Entretien avec… Parfait Mandanda : «mes performances avec le Dinamo me permettent de montrer que je suis toujours là»
Parfait Mandanda retrouve le sourire en Roumanie. Prêté au Dinamo Bucarest par Charleroi, le portier congolais s'est parfaitement relancé avec 3 clean-sheets et 5 victoires en 6 matches. Pour Foot Mercato, le gardien de but a évoqué ce retour en forme, ses ambitions pour la fin de saison avec la Coupe d'Afrique des Nations avec la République Démocratique du Congo, son avenir mais aussi les difficultés de son frère Steve à l'Olympique de Marseille.
Foot Mercato : Parfait, comment se passent vos premiers mois en Roumanie, au Dinamo Bucarest ?
Parfait Mandanda : ça se passe très bien. Depuis que je suis arrivé, on a enchaîné les victoires, pour une seule défaite. L'intégration se passe très bien. Le coach, les joueurs, le club : tout le monde m'a très bien accueilli.
FM : le choix Dinamo a-t-il été évident cet hiver ?
PM : je n'ai pas hésité cet hiver quand l'option Dinamo Bucarest s'est présentée. Je connaissais déjà le coach (Mircea Rednic, qui a officié en Belgique, au Standard de Liège) et mon pote Harlem Gnohéré (attaquant du Steaua Bucarest) m'avait aussi conseillé de venir. C'était bénéfique pour moi parce que j'allais avoir du temps de jeu, dans un grand club en Roumanie qui plus est.
FM : 6 matches, 6 titularisations, 5 victoires et 3 clean-sheets, ça doit vous redonner le sourire non après la première partie de saison compliquée à Charleroi ?
PM : ça fait toujours du bien. Chaque joueur veut gagner et apporter un plus à son équipe. C'est vrai que depuis un certain temps, c'était difficile pour moi à Charleroi. Là aujourd'hui, je m'épanouis. Je m'éclate sur le terrain, à l'entraînement aussi et j'en suis très content.
FM : vous avez donc découvert la Liga 1 en janvier. Que pensez-vous du niveau du football local ?
PM : on joue les play-offs 2 (le Dinamo a terminé 8e de la saison régulière). Les équipes te rentrent assez dedans. De ce que j'ai pu voir jusqu'à présent, il y a quand même quelques équipes qui jouent au ballon.
À la relance à Bucarest... avant la CAN ?
FM : vous êtes prêté par Charleroi jusqu'à la fin de la saison. De quoi sera fait votre avenir ?
PM : la suite ? Je ne sais pas du tout. Je sais que le Dinamo veut me garder pour la saison prochaine parce qu'ils sont en train de monter un effectif pour jouer pour le titre. Le côté positif, c'est qu'ils comptent sur moi dans ce projet. Après, je suis encore sous contrat avec Charleroi jusqu'en juin 2022, donc je ne sais pas, je ne peux pas trop m'étendre là-dessus. Je suis ouvert à toutes les options : rester ici au Dinamo ou retourner à Charleroi.
FM : cette expérience au Dinamo vous permet de rebondir après des premiers mois compliqués à Charleroi, où vous êtes passé du statut de titulaire à celui de doublure...
PM : c'est vrai que ça a été un changement difficile, assez délicat. Quand tu passes de titulaire à doublure, c'est dur. Tu dois encore plus travailler. C'est ce que j'ai fait, ce que j'ai essayé de faire. Après, c'est vrai que Nicolas (Penneteau) faisait de bonnes prestations devant moi, donc je ne pouvais pas dire grand-chose. Je donnais le maximum à l'entraînement. C'était une situation assez compliquée, surtout mentalement. Mais ça fait partie du foot. Je pense qu'aujourd'hui mon travail dans l'ombre a payé et m'a permis de rebondir au Dinamo.
FM : parfaitement relancé avec le Dinamo, vous avez augmenté vos chances d'être appelé en sélection avec la République Démocratique du Congo en fin de saison. Est-ce un objectif assumé ?
