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Mathieu Bodmer, HAC : « une montée en L1 n’est pas d’actualité, les derniers matchs prouvent qu’on n’a pas de marge ! »

Intronisé en juin 2022 au poste de directeur sportif du Havre, Mathieu Bodmer, également consultant pour Prime Video et RMC Sport, s’est longuement confié pour Foot Mercato. Outre son regard sur les performances et la trajectoire du PSG, son ancien club, le dirigeant des Ciel et Marine est surtout revenu sur ses nouvelles fonctions de dirigeant avant de tirer un premier bilan de son expérience au sein du club normand. Entretien.

Par Josué Cassé
19 min.
Mathieu Bodmer, directeur sportif du Havre. @Maxppp

Leader du championnat avec 8 points d’avance sur Sochaux, troisième, le HAC - entraîné par Luka Elsner - se rapproche, week-end après week-end, de l’élite du football français, après 13 années passées dans l’antichambre de la Ligue 1. À dix journées de la fin, Mathieu Bodmer, ancien milieu de terrain du LOSC, de l’OL ou encore du PSG, s’est longuement confié, depuis ses bureaux, pour Foot Mercato. Avant une nouvelle réunion et malgré un emploi du temps surchargé, le quarantenaire a ainsi profité de l’occasion pour évoquer ses différentes casquettes. De son statut de directeur sportif à celui de consultant en passant par son rôle d’observateur au moment d’analyser la trajectoire du PSG sur la scène européenne, l’Ebroïcien a ainsi détaillé des derniers mois aussi éreintants qu’excitants.

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«La fonction de directeur sportif était celle qui me correspondait le plus !»

Foot Mercato : bonjour Mathieu, avant de revenir sur votre actualité, vous occupez aujourd’hui les fonctions de directeur sportif du Havre, leader de L2. Comment s’est construite cette nouvelle casquette de dirigeant ?

Mathieu Bodmer : bonne question (rires), ça faisait un petit moment que j’étais dirigeant de club car je l’étais à Evreux dans une vie passée, il y a une quinzaine d’années maintenant quand j’avais repris le club avec Bernard Mendy. On était co-président mais on gérait aussi le sportif et le financier. J’avais donc déjà fait mes classes dans un club amateur, certes, mais dans un gros club amateur car on avait plus de 800 licenciés. Après, quand j’ai malheureusement arrêté Téléfoot la chaîne, ou Téléfoot s’est plutôt arrêté on va dire, il y a deux ans, j’ai été contacté par Jean-Michel Roussier (ancien directeur de rédaction de Téléfoot, ndlr) sur une possible reprise d’un club ou une entrée dans un club et puis cela s’est fait avec le Havre cet été, tout simplement.

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FM : vous avez été nommé directeur sportif du HAC en juin dernier, comment les négociations se sont passées ?

MB : il n’y a pas eu forcément de négociations avec Jean-Michel, il m’a proposé de rentrer dans un club avec lui, ça pouvait être un autre club mais ça ne s’est pas fait et donc, une fois, qu’il y a eu cette opportunité, on a foncé, on s’est mis au travail et c’était parti. L’aventure débute à partir de ce moment.

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FM : sur ce rôle de directeur sportif, qu’est-ce qui vous a attiré ? Une autre fonction dans la direction était envisageable ?

MB : c’est ce que je voulais faire sincèrement, soit directeur sportif, soit toucher au recrutement d’une autre manière mais président j’avais déjà expérimenté le poste, ce n’est pas une fonction évidente, loin de là, surtout dans ton club et puis coach ça ne m’intéresse pas, ce n’est pas mon truc donc la fonction de directeur sportif, finalement, était celle qui me correspondait le plus, à la fois dans mon profil et dans ce que j’aspirais.

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Une équipe soudée et une liberté soulignée !

FM : : pouvez-vous nous détailler, rapidement, vos fonctions ?

MB : sur ce rôle, je travaille avec une équipe donc il y a moi mais il y a aussi le directeur sportif adjoint Mohamed El Kharraze et Julien Momont (data analyst). On est trois, on gère donc toute la politique sportive du club, à savoir le choix du coach pour l’équipe première, le choix des joueurs pour l’équipe première, on aide aussi la section féminine à se développer avec Laure Lepailleur, la manageure. On est également en lien direct avec François Rodrigues, le directeur du centre de formation et donc, de manière assez concise, on donne notre avis sur le sportif des plus petits au plus grands, et ce sur tout le club.

FM : toujours concernant ces fonctions de statut de directeur sportif et au regard de ce qui peut se passer, aujourd’hui, à Lyon ou à Paris, qu’est ce qui fait selon vous la force d’un directeur sportif ?

MB : : pour cette fonction de directeur sportif, il faut déjà savoir que tu as différents rôles et tu as surtout différentes manières de travailler. Aussi savoir comment les choses se passent dans l’organigramme. Est-ce que tu as un directeur général ? Est-ce que tu disposes d’un conseiller du président ? Ce que je veux dire par là, c’est que chaque club a une structure différente. Nous, ici, au Havre, l’avantage c’est que Jean-Michel Roussier nous fait énormément confiance donc je ne vais pas dire qu’il nous laisse faire ce qu’on veut parce qu’il valide toujours la partie financière, notamment. Il est averti de l’ensemble des décisions mais on a une grande marge de manœuvre que ce soit sur l’emploi du temps, sur ce qu’on doit faire, sur les équipes, où on doit aller, les joueurs qu’on décide de faire venir au club. Cette liberté n’a pas de prix et c’est le plus important quand on souhaite piloter, diriger et accompagner une politique. Une chose est sûre, l’efficacité du rôle de directeur sportif est en lien avec la structure du club. Quand tu as un directeur du football, par exemple, c’est que tu as plusieurs clubs à gérer, maintenant tu as parfois des groupes de club, comme le City Group ou 777, tu as différents clubs et donc tu te retrouves avec un mec qui gère la partie football de deux, trois, quatre, cinq, six, parfois sept clubs différents…

FM : dans cette optique, l’attitude de Luis Campos vis-à-vis de Christophe Galtier face à Lille avait beaucoup fait parler. Quel regard portez-vous sur ce genre d’initiative ?

MB : encore une fois ça dépend de la relation qu’ils entretiennent mais aussi de l’organigramme du club. Il faut prendre en compte les rapports qui existent entre le coach et son directeur sportif. Il faut savoir que cet épisode entre les deux hommes s’est déjà passé dans le passé, ils l’ont refait là et comme c’est le PSG, c’est forcément beaucoup plus médiatisé mais encore une fois ça dépend de la relation entre tout le monde et le travail de chacun. Est-ce qu’on permet ou non ce genre d’événement ? Je pense que Campos et Galtier ont assez travaillé ensemble à Lille pour savoir ce que chacun fait ou ne fait pas.

Les départs de Sael Kumbedi et Isaak Touré liés à une situation financière précaire !

FM : quelle est la stratégie du HAC sur le marché des transferts et comment prépare-t-on un mercato quand on est directeur sportif ?

MB : la difficulté de l’année dernière, c’est que quand on est arrivé les choses étaient engagées, on a eu, certes, quelques jours voire quelques semaines pour préparer ce mercato mais on est arrivé très tard, le 20 juin. On avait aussi une problématique financière car on avait pas beaucoup de moyens donc on a dû faire des coups à droite, à gauche avec une volonté de prendre des joueurs qui avaient connu des montées dans d’autres clubs, qui savaient tirer un groupe vers le haut, des joueurs expérimentés également car on a beaucoup de très jeunes joueurs à fort potentiel mais il fallait les encadrer. On a ciblé les premiers joueurs dans ce sens là mais le prochain mercato sera, à coup sûr, différent car on aura un peu plus de temps pour travailler.

FM : et un peu plus de moyens aussi ?

MB : bonne question (rires), on ne sait pas encore, ça dépend s’il y a une montée en Ligue 1 ou pas, ça dépend aussi de ce que va nous dire l’actionnaire dans les prochaines semaines mais pour l’instant on ne sait pas…

FM : lors du mercato estival, vous avez perdu des jeunes prometteurs (Sael Kumbedi, Isaak Touré ou encore Abdoullah Ba), avez-vous des regrets ?

MB : non parce que ce sont des départs qui sont liés à une situation d’urgence. Pour les trois joueurs évoqués, il restait un an de contrat, on n’a pas trouvé de terrain d’entente sur les prolongations pour différentes raisons mais voilà il fallait que le club retrouve une certaine stabilité financière. Pour Isaak, ça faisait 2 ans qu’il jouait en professionnel, il fallait qu’il parte, il voulait partir, il a signé à l’OM, c’était aussi un beau projet. Abdoullah Ba, c’est encore différent, il a commencé la saison avec nous avant de partir à Sunderland et Sael Kumbedi est parti à Lyon. On est content car ce sont des gros clubs pour la plupart mais il faut le dire, ces départs sont liés à une situation financière pas évidente et un contexte contractuel très compliqué.

FM : vous êtes actuellement entouré de Mohamed El Kharraze (directeur sportif adjoint) et Julien Momont (data analyst). Pouvez-vous me parler de vos relations et comment répartissez-vous les tâches ? Quels sont leurs apports respectifs ?

MB : Mohamed El Kharraze, c’est donc le directeur sportif adjoint. C’était un de mes premiers coachs à Evreux quand j’étais petit, il est passé directeur technique de l’EFC27 quand on a repris le club avec Bernard Mendy. Il gère les négociations avec les différents agents, il a un gros réseau qui est très structuré et il est aussi sur la partie administrative. Julien Momont, que j’ai connu à Téléfoot la chaîne, c’est donc notre data analyst, il s’occupe de toute la mise en place des process, la partie data et l’analyse vidéo. On forme une équipe soudée et on se complète bien.

La data, un gain de temps !

FM : la data est au cœur de la politique de recrutement du Havre ?

MB : oui, cet outil nous permet de valider les profils qu’on recherche tout au long de l’année par rapport à ce que, nous, on souhaite mettre en place. C’est plus la partie de Julien qui est très très bon là-dessus mais on va cibler des joueurs avec une certaine manière de les scooter, de les recruter, ça nous permet aussi de gagner du temps. C’est un outil de validation en définitive. C’est un outil de plus, il faut vivre avec son époque, il faut s’en servir. A un moment donné, les GPS sont venus aider les préparateurs physiques, filmer les matches et les entraînements ça ne se faisait pas tout le temps. Maintenant, on a cet outil, la data, ça nous permet de gagner du temps, ça permet aussi de cibler le progrès qu’il y a à faire sur les joueurs car ce n’est pas seulement un outil pour recruter. Il faut après être bon et savoir s’en servir mais ça reste du football, il y aura toujours une incertitude. La data te permet de confirmer certaines choses, l’œil humain d’autres et puis après tu as une part d’irrationnel. Parfois ça marche avec certains joueurs, parfois la dynamique ne prend pas, parfois le joueur a des problèmes familiaux, extra-sportifs, des blessures qu’il n’arrive pas à gérer, tout ça c’est le football et il faut faire avec.

FM : vous êtes au HAC depuis 9 mois désormais, quel premier bilan pouvez-vous tirer de cette expérience ?

MB : c’est forcément positif parce qu’on parvient à mettre les choses en place. On retrouve cette entité club et cette identité commune que ce soit chez les professionnels, chez les jeunes ou chez les féminines. On a trouvé un plan de jeu cohérent, on est aussi satisfait de ce qui se passe avec la formation car l’idée reste de faire monter un maximum de garçons. On veut aussi continuer de jouer avec un maximum de joueurs issus du coin ou de la Cavée qui est le centre de formation. Pour l’instant ça se passe plutôt bien, on est content par rapport à ça.

«Les derniers matches prouvent qu’on a pas de marge !»

FM : Le HAC est leader de Ligue 2 et bien parti pour monter dans l’élite, après 13 ans passés dans l’antichambre de la Ligue 1. Vous attendiez-vous à de tels débuts pour votre première année au club ? Comment explique-t-on un tel renouveau ?

MB : non, on ne va pas dire qu’on s’attendait à ça, on espérait évidemment, on travaillait pour, c’est un peu mieux que dans nos attentes initiales, la vérité est là maintenant il y a encore beaucoup de travail. Concernant le renouveau, je pense qu’on a, aujourd’hui, la chance d’avoir un top staff technique, des bons joueurs, un bon groupe avec beaucoup de qualité, beaucoup d’entraide, beaucoup de sérieux. Les gars bossent énormément, on le voit dans les matches, les gars ne lâchent jamais rien. Ce n’est pas toujours simple car la saison est longue mais avec cette envie et ce sérieux, on parvient à garder le cap.

FM : au départ, l’objectif annoncé était de ramener les gens au Stade Océane. Un défi qui semble aujourd’hui atteint avec un stade, très souvent, à guichets fermés et une ferveur retrouvée… Désormais, quelles sont vos ambitions ?

MB : (rires) c’est encore une bonne question. Il faut essayer de continuer de le remplir, plus souvent, sur plus de matches. On a réussi à la remplir sur deux matches de gala, Bordeaux et Saint-Étienne maintenant le défi, c’est peut-être de le remplir sur des affiches un peu moins alléchantes. Pour le reste, l’ambition est claire : on veut continuer de former, de développer des jeunes, faire progresser l’équipe. On est sur une belle série, on a des points d’avance, il reste 10 journées pour aller jusqu’au bout mais pour ça il reste un peu plus de deux mois de travail et ça ne va pas être facile.

FM : la Ligue 1 vous tend les bras, il reste 10 journées, vous avez 8 points d’avance sur la 3eme place, c’est une ambition affichée et un objectif clair en interne ?

MB : on est au travail, je pense que les derniers matches prouvent qu’on n’a pas de marge, que c’est difficile, que c’est un championnat compliqué. On a joué Metz et Saint-Étienne la même semaine et on voit qu’ils ont des effectifs de très grande qualité. Au regard du classement, Saint-Étienne, c’est compliqué pour eux car il y a eu un départ difficile mais depuis janvier et le mercato hivernal, avec les joueurs qu’ils ont amenés, ce n’est plus du tout la même équipe… C’est une belle équipe du championnat. Au même titre que Metz, Bordeaux, Sochaux, il y a aussi Bastia, Caen etc. Nous, on avait pris de l’avance, on a gagné beaucoup de matches mais si on se relâche, ça peut devenir compliqué pour nous car on n’a pas la même marge que les autres. Maintenant, on a l’humilité de travailler, le groupe bosse très bien, on a aussi un peu de réussite quand il faut et il faut que ça continue. Pour ça, on doit le provoquer.

FM : dans le vestiaire, on ne discute pas de la Ligue 1 ?

MB : non. Chaque match. Match par match, c’est la philosophie.

La possession de balle au cœur du projet de jeu !

FM : quatrième attaque du championnat (39 buts), meilleure défense de Ligue 2 avec seulement 14 petits buts encaissés, une seule défaite à Valenciennes lors de la 2e journée, la philosophie au Havre c’est d’abord de bien défendre ?

MB : c’est un constat péjoratif, alors c’est vrai qu’on a une top défense même si on a pris quelques buts ces derniers temps mais on défend avec le ballon. C’est une statistique qui n’est pas dans la question mais avant la trêve, sans regarder le dernier week-end, on était l’équipe qui avait le plus de possession de balle dans le championnat. Ça montre qu’on souhaite avoir le ballon, on veut maîtriser le tempo. Offensivement, on a pas toujours fait les choses de façon juste mais dans l’ensemble on réalise une saison plus que correcte. Évidemment, il y a encore des défauts à gommer mais quand on regarde nos matches, on ne fait pas que défendre, on est pas toujours bloc bas. Il y a des matches où on a souffert, c’est vrai, contre Sochaux, contre Bordeaux, contre Metz par moment. Encore une fois, c’est aussi lié à l’effectif adverse et la qualité en face.

FM : le symbole de cette réussite se nomme aussi Luka Elsner. Pouvez-vous me parler de vos relations et de son apport ?

MB : avec Luka, on s’entend très bien, depuis Amiens où on était ensemble (Mathieu Bodmer a terminé sa carrière professionnelle à Amiens, ndlr), c’est quelqu’un de très rigoureux. Il est travailleur, ambitieux et passionné surtout. Il vit foot, il dort foot, comme moi et on se complète bien. Ce que j’aime beaucoup avec Luka, c’est qu’on peut échanger, c’est quelqu’un de très intelligent, très à l’écoute et je pense que c’est une grande qualité. Sur sa philosophie de jeu, l’idée est simple : avoir le ballon. Il veut maîtriser les choses, on veut être acteur et non en réaction sur les matchs. Ça ne se passe pas toujours comme on veut mais on cherche à provoquer ça. On essaye aussi de faire du spectacle, ce n’est pas toujours simple parce qu’on n’a pas toujours l’occasion en Ligue 2 de montrer un grand spectacle à chaque journée donc parfois on est plus solide que beau à voir mais dans l’ensemble c’est le projet.

La casquette de consultant ? Un avantage pour mener la politique sportive !

FM : parallèlement à ce rôle de DS, vous occupez des fonctions de consultant pour Prime Video et vous intervenez également sur RMC. Ce n’est pas trop difficile de tout concilier ?

MB : j’arrive à le faire après je ne cache pas que c’est un peu fatiguant, la saison commence à être longue mais dans l’ensemble ça va, il y a pire dans la vie quand même…

FM : le fait de regarder autant de matches, de par vos fonctions, vous aide dans la manière de diriger la politique sportive au Havre ?

