Comment l’Ajax Amsterdam s’est renouvelée
La saison dernière, l'Ajax Amsterdam a impressionné l'Europe du football suite à son épopée en Ligue des Champions. Après avoir passé trois tours de barrages, les Néerlandais ont atteint les demi-finales et ont manqué la qualification face à Tottenham pour quelques secondes. Confortable leader en Eredivisie et bien parti en Coupe d'Europe, l'Ajax Amsterdam peut-il refaire un parcours comme la saison dernière ? Éléments de réponses.
Amsterdam, le 8 mai dernier, on joue la 96e minute de jeu entre l'Ajax Amsterdam et Tottenham quand Lucas Moura réussit à surprendre la défense néerlandaise pour marquer et qualifier le club anglais. Une déception pour les Godenzonen qui étaient armés pour participer à la finale de la Ligue des Champions après une saison exceptionnelle. Après avoir passé les différents tours de qualifications (Sturm Graz, Standard de Liège et Dynamo Kiev), les Lanciers ont su s'extraire d'un groupe difficile (Bayern Munich, Benfica, AEK Athènes) en rivalisant par deux fois (1-1 et 3-3) face au club allemand. Tombé contre le Real Madrid lors du tirage au sort des huitièmes de finales, l'Ajax Amsterdam se fera surprendre à domicile (2-1) avant d'écraser les Merengues à l'Estadio Santiago Bernabéu (4-1). La Juventus en fera les frais au tour suivant (1-1 puis 2-1). Un excellent parcours pour l'Ajax Amsterdam qui mettra en lumière Donny van de Beek, Hakim Ziyech, Dusan Tadic ou encore David Neres. Dans le même temps, Frenkie de Jong et Matthijs de Ligt en profiteront pour rejoindre le FC Barcelone et la Juventus.
Cette saison époustouflante qui a été récompensée par un titre en Coupe des Pays-Bas (2-0 contre le PSV Eindhoven) et une victoire en championnat aurait pu être une étoile filante, une simple anomalie. Pourtant, il n'en est rien. Malgré le départ de trois éléments clefs (Matthijs de Ligt, Frenkie de Jong et Lasse Schöne), les Godenzonen semblent les avoir parfaitement compensés. Après près de quatre mois de compétition, l'Ajax Amsterdam est en tête de l'Eredivisie avec 38 points en 14 rencontres et compte 6 points sur son plus proche rival l'AZ Alkmaar. Son dauphin de l'an dernier, le PSV Eindhoven se classe troisième à 11 longueurs. En Ligue des Champions, le bilan est également positif avec 7 points en 4 matches et une première place à égalité avec Chelsea et Valence. Alors que l'équipe d'Erik ten Hag doit encore affronter Lille (rencontre à suivre ce mercredi sur notre live commenté et le Valencia CF, la qualification pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions reste en très bonne voie.
L'obligation d'évoluer
Le premier bilan alors qu'on n'est même pas à la moitié de la saison est très positif comme le souligne Ron Schiltmans auteur des livres "Mon cher Ajax", "Je ne peux pas y croire" et "Ajax est détendu" dont le sujet principal est le club amstellodamois : «d'une manière ou d'une autre, les acteurs clés qui sont restés à Ajax (Ziyech, Blind, Van de Beek, Tadic, Onana) ont été capables de se concentrer davantage sur le spectacle, mais également sur l'efficacité. Le championnat semble déjà presque gagné et nous avons eu d’excellents matches en Ligue des champions, semblables à ceux de la saison dernière. Nous avons toujours un débat aux Pays-Bas sur le rôle éventuel de l’entraîneur Erik ten Hag dans les succès de cette saison et de la saison dernière. Mais comme je le vois, tout le club fonctionne à son meilleur depuis deux ans maintenant. Nous avons peu de blessures, tous les joueurs sont en forme jusqu'à la fin de la saison et apprécient visiblement le jeu. Cela doit aboutir à des résultats et ce sera le cas.» Pourtant, les premières sorties n'étaient pas maîtrisées avec un match nul pour débuter face au Vitesse Arnhem (2-2) et des qualifications difficiles contre le PAOK Salonique (2-2 puis 3-2) et l'APOEL Nicosie (0-0 puis 2-0) dans les tours préliminaires de Ligue des Champions.
Un jeu balbutiant qui se voulait une copie conforme de celui mis en place la saison dernière avec Frenkie de Jong, Matthijs de Ligt et Lasse Schöne. «Les premiers matches auxquels l'Ajax a essayé de jouer comme si De Jong et De Ligt étaient toujours là. Ça n'a pas marché. Ten Hag a fait quelques changements, comme amener le ballon plus rapidement aux attaquants au lieu de le garder davantage au milieu du terrain. Après une heure, presque tous les adversaires sont à bout de souffle, même en Ligue des champions» estime Ron Schiltmans. Ce nouveau système - bien que le 4-3-3 soit encore utilisé - offre beaucoup de liberté à un homme : Hakim Ziyech. Véritable leader offensif de sa formation, il a pris encore plus de responsabilités cette saison. Cela se ressent dans les statistiques (6 buts et 17 passes décisives en 22 matches toutes compétitions confondues) mais surtout sur l'impact qu'il met. Plus libre sur le terrain que l'an dernier, il n'officie plus sur l'aile droite mais dans une position axiale. Cela a obligé Donny van de Beek de descendre d'un cran mais cela apporte bien plus de vitesse au jeu des Amstellodamois. Les phases de transitions avec Lisandro Martínez, Donny van de Beek et Hakim Ziyech au cœur du jeu sont l'arme principale du club. L'an dernier, c'était également une grande qualité de l'Ajax même si les attaques placées étaient bien plus récurrentes.
Les cadres de la saison dernière continuent de donner satisfaction à l'image de Daley Blind. Le défenseur central batave a clairement impressionné Ron Schiltmans : «le vrai capitaine de cette équipe de l'Ajax est Daley Blind, pas Tadic (qui porte le brassard ndlr). Blind ne se trompe jamais, sa précision dans les passes atteint presque 100%. Il est devenu père cette année et cette nouvelle responsabilité lui a donné un coup de pouce sur le terrain. Avec Daley en défense, nous pouvons nous asseoir et nous détendre.» A ces indéboulonnables comme Nicolas Tagliafico, Dusan Tadic ou encore André Onana s'ajoute aussi une arrivée marquante. Alternant le bon et le moins bon l'an dernier du côté de Séville FC, Quincy Promes - qui a passé six années de sa formation à l'Ajax - s'est tout doucement adapté au jeu de sa nouvelle équipe. Au point de devenir l'un des maillons forts de l'attaque ajacide comme en témoignent ses 13 buts et 4 passes décisives en 19 rencontres. «J'étais un peu sceptique au début, mais maintenant je suis fan de Quincy. Il semble avoir cette connexion avec Ziyech, qui a déjà conduit à de beaux buts. Il sait où être au bon moment. C'est le meilleur buteur de l'Ajax maintenant » n'hésite pas à lancer Ron Schiltmans totalement conquis par le joueur passé au Spartak Moscou et qui réalise occasionnellement des clips de rap avec Memphis Depay. Même son de cloche pour Arno Vermeulen journaliste de NOS : «Quincy Promes est une surprise positive. Il a marqué beaucoup de buts en Russie et fait la même chose en championnat néerlandais. Dix buts (en Eredivisie ndlr). C'est un tueur dans les 16 derniers mètres. Promes, Tadic et Neres (bien qu'il soit blessé actuellement ndlr) sont trois attaquants de qualité. Et Huntelaar est le remplaçant idéal. Il ne se plaint jamais et marque des buts.»
L'incorporation difficile des jeunes
Les quelques départs (De Jong, De Ligt et Schöne) ont été plutôt bien compensés par l'Ajax Amsterdam sur le plan mercantile. Outre Quincy Promes qui est venu apporter une nouvelle situation au niveau offensif, d'autres éléments ont posé leurs valises dans la ville d'Anne Franck. Edson Alvarez (21 ans, Club América, 15M€), Razvan Marin (23 ans, Standard de Liège, 12,5M€), Lisandro Martinez (21 ans, Defensa y Justicia, 7M€), Kik Pierie (18 ans, SC Heerenveen, 5M€) ainsi que Kjell Scherpen (19 ans, FC Emmen, 1,5M€). Des jeunes éléments prometteurs qui connaissent pour le moment des fortunes diverses. «Honnêtement, je pense qu'Alvarez et Martinez sont du niveau Ajax. Martinez montre cela et Alvarez aussi, bien qu’il ait perdu son poste (suite au retour de Donny van de Beek, ndlr). Je pense qu'il reviendra bientôt (dans le onze, ndlr). Comme je vois rarement Kik Pierie et Kjell Scherpen jouer, je ne suis pas sûr qu'ils soient assez bons. Scherpen est maintenant le troisième gardien, alors ça ne se présente pas bien pour lui. Marin a besoin de plus de temps pour s'habituer au rythme plus rapide du jeu à Amsterdam» estime Ron Schiltmans.
Seul à avoir su s'imposer dans le onze, Lisandro Martinez est le parfait pendant d'Hakim Ziyech et de Donny van de Beek au cœur du jeu comme le met en avant Arno Vermeulen : «Lisandro Martinez joue bien. Il joue en tant que milieu de terrain et effectue la balance avec Hakim Ziyech et Donny van de Beek qui sont moins impliqués sur les tâches défensives. Martinez joue aussi comme défenseur central (son poste préférentiel; ndlr). Il peut jouer aux deux postes.» Une intégration réussie et qui permet de compenser l'orientation très offensive de l'Ajax Amsterdam. Pour Arno Vermeulen, le club amstellodamois est peut-être en progrès par rapport à la saison 2018-2019: «l'équipe est peut-être meilleure que l'an dernier. Onana est l'un des meilleurs gardiens au monde. Tagliafico, un défenseur de gauche offensif qui marque facilement, même avec sa tête. Daley Blind est très à l'aise sur le terrain en tant que défenseur. La position la plus faible est le deuxième défenseur central. Ils ont deux jeunes défenseurs de droite talentueux avec Mazraoui et Dest. Tous deux issus du centre de formation. Le milieu de terrain est très complémentaire avec le meneur de jeu Ziyech qui réalise sa meilleure saison, Martinez et Van de Beek et devant, il y a trois attaquants tueurs devant le but.»
Comme souvent, l'Ajax Amsterdam mise sur la jeunesse et notamment sur son centre de formation. Cette année, un joueur s'est pleinement adapté, il s'agit de Sergiño Dest. Le latéral droit de 19 ans se distingue par sa belle pointe de vitesse et sa disponibilité en phase offensive comme l'en témoignent ses 4 passes décisives en Eredivisie. En balance avec Noussair Mazraoui sur l'aile droite, il tient pour le moment la dragée haute au Marocain. Néanmoins pour les autres tels que Jurgen Ekkelenkamp (19 ans), Noa Lang (20 ans), Ryan Gravenberch (17 ans), Lassina Traoré (18 ans) la mission s'annonce plus ardue comme le suggère Ron Schiltmans : «tous les joueurs mentionnés ont un problème commun, les 14 premiers joueurs sont trop bons pour en laisser un autre se glisser dans le groupe. Alors oui, ils auront l'occasion de montrer qu'ils sont assez bons. Mais seulement dans les matches de coupe des Pays-Bas, j'ai bien peur.» En défense centrale, Perr Schuurs (19 ans) accumule tout doucement du temps de jeu (9 matches, 1 but) mais il est devancé dans la hiérarchie par Daley Blind le patron de la défense et Joël Veltman qui représente plus de garanties, notamment au niveau européen. Une scène où l'Ajax Amsterdam continue de se produire avec brio.
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