bruit, comment avez-vous vécu cela et qu'est-ce qui a déjà changé pour vous ?

DG : je vois déjà la différence depuis ma signature. Je tiens d'ailleurs à dire que le compte Twitter Dembo Gassama n'est pas mon compte Twitter, c'est un fake. J'ai un compte Twitter, mais il est encore confidentiel. Après, j'ai beaucoup de gens qui commencent à venir me parler. Mais je suis entouré, j'ai une grande famille, des grands frères, et ils m'avaient prévenu que ça allait être le feu donc je m'étais préparé. Mais c'est vrai que c'est impressionnant et je reçois beaucoup de messages, donc mon téléphone est en surchauffe entre Snapchat, Facebook et Instagram. Beaucoup de gens me donnent de la force, ils me félicitent et ne me souhaitent que du bonheur, du coup, c'est gentil et je voulais les remercier. Après, c'est à moi de faire le job !

FM : on ne sait pas grand chose de vous. Pouvez-vous nous raconter votre parcours pour le moins atypique ?

DG : j'ai intégré la Jeunesse villenavaise (club de la région de Bordeaux) en Benjamin, vers 10-11 ans. J'ai fait toute ma formation dans ce club. J'y ai fait toutes mes classes, j'ai joué au plus haut niveau régional, ma 2e année de U19, puis un peu avec les seniors. Après, j'ai rapidement compris que j'aurais du mal à jouer, qu'ils ne laissaient pas trop leur chance aux jeunes. J'ai un ami qui jouait à Bergerac et qui m'a dit qu'ils cherchaient des joueurs parce qu'ils venaient de monter en DH. J'ai discuté avec le coach et j'ai rapidement signé un contrat de service civique en 2016. C'est ce qui m'a permis de vivre à Bergerac. J'ai pris un appartement là-bas, j'ai fait une année en DH et, en fin de saison, j'ai commencé à jouer en CFA. Mais comme ils jouaient la montée, c'était compliqué de jouer. En fin de saison, on a beaucoup discuté avec le coach et finalement il m'a replacé en défense centrale, puisque je jouais au milieu de terrain jusqu'alors. Quand il m'a replacé derrière, j'ai eu un déclic et j'ai pris conscience de mon potentiel. J'ai pris du plaisir dans ce nouveau rôle. Fin 2017, j'ai fait mon premier match de National 2 contre Martigues et je ne suis plus sorti de l'équipe. Et lors de ce fameux match charnière contre l'OM, j'ai sorti l'une de mes meilleures prestations de la saison et j'ai tapé dans l’œil de Sébastien Pérez. Et la suite, on la connaît.

« Il ne faut jamais lâcher et se dire que tout est possible »

FM : peut-on parler de revanche pour vous, qui n'êtes pas passé par un centre de formation ?

DG : je suis fier de mon parcours. C'est aussi un message pour les joueurs de mon âge, qui ne sont pas passés par un centre de formation. Il ne faut jamais lâcher et se dire que tout est possible. C'est assez drôle de passer de l'autre côté du miroir. Je vais régulièrement sur l'application Foot Mercato sur mon téléphone et, maintenant, je suis dedans. Ça change tout.

FM : la première avec l'OM, c'est pour aujourd'hui ?

DG : oui, je commence direct à jouer avec l'OM. On est sur un tournoi à Newcastle avec l'équipe U23 de l'OM. On joue face à Southampton et contre le Celtic Glasgow. Ce soir (vendredi soir à 19h30), normalement, je devrais faire mes grands débuts et jouer contre le Celtic.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Copié dans le presse-papier