Italie : le témoignage puissant du repenti Sandro Tonali dans les écoles italiennes

Toujours suspendu suite à l’affaire des paris sportifs, Sandro Tonali était en visite dans plusieurs écoles à Bari dans les Pouilles pour faire de la prévention contre les dangers du football mais surtout les effets néfastes des paris.

Par Valentin Feuillette
5 min.
Sandro Tonali avec l'Italie @Maxppp

Près de sept mois après sa suspension infligée par la Fédération italienne de football (FIGC) pour avoir parié sur des matchs de Serie A alors qu’il était joueur de l’AC Milan, Sandro Tonali, qui joue actuellement à Newcastle en Premier League, a été le protagoniste d’une journée riche en rendez-vous à Bari, dans les Pouilles. Une suite de rencontres prévues dans le cadre du programme de réhabilitation pour vaincre sa dépendance aux jeux, convenu avec la FIGC lors de ses entretiens avec les dirigeants du football italien. Un parcours de sensibilisation pour les jeunes générations était prévu afin d’offrir au milieu de terrain l’opportunité de réduire considérablement sa sanction de 18 mois, dont huit ont été graciés grâce à cette initiative, qui l’a également amené à discuter avec certains groupes scolaires issus de plusieurs lycées dont un spécialisé dans les sciences du sport et d’écoles de formation de football. En présence du président national de la jeunesse de la FIGC et du secteur scolaire, Vito Tisci, et du coordinateur fédéral régional, Antonello Quarto, le natif de Lodi a vécu une immersion totale pleine d’idées et de bonnes intentions.

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Au cours de ces quatre rencontres, Sandro Tonali s’est ainsi exprimé devant les élèves du lycée Salvemini, abordant de front la question relative à la dépendance au jeu et aux paris sportifs qui, en plus de lui avoir fait rater sa première saison en Premier League avec les Magpies, l’a contraint de déclarer forfait pour le prochain championnat d’Europe en Allemagne (14 juin - 14 juillet) avec la Squadra Azzurra : «Se cacher derrière les barrières d’un problème n’est jamais la solution. Il faut plutôt en parler. Obtenir de l’aide. Ma véritable richesse ne réside pas dans les contrats à plusieurs millions de dollars, mais dans le fait d’être entouré de gens qui m’aiment et qui continuent de me le prouver chaque jour. J’étais récemment dans une usine. J’ai pu penser à ceux qui travaillent dix heures par jour, juste pour rapporter un salaire. J’ai compris beaucoup de choses précieuses. Une avant tout : si un travailleur perdait son emploi, c’est toute sa famille qui en paierait les conséquences. Eh bien, c’est aussi pourquoi je me considère chanceux. J’ai fait une erreur, mais je n’ai rien perdu», a expliqué le milieu de 24 ans. Il s’est montré très enthousiaste et convaincant dans ses discussions avec les jeunes élèves du lycée Salvemini, lorsqu’il a abordé les questions liées à l’équité sur le terrain, au fair-play et au respect des règles.

Une prévention nécessaire

Après avoir terminé sa visite à l’institut Salvemini, Sandro Tonali a ensuite fréquenté le centre fédéral de formation de Bitetto et les écoles de football Nick Bari et Levante Azzurro, où il a discuté avec d’autres enfants désireux comme lui de réaliser leur rêve de devenir footballeur professionnel : «Peut-être qu’il y a parmi vous quelqu’un qui parie et ne le dit pas, parce que souvent nous nous enfermons. Cependant, lorsque vous jouez et avez un salaire élevé, faire face au jeu constitue un risque imminent. Je me suis caché et j’ai fait une erreur. Vous ne vous arrêtez pas, les autres vous arrêtent. Et vous pouvez également mettre en péril vos amitiés, vos relations et votre travail. Ce sont quelques-uns des plus grands risques. Dans ces années où tout semblait parfait, ce qui me manquait le plus, c’était de ne pas pouvoir passer le temps que j’aurais souhaité avec mes anciens amis. Ceux sur le terrain, à l’école, ceux avec qui finalement, il joue aussi au football comme moi et a pu toucher le ciel du doigt, il est lié par les plus beaux souvenirs. Parce que toutes les bonnes choses arrivent», a poursuivi l’international de la Nazionale. Tout n’est pas toujours aussi facile qu’il y paraît. Même sur un terrain de football, on peut se perdre. L’amitié est un mot que l’ancienne pépite de Brescia a répété assez souvent dans son plaidoyer.

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Un jeune psychologue de la Fédération italienne de football a aussi accompagné le joueur de 24 ans dans cette tournée de prévention : «Ne mettez pas trop d’attentes sur les épaules de ces enfants. Ne leur en demandez pas trop. Cela semble trivial de dire : "laissez-les s’amuser", mais c’est vraiment ça le plus important. Placer la barre trop haut est toujours un problème. Vous construisez le succès jour après jour, avec du talent et surtout des sacrifices. Pour moi, c’était comme ça. Mais dès qu’on atteint des niveaux très élevés, il faut savoir que ce n’est pas suffisant, il faut être prêt. Tout cela s’apprend, je suis passé de rien à tout en peu de temps. Peut-être que je n’étais pas prêt. Et puis j’ai compris que même dans une vie parfaite, il faut avoir la force et le courage d’affronter les problèmes. C’est aussi pourquoi je suis ici aujourd’hui». Pour Tonali, qui a également été sanctionné par la Football Association (FA) pour deux mois de probation pour avoir parié sur une cinquantaine de matches (dont quatre à Newcastle) depuis son arrivée en Angleterre, son retour sur les terrains est prévu pour le 28 août prochain, alors que la Premier League 2024/2025 aura déjà débuté depuis quelques semaines. Le milieu de terrain lombard s’est entraîné régulièrement ces derniers mois avec les Magpies mais en raison de la suspension reçue, il ne peut participer à aucun match, même amical, avec l’équipe première ou avec les équipes de jeunes. Sandro Tonali voit une lumière au bout du tunnel.

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