PM : je rejoue. Ça fait deux ans et demi que je ne suis plus parti en sélection. Aujourd'hui, mes performances avec le Dinamo me permettent de montrer que je suis toujours là, toujours présent pour la sélection. Je pense que je pourrais apporter un plus à la sélection. Après, il y a un sélectionneur (Florent Ibenge), c'est lui qui décide, qui fait ses choix. On va attendre la prochaine liste. J'espère en faire partie. En attendant, je vais continuer à me battre sur le terrain pour aller à la CAN. Il me semble que je suis le seul gardien congolais qui évolue en première division en Europe. Ce serait une super fin de saison pour moi. Je travaille dur pour essayer de participer à cette CAN.
FM : quelles sont les ambitions de la RD Congo pour cette compétition ?
PM : les ambitions, c'est d'aller le plus loin possible. On a un très bon groupe, il y a beaucoup de qualités dans cette équipe. À nous de nous exprimer sur le terrain, comme en 2015 quand on a fini 3es de la CAN. On va faire ce qu'il faut pour essayer d'aller au bout.
Une famille de gardiens
FM : difficile de ne pas évoquer vos frères avec vous. Steve donc, vous, mais aussi Riffi et Over êtes gardiens tous les quatre. Y a-t-il un secret chez les Mandanda ?
PM: est-ce qu'il y a un secret ? Je ne pense pas, je dirais simplement la détermination. On a toujours été déterminé. C'est peut-être aussi dans les gênes. Mais il n'y a pas de secret particulier.
FM : avez-vous souffert de la comparaison avec Steve ou de la pression du nom durant votre carrière ?
PM : il y a un moment, vers mes 19-20 ans, c'était plus compliqué par rapport à mon nom, à mon grand-frère. Aujourd'hui, j'ai pu montrer au monde professionnel qui était Parfait. Ce sont des situations compliquées, c'est dur. En plus, on joue au même poste. On s'exprime, chacun avec nos qualités, mais les personnes ont vu que les quatre Mandanda étaient des bons gardiens.
FM : mettez-vous en garde le dernier de la fratrie, Over, qui évolue en National 2, avec la réserve des Girondins de Bordeaux (7 matches) ?
PM : Over ne connaît pas encore vraiment le monde professionnel. On essaie de le maintenir en garde, car on est passé par là aussi. Pour lui, ça risque d'être encore plus dur parce qu'il a trois frères devant lui qui ont réussi une carrière professionnelle. Il est doté d'énormes qualités. Mentalement, il est fort. J'espère que ça va aller pour lui, mais je pense que ça va vraiment bien se passer pour lui.
FM : quel regard portez-vous sur les difficultés de Steve cette saison du côté de l'Olympique de Marseille ?
PM : c'est vrai qu'en tant que frère, ça fait mal. Après, mon frère a une très grande expérience. C'est peut-être la première fois de sa carrière qu'il vit une situation pareille. C'est une mauvaise passe. Ça arrive à tout footballeur. Aujourd'hui, ça arrive à mon frère. C'est une saison assez compliquée, avec des hauts et beaucoup de bas. Mais je sais que ça va passer et qu'il va montrer à tout le monde qu'il est encore là, toujours présent et que ce n'était qu'une mauvaise passe.
FM : après une expérience en Turquie, plus de huit saisons en Belgique et ces quelques mois en Roumanie, seriez-vous tenté par un retour en France à l'avenir malgré cette fameuse pression du nom ?
PM : en Belgique, quand tu dis Mandanda, on pense plutôt à moi. En Roumanie, je viens d'arriver. Mais la pression du nom, c'est du passé. Je l'ai surmontée. Pourquoi pas revenir en France un jour. Ça peut être aussi un nouveau challenge. Ce serait génial de jouer l'un contre l'autre, c'est sûr ! À nous de bosser et d'essayer arriver à effectuer ce que mon grand-frère a fait en France.
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