Jeune défenseur âgé de 21 ans passé par l'Olympique Lyonnais et la Juventus, Yoan Severin évolue aujourd'hui en Suisse, au Servette de Genève. Pour FM, il s'est confié sur une carrière déjà riche en événements.
Foot Mercato : vous êtes passé de l’OL à la Suisse en passant par la Juventus et la Belgique. Racontez-nous votre parcours.
Yoan Severin : j’ai joué à l’OL pendant deux saisons, en U14 et en U15. Après j’ai fait un an et demi à Evian Thonon Gaillard. J’y ai fait ma première année U17 et la moitié de la seconde. Je suis ensuite parti à la Juventus à 17 ans durant le mercato hivernal. Je suis resté trois ans là-bas. J’ai rebondi ailleurs pour trouver du temps de jeu, parce que pour s’imposer à la Juve c’est très compliqué. Je pars en Belgique (à Zulte-Waregem en prêt) pour jouer plus. Au début, ça s’est bien passé, après, avec le coach, ça s’est plutôt mal passé. Il ne m’a pas vraiment donné ma chance. Il ne m'a plus parlé du jour au lendemain. La seule fois où il m’a parlé c’est quand je suis parti au Mondial avec l’équipe de France (Mondial U20 en 2017, ndlr). Il y a eu ensuite des problèmes entre le club et la Juventus. Trois autres joueurs (de la Vieille Dame) ne jouaient pas non plus. j’ai finalement eu l’opportunité de rebondir en Suisse, au Servette (transféré). Et ça se passe super bien.
Rebondir en Suisse après une saison blanche en Belgique
FM : effectivement, le Servette est leader de la deuxième division suisse. Qu’est-ce qui vous a convaincu de signer là-bas alors que le club est en deuxième division ?
YS : je savais que c’était un club très réputé en Suisse. Je suis originaire de Lyon aussi, donc je ne suis pas loin de la maison. Et puis il y a un nouveau là-bas qui est responsable du recrutement et qui était à l’Olympique Lyonnais, c’est Gérard Bonneau. C’est lui à l’époque qui m’a fait venir à l’OL et qui s’occupait du recrutement des jeunes. Lui aussi a été tenté par le projet du Servette. J’ai pas réfléchi, j’ai signé là-bas.
FM : comment vous a-t-il convaincu de venir à Genève ?
YS : je sortais d’une saison blanche, je ne jouais pas en Belgique. Mon agent est entré en contact avec lui. j’ai passé une semaine là-bas, je savais qu’il cherchait un gaucher, et surtout un latéral. je suis défenseur central de formation, mais je peux dépanner à ce poste-là. A la Juve, je jouais dans une défense à trois, donc j’étais plus ou moins habitué. J’ai fait une série de matches amicaux et à la fin, on m’a proposé de signer un contrat de trois ans.
FM : quel est le projet du Servette ?
YS : c’est un projet sur deux ou trois ans pour revenir en première division. Si ça peut arriver cette année, tant mieux. L’objectif c’est vraiment de monter. On est déjà assuré d’être leaders à la trêve.
FM : quels sont vos objectifs personnels avec le Servette ?
YS : jouer le plus de matches possibles après ma période belge très compliquée. Depuis le début de saison, j’ai un bon temps de jeu. Je me suis adapté à mon nouveau poste (latéral gauche). Et bien sûr d’aider à monter en première division.
Dix recruteurs de la Juve venus le voir
FM : revenons sur votre passé. Comment un club comme la Juventus vous a recruté ?
YS : ils mont suivi pendant toute ma première année U17 à l’ETG. Chaque week-end, ils étaient là. J’étais en première année, mais je jouais avec les deuxièmes, le 96. Je n’étais pas au courant (de la présence des scouts bianconeri, ndlr). Même chose pour ma deuxième année. Au final, ils m’ont expliqué qu’ils envoyaient dix recruteurs différents durant l’année. il faut que les dix valident le rapport quand ils rentrent à Turin. Il faut l’unanimité. Une fois que c’est bon, ils entrent en contact avec le joueur pour signer.
FM : comment ça s’est passé au club après avoir été recruté ?
YS : ça s’est très bien passé. J’ai fini ma deuxième année U17 là-bas, après j’ai joué avec l’équipe réserve. Quand je suis arrivé, j’étais dans un autre monde. J’ai quand même vécu des moments compliqués. Je ne parlais pas la langue, et je n’avais que 17 ans. Après, c’est une expérience que je n’oublierai jamais. J’y ai beaucoup progressé, notamment sur l’aspect défensif et tactique aussi.
FM : avez-vous côtoyé les pros ?
YS : j’ai eu la chance de faire des entraînements avec eux ainsi qu’une préparation estivale en Australie. Vous pouvez aussi manger avec eux. Je me souviens, à l’époque quand il y avait Paul Pogba, on n’était pas beaucoup de Français. Quand je montais, il m’accueillait, il me parlait, il me mettait à l’aise. Lui et Kingsley Coman, Mario Lemina ou encore Medhi Benatia.
Mis à l'aise par Pogba
FM : quels conseils vous donnaient-ils ?
YS : travailler. La seule chose que tous les trois m’ont dit c’est de travailler, d’être rigoureux.
FM : quel joueur vous a le plus impressionné à la Juve ?
YS : il y en avait des : Andrea Pirlo, par sa simplicité et Paul Pogba. Il a quelque chose de plus que les autres, surtout techniquement.
FM : ce passage à la Juve, même sans avoir joué en Serie A, vous est-il bénéfique pour la suite de votre carrière ?
YS : le fait d’avoir côtoyer de grands joueurs, d’avoir pu m’entraîner avec eux, voir comment ils sont avant et après un entraînement. Tous ces petits détails que j’ai remarqué et qui me servent aujourd’hui. Au niveau du terrain, c’est l’aspect tactique. A la Juventus, j’ai énormément appris. C’est ce qui me sert le plus aujourd’hui.
FM : quand on a connu l’OL et la Juve, pense-t-on déjà à retrouver une formation de ce standing, sans vouloir manquer de respect au Servette ?
YS : bien sûr, c’est dans un coin de ma tête. Là je suis concentré sur le Servette, mais on a tous envie de jouer dans un grand club européen. Ca fait partie de mes rêves. Ce serait un rêve de pouvoir m’imposer dans un club comme la Juve. Mais il y a encore beaucoup de travail à faire.
Aucune rancoeur contre l'OL
FM : si l’opportunité se présente un jour de revenir à l’OL, seriez-vous intéressé ou la fin de votre aventure là-bas vous reste-t-elle encore en travers de la gorge ?
YS : non pas du tout ! Même si ça ne s’est pas très bien terminé, je n’ai aucun sentiment de revanche envers l’OL. Ca reste mon club, c’est là où je suis né. Si un jour j’en ai l’opportunité, pourquoi pas. C’est le football, c’est comme ça. Je ne peux pas en vouloir au club.
FM : avez-vous suivi l’épopée de l’OL en Ligue des Champions ?
YS : ah oui toujours. Mon père aussi est un supporter de l’OL. Je les suis, même en Youth League.
FM : pendant votre période à l’OL, avez-vous côtoyé un ou plusieurs jeunes qui évoluent actuellement dans l’équipe première ?
YS : oui, Houssem Aouar. En équipe de France, j’ai été avec Martin Terrier et Lucas Tousart. Houssem, c’est une personne avec laquelle je m’entends très bien. c’est aussi une des raisons pour lesquelles je suis l’OL. Il s’est vraiment imposé.
FM : à l’époque, pouviez-vous sentir qu’il irait aussi loin ?
YS : ça se sentait. Techniquement, il était au-dessus des autres. Bon on était encore petits, mais on voyait dans son style de jeu qu’il avait quelque chose en plus. Il faisait partie de la génération d’en-dessous. On savait que s’il continuait à se développer, qu’il ferait de grandes choses.
FM : le parcours de l’OL en Ligue des Champions vous rend-t-il fier ?
YS : bien sûr ! Quand on voit ce qu’arrive à réaliser l’OL en Ligue des Champions et en Ligue 1…. Se qualifier en huitième de finale alors que la poule n’était pas facile. Le Shakhtar est présent chaque année. Manchester City, on connaît. Prendre quatre points sur six contre eux, franchement c’est remarquable. Surtout avec un milieu de terrain d’une moyenne d’âge peu élevée.
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