Info FM, Béziers : Rayane Aabid : « Ce qui m’a fait tenir, c’est l’amour du foot »
À 26 ans, Rayane Aabid est l'un des éléments à suivre cette saison du côté de Béziers en Ligue 2. Avant d'en arriver là, le natif de Villeneuve-d'Ascq a parcouru un long chemin semé d'embûches. Malgré les doutes et les déceptions, son amour du ballon rond a été plus fort que tout. Pour Foot Mercato, il raconte les différents moments qui ont rythmé sa vie de footballeur et d'homme.
«Ce qui m'a fait tenir, c'est l'amour du foot». Une phrase qui résume à elle seule le parcours de Rayane Aabid. Si ce milieu de terrain âgé de 26 ans fait le bonheur de l'AS Béziers cette saison, rien n'a été facile pour lui. Son histoire a commencé dans le nord à Villeneuve-d'Ascq. Une ville qui l'a vu naître en tant que personne le 19 janvier 1992 et en tant que footballeur quelques années plus tard. Licencié dans le club local, ce grand fan de Zinedine Zidane y a tapé ses premiers ballons et y a marqué ses premiers buts. C'est aussi là-bas qu'il a vécu sa première grande déception de joueur. «J'ai toujours évolué dans le club de mon quartier à Villeneuve-d'Ascq. Mais j'ai arrêté vers l'âge de 16 ans. J'étais un petit peu dégoûté du foot. Plein de choses s'étaient passées à l'époque dans mon club. Je devais partir. J'avais été sollicité par pas mal de clubs dont Sochaux, Lille et Lens. Au final, j'ai vu plein d'amis partir dans des clubs pros pendant que moi je suis resté là-bas. J'étais jeune et faible. J'avais décidé d'arrêter». Blessé au plus profond de lui, le jeune homme, qui aidait son père sur les marchés, a coupé avec le football. «Franchement, le foot ne me manquait pas forcément», nous avoue-t-il.
Mais petit à petit, il y est revenu. «J'ai beaucoup joué au futsal. C'était l'occasion de retrouver les amis du quartier mais surtout de garder la forme. Le futsal m'a beaucoup apporté. J'ai même créé un club en parallèle avec un ami, le Villeneuve-d'Ascq Futsal. J'y ai joué pendant trois ou quatre ans et on a gravi tous les échelons. Je suis d'ailleurs toujours le trésorier du club. Durant cette période de ma vie, le futsal m'a permis de me défouler et de retrouver le plaisir que j'avais perdu sur les pelouses». Des pelouses qu'il a fini par retrouver. «À la base j'ai repris un peu comme ça. On est venu me chercher un jour et on m'a dit de reprendre dans une équipe où plein d'amis jouaient. Je suis allé m'entraîner un jour et ça m'a plu à moitié. Puis petit à petit, j'y ai repris goût». Et c'est à Villeneuve-d'Ascq qu'il est né une deuxième fois en tant que footballeur. «J'y ai repris quand j'avais 18 ans. C'était court et bref. J'ai rejoint ensuite Armentières en DH puis Amiens pendant 3 ans. J'y ai vécu des moments durs. J'ai voulu arrêter plein de fois. En 2016, j'ai signé à Béziers où j'ai fait une saison avant de rejoindre le Paris FC en Ligue 2 l'année dernière».
De la DH à la Ligue 2
Mais Rayane Aabid n'y est resté que six mois. Une période qui a été dure à vivre. «Souvent quand je sors de préparation, de stage, j'ai un jeu qui demande beaucoup de rythme, de changement de direction, etc..Le coach m'a lancé. Il savait ma situation et je n'ai pas été forcément bon. Je le sais, c'est de ma faute. L'équipe a commencé à bien tourner. Quand j'ai retrouvé ma forme, il y avait beaucoup de joueurs qui avaient saisi leur chance. Je ne pense pas forcément que c'était une question de niveau. Même le coach de l'époque Fabien Mercadal, avec lequel j'ai toujours de bonnes relations, me le disait. "Je suis désolé pour toi, ça tourne que veux-tu que je te dise". C'est le foot. Il fallait être très fort mentalement malgré le fait que je sois bien entouré. On peut avoir n'importe qui à nos côtés, dans ces moments-là vous êtes seul. À plusieurs reprises j'ai failli craquer. Mais toutes mes expériences passées m'ont fait tenir». Convaincu de son talent, il n'a pas hésité à repartir de plus bas pour retrouver du temps de jeu.
