Ligue 1

Entretien avec... Jacques Faty : « l'OM n'est pas un choix que je regrette»

Par Matthieu Margueritte
6 min.

Il a fait tout son début de carrière au Stade Rennais avant de signer à l'Olympique de Marseille en 2007. Arrivé sur la Canebière en tant que grand espoir du football français, Jacques Faty devait, avec Ronald Zubar, constituer la charnière centrale d'avenir du club phocéen. Malheureusement pour lui, des blessures à répétition ainsi que des performances irrégulières ont écourté son aventure olympienne. C'est à Sochaux que l'aîné des frères Faty décide de relancer sa carrière. Un choix surprenant à première vue qu'il a décidé d'expliquer à FootMercato.

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FootMercato : Tout d'abord, comment est l'ambiance dans le vestiaire sochalien durant cette période compliquée ?

Jacques Faty : L'ambiance est au beau fixe. Cette victoire face à Marseille a fait beaucoup de bien que ce soit au groupe, au staff ou au public (l'entretien a été réalisé avant Lille-Sochaux, NDLR). C'était important de gagner ce match à domicile.

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FM : Vous aviez déjà battu l'OM en coupe de la Ligue, c'est donc une équipe qui vous réussit bien...

JF : Oui c'est vrai. Au match aller on perd 2-1, mais c'est une rencontre où on pouvait arracher le point du nul. Mais je me rappelle que ce jour-là Steve Mandanda avait fait un gros match, ce qui a beaucoup contrarié nos plans. Après pour les deux autres disputés à domicile on a démontré une force défensive puisqu'on n'a pas encaissé de but. C'est sur ce genre de performance qu'il faudra s'appuyer pour la suite de la saison.
Des paroles non respectées

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FM : Comment s'est passée votre intégration à Sochaux, vous qui aviez l'habitude d'évoluer dans des clubs (OM, Rennes) jouant le haut du tableau ?

JF : C'est clair que c'est difficile d'arriver dans une équipe qui joue le maintien. Mais à vrai dire, ce n'est pas ce que je voulais en arrivant ici. Quand je suis arrivé, il y avait un discours, une politique de recrutement à Sochaux qui était d'engager des joueurs afin d'avoir une équipe compétitive pour jouer les dix premières places. Je me suis aperçu que ce n'était pas le cas. Je ne condamne personne, mais des paroles avaient été dites et elles n'ont pas été respectées.

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FM : Vous avez l'air assez déçu...

JF : Bah oui c'est décevant, notamment pour le coach. Il avait des joueurs en tête pour bâtir une bonne équipe, mais ça n'a pas été entendu à l'échelon supérieur. Aujourd'hui ça se voit dans les résultats, dans le classement.

FM : Gardez-vous confiance malgré ce manque d'investissement en terme de recrues ?

JF : J'ai une grande confiance dans la politique de mes dirigeants. Ce que je peux leur reprocher c'est ce qui a été dit qui n'a pas été forcément fait. Sochaux est une équipe qui vend beaucoup de joueurs. Tous ses meilleurs éléments partent rapidement. Il n'y a pas de projet de construction durable dans cette équipe. L'an prochain par exemple, il y a de grandes chances pour que l'on perde Mevlut Erding qui est notre attaquant vedette, donc il n'y a pas de choses mises en place pour conserver ces joueurs-là.
Un avenir en pointillés

FM : Si Sochaux ne peut retenir ses meilleurs joueurs comme vous le dites, partirez-vous si on vous sollicite ?

JF : Je ne pense pas à mon futur personnel tant que mon club ne se sera pas sauvé. Je ne veux pas me disperser. Beaucoup de joueurs se sont trompés en pensant à leur avenir avant même d'avoir fini leur saison. Je ne fonctionne pas comme ça. En fonction des résultats que l'on aura, j'attendrai des garanties. J'ai quand même un contrat de trois ans avec Sochaux et j'espère ne plus revivre ce genre de situation. Le plus grave, c'est qu'à Sochaux, beaucoup de joueurs sont en fin de contrat au mois de juin (Afolabi, Daf, Pichot, Thomas, Isabey, Pitau, Santos, Gavanon entre autres). Donc on ne sait pas vraiment de quoi sera fait l'avenir. Quand on a le risque de perdre autant de joueurs la saison prochaine, le futur s'écrit plus que jamais en pointillés. Je ne sais pas où on va aller. C'est inquiétant. Ça met le doute dans l'esprit d'un sportif.

