Montpellier : le retour gagnant en Ligue 1 de Mamadou Sakho

Par Anas Bakhkhar
6 min.
Mamadou Sakho au duel avec Andy Delort @Maxppp

Huit ans après avoir quitté le Paris Saint-Germain pour la Premier League, le défenseur central français Mamadou Sakho semble de retour en forme sous les couleurs de Montpellier. Une exemplarité et une maturité qui impressionnent les joueurs et le staff d'Olivier Dall'Oglio.

Seulement trois mois après sa signature libre de tout contrat après quatre saisons et demie passées du côté de Crystal Palace, et ce, malgré ses six derniers compliqués, Mamadou Sakho renaît de ses cendres en Ligue 1. Cette fois-ci, ce n'est pas grâce à un retour au Paris Saint-Germain, club qui l'a vu grandir et exploser pendant près d'une décennie, mais à 800km au sud de la capitale : le Montpellier Hérault Sport Club. En difficulté financière due au COVID-19 et au scandale des droits TV liés au groupe Mediapro, le club présidé par Laurent Nicollin considérait l'international tricolore (29 sélections, 2 buts) comme un renfort de taille au moindre coût pour pallier les départs libres de Vitorino Hilton (retraite) et Daniel Congré (Dijon FCO), cumulant plus de 1000 matches dans l'élite à eux deux. Le dirigeant de 48 ans et la cellule de recrutement, guidée par le directeur sportif Bruno Carotti, voyait également en lui un joueur capable d'encadrer les jeunes joueurs et d'apporter son expérience à un groupe dirigé par un nouvel entraîneur, en la personne d'Olivier Dall'Oglio.

La suite après cette publicité

En conférence de presse avant le déplacement à Monaco fin octobre (défaite 3-1), l'ancien Parisien a justifié son arrivée au MHSC, un choix non seulement sportif mais aussi familial :« c’est le projet qui m’a été proposé. Il m’a parlé. Je voulais aussi me rapprocher de ma mère qui est un peu malade. Et puis, je voulais que mes enfants découvrent mon pays, leur pays, la France, parce que ça fait quand même huit ans qu’ils grandissaient en Angleterre. C’est toujours bien de rentrer à la maison pour qu’ils puissent grandir avec cette culture française, apprendre la langue.» Autre défi pour le principal intéressé : retrouver sa forme physique et son niveau d'antan : en effet, à son arrivée à la Mosson cet été, le natif du 18e arrondissement de Paris n'avait plus disputé de match officiel depuis le 8 janvier dernier avec Crystal Palace et une défaite à Wolverhampton en FA Cup (1-0). Ensuite, les pépins physiques se sont enchaînés : entre claquage à la cuisse, deux blessures à l'ischio-jambier puis au mollet. Pourtant, ça n'a pas l'air d'inquiéter le principal intéressé : «tout s’est passé naturellement. Bien sûr que je n’avais pas joué depuis janvier. Les causes sont connues, quelques blessures. Mais sincèrement, c'est une nouvelle page qui s’écrit pour moi. Donc je me sens de mieux en mieux. On a beaucoup travaillé et je pense que ça se ressent.»

À lire Rennes - Monaco : la réaction à chaud d’Alidu Seidu

Des débuts mitigés

Quelques jours après sa signature fin juillet, l'objectif était simple du côté du staff héraultais : lui laisser le temps nécessaire pour sa préparation afin de l'intégrer progressivement dans le groupe professionnel et ne prendre aucun risque. Cependant, le chantier de la charnière centrale montpelliéraine est compliqué, avec le Portugais et habituel titulaire, Pedro Mendes, qui traîne toujours sa rupture du ligament croisé depuis avril. Si l'international français n'est pas convoqué pour la première de la saison face à l'Olympique de Marseille (défaite 3-2), il a fait sa première apparition sur le terrain du Stade de Reims, aux côtés du Brésilien Matheus Thuler, lui aussi recruté l'été dernier. Manque d'automatisme avec son compère, relances approximatives et maîtrise technique imprécise (causant le premier but rémois) : Mamadou Sakho semblait perdu dans cette rencontre très animée (match nul 3-3). Une première un peu casse-gueule, mais le technicien du MHSC n'avait pas le choix. «On a pris tous les deux un risque, peut-être qu’il n’était pas tout à fait prêt. Mais je veux voir de la solidarité autour. Il manque de repères. Mais je sais très bien qu’il va revenir à un meilleur niveau parce qu’il fait le travail et le maximum. Je sais ce qu’il va nous amener.»

