Bon nombre de clubs ont repris les chemins de l’entraînement cette semaine, sous un soleil radieux, tandis que d’autres joueurs sont en plein Mondial. Les températures grimpent, et alors que le Ramadan démarre, une question se pose : comment les footballeurs de confession musulmane font-ils pour mener de front la pratique de leur sport et le jeûne ? Des joueurs disputant la Coupe du Monde vont-ils essayer de faire le Ramadan malgré tout ? Si au sein de l’équipe d’Algérie le jeûne devrait être respecté les jours où il n’y a pas de match, en équipe de France la question n’a pas été abordée, comme l’assure Bacary Sagna en conférence de presse : « Je ne pense pas que ça change quoi que ce soit, parce que les joueurs qui le font ont l’habitude. Le staff n’a rien préparé, on n’en a pas parlé ». Le sujet est sensible, car ne pas boire ni manger, en tant que sportif de haut niveau, peut causer bien des soucis.

Mais tout est finalement question d’adaptation et de culture. C’est en tout cas le message que tient à faire passer Habib Bellaïd. Évoluant aujourd’hui en Algérie, au MC Alger, le défenseur central passé par Strasbourg et l’Eintracht Francfort raconte ses différentes expériences : « En France, les staffs sont compréhensifs pendant le Ramadan, ils peuvent te donner des compléments alimentaires pour tenir la journée. En Allemagne par exemple, ils ne comprennent absolument pas pourquoi on fait ça, c’est une hérésie pour eux. Dans les pays musulmans, déjà, tu n’a pas le choix tu fais le Ramadan ! Après, les journées sont adaptées. Par exemple, pour mon équipe, l’an dernier on faisait un entraînement léger (technique ballon) avant le repas, et un autre le soir tard. Mais comme nous étions en stage, on pouvait dormir la journée et s’entraîner, et participer aux prières le soir et la nuit, chose qui est importante durant ce mois de jeûne. Donc, en somme, tout est fait pour arranger celui qui jeûne ».

Le Ramadan nuit-il à la performance ?

Pour autant, le joueur de 28 ans a conscience que, en période de préparation ou en match, il est plus difficile de se plier au Ramadan : « Pendant la pré-saison, c’est une période délicate étant donné que tu te prépares physiquement pour la saison, et tout sportif te dira que c’est le moment le plus important de la saison pour bien se sentir. Je pense que ça reste quelque chose de personnel, même s’il est vrai que l’an dernier j’ai été avantagé du fait que je sois en Algérie. Après, en Europe, je ne le fais pas quand on double les entraînements et le jour du match. Quant aux jours que je rate, j’essaie de les rattraper les jours où il n’y a rien et en hiver de préférence, parce que les journées sont plus courtes (rires) ».

Mais sous cette chaleur, est-il possible de pratiquer le Ramadan, tout en conservant un niveau de performance intact ? Zakarya Bergdich, arrière gauche marocain de Valladolid (Espagne) y croit : « Le Ramadan ne me pose pas de problèmes. Tous les ans, ça se passe très bien ! J’en parle avec mes coéquipiers, ils sont au courant. Ils sont surpris, ils pensent que c’est vraiment dur (rires). Peu importe la période, quoi qu’il arrive je fais le Ramadan. Sincèrement, en ce qui me concerne, le Ramadan n’a aucun effet négatif, même si des fois on a très soif (rires) ». Habib Bellaïd, lui, ressent des effets sur ses performances durant le mois de jeûne : « Tu ressens des effets sur ta performance, parce que tu te déshydrates, et c’est la façon la plus simple pour se blesser. Après, le Ramadan c’est la religion, donc de la volonté. Tout est dans la tête vraiment, mais je ne vous cache pas que je ne l’ai jamais fait un jour de match. Déjà, parce qu’il faut être en pleine possession de ses moyens, et puis j’ai trop besoin de mon café avant le match (rires) ». Le Ramadan est donc possible pour les footballeurs, tout est question d’organisation et de détermination.