FM : Personnellement, si Sochaux devait descendre en Ligue 2, pensez-vous pouvoir rebondir dans un club de plus grand standing, vous qui étiez considéré comme un grand espoir en défense ?

JF : C'est clair que par rapport à tout ce qui avait été dit sur moi, j'aurais pu espérer mieux au niveau de ma carrière. Mais bon vous savez, une carrière c'est fait de choix. Parfois on en fait des bons, parfois des mauvais. Personnellement, je n'ai pas été gâté par rapport à ça. Maintenant, c'est une réalité, aujourd'hui je me retrouve à Sochaux. Ce n'est pas un mauvais club. C'est un club de devenir avec beaucoup de bons jeunes. Ça me rappelle Rennes il y a trois, quatre ans. L'équipe était en difficulté et quand on est arrivé avec Bourillon, Didot et Gourcuff on a fait de belles choses ensemble. Après, il faut que je me pose la question de savoir si l'aventure sochalienne me plait et dans ce cas je reste et je contribue à l'évolution du club. Soit, par rapport aux besoins du club, on me transfère. Mais comme je vous l'ai dit, je ferai un point en fin de saison. Là c'est trop tôt.

FM : Quand vous dites que vous n'avez pas été gâté dans vos choix, cela signifie-t-il que vous regrettez d'avoir rejoint Marseille trop vite ?

JF : J'étais en fin de contrat avec le Stade Rennais et j'étais chaud pour partir à Marseille. Pour moi j'ai cru avoir fait le bon choix, mais au vu des mes résultats ce n'a pas été le cas. J'aurais pu faire mieux. Maintenant ce n'est pas un choix que je regrette. Marseille c'est un club que j'aime où j'ai réalisé de grandes choses. J'ai fait des matches de Ligue des Champions, j'ai joué le Clasico contre le PSG. Après les blessures m'ont pénalisé. À Marseille, quand tu es blessé, t'as plus de mal à revenir que si tu es à Sochaux par exemple. Là-bas, la concurrence est accrue, des joueurs qui sont apparemment, entre guillemets, des vedettes comme Zubar, doivent jouer. J'étais donc barré par cette concurrence-là. Je ne regrette pas ce choix, mais avec du recul, ce n'était pas forcément le meilleur.

FM : Qu'est-ce qu'une expérience à Marseille peut vous apporter à Sochaux ?

JF : La gagne. Quand tu es à Marseille, tu joues les matches pour les gagner. Dans un petit club comme Sochaux ou Le Havre, tu joues les matches pour ne pas les perdre. Au niveau psychologique, ce n'est pas une bonne chose, le bon fonctionnement. Quand on va à Marseille, à Paris, on y va petit bras pour tenir le score.
Retrouver l'élite un jour

FM : Qu'est-ce que l'on peut vous souhaiter de mieux pour un futur proche ?

JF : La première chose, c'est le maintien de Sochaux. Après pour un futur proche je ne vois pas autre chose. Sinon, à long terme, comme tout joueur professionnel je suis ambitieux et pourquoi pas retrouver un club prestigieux.

FM : Hormis l'OM, vous qui avez joué à Rennes, pensez-vous que le Stade Rennais a les capacités pour venir semer le trouble dans la lutte pour le titre ?

JF : Je ne sais pas si Rennes a les capacités pour jouer le titre. Ils ont aligné plusieurs matches sans défaite, et il a fallu un seul revers pour qu'ils soient décrochés. Mais je pense que Rennes peut se qualifier en Ligue des Champions et pour ça ils devront rester lucides et être très efficaces. Pour le titre, c'est encore trop tôt.

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