La suite après cette publicité

Si comme le dit si bien Thierry Henry, «le temps n'a pas le temps pour le temps», ce temps-là a donné raison à sa persévérance et à son travail acharné. Rencontre après rencontre, l'ex-défenseur des Reds a pris plus d'assurance dans son positionnement et ses interventions aux côtés de son jeune coéquipier Maxime Estève, délivrant des prestations abouties face à Lorient, Saint-Etienne, Lens (3 victoires à domicile) et la dernière en date en dehors de ses bases à Nice (victoire 1-0). En plus de retrouver son niveau sur le terrain, son leadership se fait remarquer dans le vestiaire : avec plus de 400 matches joués dans sa carrière entre les clubs et la sélection, il n'a pas besoin du brassard de capitaine (appartenant à Téji Savanier) pour inculquer la hargne et la mentalité de la gagne, qui a été clairement retrouvée lors du succès à l'Allianz Riviera : «le brassard pour moi, ce n’est pas important, ce n’est pas ma motivation, je suis le même bonhomme avec ou sans», avait-il lui-même déclaré en conférence de presse.

Deux casquettes : joueur et tuteur

La crise économique connue par Montpellier oblige la direction à se concentrer sur un facteur qui a fait le bonheur du club depuis sa création : la formation. Faute d'argent pour réaliser des transferts et pallier les nombreux départs (Andy Delort, Gaëtan Laborde, Vitorino Hilton...), le président Nicollin a demandé à son nouveau coach ODO de se concentrer sur les jeunes joueurs du club, afin d'ajouter de la profondeur à son effectif et de faire grandir les pépites de la maison. Et avec l'arrivée de Mamadou, tout semblait parfait pour intégrer au mieux la jeunesse dans le vestiaire pailladin. Depuis le début de la saison mi-août, plusieurs produits du centre de formation, basé à Grammont (à l'est de Montpellier), sont convoqués par Dall'Oglio au fil des semaines. Entre Maxime Estève, Redouane Halhal, Béni Makouana ou encore Yanis Guermouche, l'Alésien n'hésite pas à faire entrer de jeunes pousses en seconde période pour leur faire découvrir le haut niveau. Et s'il y a une personne sur qui il peut compter pour les encadrer, c'est bien Mamadou Sakho.

La suite après cette publicité

Le classement de la Ligue 1

Le technicien héraultais s'était réjoui de sa signature, notamment pour son apport d'expérience aux novices, surtout avec son compère en défense centrale et aujourd'hui l'une des révélations de ce début de saison : «il amène sa force tranquille, son discours et ses conseils dans le vestiaire auprès des plus jeunes. Avoir un maître entre guillemets comme Mamadou pour Maxime Estève, ça reste intéressant pour son début de carrière. Il sait qu’il peut s’appuyer sur quelqu’un qui a une sacrée expérience. C’est pour ça d’ailleurs que la paire fonctionne plutôt bien. Mamadou a une vraie influence sur les jeunes mais les moins jeunes aussi. Quand il parle, tout le monde écoute.» Fier d'avoir ce rôle de tuteur, Sakho peut aussi compter sur la motivation d'Estève, qui s'est faite sentir dès son arrivée : «Je me retrouve en lui quand j’étais jeune, lorsque j’ai intégré le groupe pro, je posais pas mal de questions à Mario Yepes, Sylvain Armand pour le placement, comment anticiper, etc. C’est la même chose qu’il a faite avec moi. C’est un joueur talentueux, il faut continuer sur ce chemin-là. Je n’en doute pas, s’il continue, il fera une très bonne carrière.» La passation de pouvoir est en cours.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité