Premier League

Mercato : pourquoi les clubs anglais sont étrangement calmes

Habituée à tutoyer les sommets parmi les clubs les plus dépensiers ces dernières années, la Premier League - jamais avare à l’heure de faire ses emplettes sur le marché des transferts - se montre cette fois-ci étrangement passive. Un mercato hivernal qualifié de « fenêtre fantôme » au Royaume de sa Majesté et justifié par une crainte majeure. Explications.

Par Josué Cassé
6 min.
Todd Boehly, le propriétaire des Blues @Maxppp

815 millions de livres sterling, soit plus de 950 millions d’euros. Voici la somme dépensée par la Premier League lors du dernier mercato hivernal (2022/2023). Réputé pour enflammer les différentes fenêtres réservées aux transferts, le championnat anglais - fort de droits TV domestiques colossaux - était logiquement attendu au tournant en ce début d’année 2024. Dans le sillon du Chelsea de Todd Boehly et son milliard d’euros dépensé au cours des 18 derniers mois ou encore de Nottingham Forest, récemment sous le feu des projecteurs après avoir recruté plus d’une vingtaine de joueurs lors du même mercato, les formations anglaises multiplient, avec une frénésie déconcertante, les transactions. Pourtant, à l’heure où nous écrivons ces lignes et à une semaine de la fermeture du marché hivernal, le contraste est saisissant. Loin de cette folie des grandeurs observée - où l’on ne sait jamais où finit la grandeur et où commence la folie - la Premier League fait, aujourd’hui, preuve d’une étrange passivité. De quoi questionner cet immobilisme.

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Des dépenses générales inférieures à 50 millions d’euros !

Attendu comme un acteur central du marché, le championnat anglais a, en effet, jusqu’à présent déboursé un peu plus de 43 millions d’euros. Un montant dérisoire au regard du palmarès affiché par les clubs d’outre-Manche dans ce secteur. Ainsi, si Manchester City vient d’officialiser l’arrivée de la jeune pépite argentine, Claudio Echeverri (14,5M€), que Brighton a renforcé sa défense avec le prometteur Valentín Barco (9,15M€) et qu’Aston Villa en a fait de même en misant sur le jeune serbe, Kosta Nedeljkovic (7,5M€), le bilan reste assez maigre. Alors oui, le mercato hivernal est encore loin d’être terminé - Kalvin Phillips est, à ce titre, sur le point de s’engager du côté de West Ham - et de nombreux rebondissements pourraient intervenir dans les jours à venir. Pour autant, il semble aujourd’hui difficile d’imaginer un scénario similaire à celui observé la saison dernière. Un calme plat qui ne manque d’ailleurs pas de questionner de nombreux observateurs. Dans cette optique, le Daily Mail avance une cause principale à cette étrange passivité des clubs anglais : les règles du fair-play financier en Angleterre.

Alors que Manchester City est jusqu’à présent parvenu à passer entre les gouttes malgré de nouvelles accusations graves portées par la Premier League, Everton a, de son côté, été rattrapé par la patrouille. Pénalisés de 10 points en championnat, les Toffees s’exposent d’ailleurs à une nouvelle sanction puisqu’ils ont récemment été accusés d’avoir trop dépensé durant la période allant de 2019 à 2023. Une angoisse partagée par Nottingham Forest, également visé par le communiqué de la Premier League. «Conformément aux règles de la Premier League, les deux cas ont été renvoyés au président du panel judiciaire, qui nommera des commissions distinctes pour déterminer la sanction appropriée. Les commissions sont indépendantes de la Premier League et des clubs membres. Les débats se déroulent à huis clos et les décisions finales des commissions sont rendues publiques sur le site Internet de la Premier League. La Ligue ne fera aucun autre commentaire d’ici là». Très certainement refroidie par cette sortie officielle, la majorité des clubs anglais se montre alors bien plus raisonnable.

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Le FPF fait trembler les clubs de Premier League !

Dès lors et en rappelant qu’aucune formation de Premier League n’a le droit de dépasser des pertes au-delà des 105 millions de livres sterling (soit environ 123M€) sur une période de trois ans, la prudence est de mise. Dernier exemple en date ? Newcastle. Bien que contrôlés par le PIF, le fonds d’investissement public saoudien, les Magpies ont récemment annoncé avoir subi une perte de 150 M£, soit 175 M€. Des montants inquiétants poussant alors les Toons à ouvrir la porte à quelques départs. «Il est difficile de se prononcer spécifiquement sur certains joueurs, mais je peux dire que si nous voulons arriver là où nous voulons arriver, il est parfois nécessaire de transférer certains de vos joueurs. Toutes les décisions que nous prendrons seront toujours dans l’intérêt à moyen et à long terme le club. Que ce soit à cause de la durée du contrat du joueur en question, si l’offre est trop belle pour être refusée, il faut renouveler l’effectif dans certains domaines. Cela pourrait avoir du sens de se séparer d’un joueur. Cela fait partie du système inhérent au PSR (le fair-play financier de la PL). Il existe une incitation à transférer les joueurs si vous souhaitez réinvestir», déclarait, en ce sens, Darren Eales, le directeur général, de l’actuel 10e de PL.

Angoissés par de possibles représailles, les clubs anglais semblent donc utiliser cette fenêtre hivernale pour ajuster les comptes, ou plutôt ne pas les détériorer. «Une mauvaise fenêtre peut avoir un impact sur trois années de liberté», confiait d’ailleurs un directeur général de Premier League au Mail Sport avant de mettre l’accent sur la situation des Red Devils. «Les clubs veulent être mieux gérés, mais les clubs doivent aussi être mieux gérés. Lorsque Omar Berrada (récemment transféré de Manchester City, ndlr) arrivera à Manchester United, il n’aura pas besoin d’être un expert pour comprendre que la stratégie de transfert de l’équipe a été discutable. Pourquoi laisser partir David de Gea alors qu’il avait accepté une réduction de salaire et le remplacer par un gardien qui n’est sans doute pas aussi bon pour 43,7 millions de livres sterling plus les salaires ?» Relancé sur la faible activité de la Premier League au cours de ce mois de janvier, un directeur sportif de première division mettait, lui aussi, l’accent sur cette crainte du FPF.

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«Le fair-play financier, ou l’adéquation à l’objectif comme nous aimons l’appeler, est certainement un facteur à prendre en compte. Si l’on se penche sur les fenêtres précédentes, on s’aperçoit qu’il y a eu beaucoup de joueurs médiocres qui ont été transférés. Aujourd’hui, la demande a été freinée par les contrôles financiers. Désormais, de plus en plus de clubs essaient de s’éloigner des transferts ad hoc et d’adopter une stratégie». Une méfiance générale qui pourrait, malgré tout, s’atténuer dans la dernière ligne de ce mercato hivernal. Cramponnée à ses habitudes historiques, la Premier League est, en effet, encore loin d’avoir dit son dernier mot. Ces dernières heures, [The Sun](Kyle Walker) affirmait, par exemple, que Reece James - lié à Chelsea jusqu’en juin 2028 - était dans le viseur de Manchester City, déterminé à l’idée de trouver un successeur Kyle Walker. Au regard de la situation contractuelle du latéral droit des Blues, nul doute que l’opération relancerait rapidement la Premier League vers les sommets du classement des championnats les plus dépensiers…

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