«En décembre (2017), j'ai pris la décision de partir. Je n'avais pas peur de revenir en National. C'est ce que j'ai fait. Je suis retourné à Béziers sous la forme d'un prêt en janvier. Et nous avons eu le bonheur de monter en L2 alors que nous n'étions pas bien classés au départ». Cette année, l'AS Béziers découvre la Ligue 2 (14e). «Tout le monde apprend, que ce soit le club ou les joueurs. Il n'y a pas beaucoup d'entre nous qui ont connu le niveau Ligue 2. On est peut-être trois ou quatre. On essaye d'apprendre de nos erreurs chaque week-end pour les gommer et accrocher un maintien qui, je l'espère, va arriver le plus rapidement possible». En plus d'apprendre sur le terrain, le natif de Villeneuve-d'Ascq, qui se définit comme une personne ayant les pieds sur terre, marrante et qui essaye de fédérer autour de lui, partage son vécu avec ses coéquipiers. «Mon parcours m'a permis de partager mon expérience avec les joueurs qui ne jouent pas beaucoup cette année. Je leur rappelle que moi aussi je suis passé par là. Je leur dis qu'il faut travailler car ça va finir par tourner. Si ce n'est pas ici, ce sera ailleurs. Il ne faut jamais arrêter». Une règle que Rayane Aabid suit scrupuleusement. Et s'il venait à l'oublier, ses proches sont là pour lui rappeler ce qu'il a vécu ces dix dernières années.
Rayane Aabid veut rattraper le temps perdu
«Je mesure tout le chemin que j'ai parcouru. J'ai souvent mon père au téléphone qui me dit de me rappeler où j'étais quand parfois je me plains un peu. Mes proches sont fiers et heureux pour moi. À moi de travailler pour les rendre tous encore plus fiers de moi». Cela est le cas cette saison. Titulaire à 13 reprises cette saison, il a marqué 2 buts. Il est surtout l'un des éléments importants de son équipe. «Je veux essayer d'enchaîner de bons matches comme j'arrive à le faire en ce moment. Je veux être le plus décisif possible pour l'équipe et pourquoi pas connaître un niveau au-dessus. Je suis bien où je suis. Mais je ne compte absolument pas m'arrêter là. Je n'ai pas de plan de carrière mais c'est vrai que j'aimerais bien goûter à la Ligue 1 ou jouer avec un gros club de L2. Mais je ne suis pas focalisé là-dessus. J'aimerais juste passer un cap (...) Je l'ai vu de mes propres yeux, il n'y a rien d'impossible dans le foot. Regardez mon parcours. J'avais arrêté le foot et j'ai repris jusqu'à la Ligue 2. Il n'y a rien d'impossible. Il suffit d'y croire et de travailler, d'être fort mentalement et de ne jamais rien lâcher. Tout peut arriver après».
Et cela pourrait arriver assez vite. Comme nous vous l'avons révélé, plusieurs écuries de L1, des cadors de L2 mais aussi des clubs de Championship (D2 Anglaise) et de Jupiler League (D1 Belge) sont déjà intéressés par son profil. Sa percussion, sa qualité de passe ou encore sa technique sont appréciées. Mais le joueur de 26 ans sait qu'il a encore des points à améliorer. «Je dois être plus tueur devant le but. Mon coach me dit souvent d'être moins altruiste, car même si je suis position de frapper j'aime faire marquer mes coéquipiers avant tout. Je dois aussi travailler mon jeu de tête car ce n'est pas mon fort (rires) un peu comme tous les joueurs de mon profil». Cela n'empêche pas les clubs d'aimer son style. Mais pour le moment, il ne se prend pas la tête avec le mercato. «Je gère tout ça assez tranquillement. J'essaye de rester le plus éloigné possible de ces choses. Je reste concentré sur mon foot pour ne pas m'égarer car tout va très vite dans le foot, je sais de quoi je parle. Demain, si je ne fais plus de bonnes prestations on ne parlera plus de moi. Je travaille et si quelque chose doit arriver, ça arrivera. Je suis très content d'être à Béziers. Je le dis vraiment à tout le monde. J'apprécie beaucoup le coach (Mathieu Chabert, ndlr). C'est une personne à qui je dois énormément. Le club, le staff et lui m'ont tendu la main quand ça ne se passait pas très bien au PFC. Je ne suis pas pressé de partir». Revenu de loin, Rayane Aabid avance tranquillement lui qui a fait de ses déceptions passées une force.
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