MB : c’est forcément plus simple. Il y a, déjà, beaucoup de matches que je commente ou que j’analyse pour mon travail. Il y a aussi les rencontres que je regarde pour le HAC donc dans les deux cas, ça me sert. Soit je regarde des joueurs dont on va parler le week-end, soit je me déplace sur les stades le week-end et ça me permet de les voir en direct, je pense que je gagne du temps avec ce fonctionnement.

FM : d’un point de vue personnel, vous avez deux fils qui sont prêts à prendre la relève. Mathéo qui est avec vous au Havre et Timéo à Caen, là où vous avez débuté votre carrière professionnelle, pouvez-vous me parler de leur trajectoire ?

MB : c’est deux joueurs différents et surtout deux garçons différents. Pas simple pour l’un et un peu plus facile pour l’autre parce que, comme tu l’as mentionné, j’en ai qui est au HAC et quand je suis arrivé ici, ça n’a pas été simple pour Mathéo. Il n’était pas très content au démarrage parce qu’il était déjà là depuis 5 ans et qu’il était en train de faire son petit trou. Au départ, il avait choisi le Havre plutôt que Caen parce qu’il voulait s’émanciper de son père. L’idée pour lui était qu’on le juge sur son football et non sur le fait qu’il est le fils de quelqu’un donc quand je suis arrivé ici, il avait déjà joué en L2 et en réserve et dans sa tête, il est un peu comme moi, il s’est dit ‘oui mais là si je signe pro ou si je joue avec les pros, tout le monde va dire que c’est grâce à mon père’ alors qu’il a toujours voulu tout faire par lui même. C’était du coup un peu compliqué au début mais au fur et à mesure des semaines il a vu comment ça se passait, on a discuté et ça s’est arrangé. Pour Timéo, c’est différent, il est à Caen donc c’est plus facile pour lui au quotidien mais ils sortent tous les deux d’une année 2022 très compliquée. Mon grand (Mathéo) s’est fait les croisés donc là il a repris depuis quelques mois et il commence à retrouver le rythme. Mon petit (Timéo) a eu, aussi, son lot de blessures avec notamment une opération de la pubalgie mais désormais ça va aussi…

FM : j’ai lu dans une interview que vous compariez Xavi à Kasparov, célèbre joueur d’échecs, pouvez-vous m’en dire plus sur cette façon de voir le football comme un jeu mathématique et très rationnel ?

MB : pour moi et comme je le disais à l’époque, Kasparov était un très grand joueur, Xavi aussi et il prouve aussi toutes ses qualités en tant que coach mais le football, c’est onze contre onze, tu avances comme des pions sur une table. Tu bouges, tu as la balle, tu bouges et le but est de déstabiliser l’adversaire en plusieurs coups. J’avais donc fait cette comparaison parce que, pour moi, Xavi c’est quelqu’un qui voyait tout avant tout le monde, qui comptait tout le monde, qui observait sa zone, qui avait pris toutes les informations nécessaires et il faisait le jeu, le tempo, comme personne.

«Au PSG, il manque du leadership. Une refonte s’impose !»

FM : en lien avec l’actualité, vous êtes passé par le PSG entre 2010 et 2013. Le club de la capitale a vécu une nouvelle désillusion sur la scène européenne. Comment jugez-vous la trajectoire des Parisiens depuis votre départ ?

MB : il y a eu deux phases depuis mon départ. Il y a eu cette première phase bénéfique où ils ont progressé pendant plusieurs saisons, ils ont été très réguliers et puis il y a eu cette seconde phase, beaucoup plus compliquée, avec les différentes remontadas… Tu as eu aussi cette finale de Ligue des Champions sur une période Covid, un moment assez particulier où le club aurait pu arracher ce fameux trophée mais depuis, c’est devenu très compliqué sur la scène européenne.

FM : quels sont les manques, selon vous, au PSG pour réellement passer ce cap en Ligue des Champions ?

MB : aujourd’hui, c’est surtout une question d’effectif. Il manque un peu de banc de touche, de profondeur pour toujours rester compétitif. Il y a aussi des manques au niveau du leadership, des mecs qui sont capables de prendre la parole et d’impulser quelque chose. Globalement, je pense qu’il y a une refonte à faire à la fin de l’année mais malheureusement, c’est ce qu’on dit tous les ans… On verra si cette refonte, réelle, de l’intérieur, aura lieu cette année ou pas.

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