Entretien avec... Franck Signorino : « On peut compter sur moi l'année prochaine à Getafe ou ailleurs »

Par Alexis Pereira
11 min.

Éric Abidal, Patrice Evra, Gaël Clichy : la France a la chance de posséder de très bon latéraux sur le flanc gauche de sa défense. Et si les meilleurs venaient à faiblir, le réservoir en Ligue 1 et à l'étranger est appréciable. On pense notamment à Sylvain Armand (Paris SG), à Jérémy Mathieu (Toulouse FC) et à la révélation de la saison Aly Cissokho (FC Porto). International espoir sous la direction de Raymond Domenech, le défenseur de Getafe Franck Signorino (27 ans) aurait surement pu faire partie de cette longue liste si une vilaine blessure au tibia ne l'avait pas éloigné des terrains depuis le mois d'août dernier. Bondissant, explosif et solide, l'ancien pensionnaire du FC Metz (2000-2005) et du FC Nantes (2005-2007) revient petit à petit au top et il entend bien refaire parler de lui dans les mois à venir. De la situation délicate de son club à son avenir personnel en passant par son adaptation à l'Espagne et son regard sur la Ligue 1, FootMercato a voulu en savoir plus sur un joueur qui risque d'animer les gazettes du mercato cet été.

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FootMercato : Franck, tout d’abord, comment allez-vous ?

Franck Signorino : Je reviens d'une blessure très longue, une fracture du tibia qui a nécessité une opération. J'aurai pu revenir avant mais la consolidation a été assez lente. Je recours depuis le début de l'année. J'ai repris la course et les exercices de préparation physique associés à de la rééducation depuis le mois de janvier. Cela fait maintenant trois semaines que j'ai retrouvé le ballon et le groupe.

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FM : Et au niveau des sensations ?

FS : Lorsque vous êtes absent pendant neuf mois, il y a des repères à reprendre et notamment dans la gestion de l'intensité. Ça revient petit à petit. Mais tout va bien, je m'entraîne normalement. Il ne me manque plus que le rythme et la compétition. Je suis à disposition du coach. Toutefois, je n'ai pas pu faire mes preuves en matches car contrairement à la France, les pros ne peuvent pas redescendre en réserve en Espagne. Je suis bien même si je ne suis pas encore à 100%.

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FM : Getafe est en mauvaise posture (16ème de Liga avec 37 points). Comment évaluez-vous vos chances de maintien ?

FS : C'est toujours compliqué. On sait ce que l'on a à faire et si on joue sur nos qualités, on a de belles chances de se maintenir. L'avantage que l'on a par rapport à nos concurrents directs, c'est que l'on a un goal-average particulier favorable.

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Moral au beau fixe

FM : Depuis votre arrivée dans la banlieue de Madrid, vous avez tout connu : de la galère en championnat cette année à la finale de Coupe d'Espagne perdue en passant par le très beau parcours en UEFA la saison passée. Une expérience riche dont le seul bémol a été votre temps de jeu limité (5 matches en Liga et 4 en UEFA la saison dernière). Avez-vous regretté votre choix de rejoindre Getafe ?

FS : En aucun cas je n'ai regretté mon départ pour Getafe. Je voulais découvrir la Liga et disputer la Coupe de l'UEFA. Mon souhait a été exaucé puisque j'ai participé au très beau parcours du club en Europe avec une qualité de jeu énorme et des sensations incroyables. Ça m'a notamment permis de me frotter à des équipes européennes comme le Bayern Munich, Benfica, Tottenham et l'AEK Athènes et de prouver. J'ai fais de bons matches. Tout le monde en Espagne l'a reconnu. Mais j'avais un problème avec l'entraîneur de l'époque qui ne m'a jamais parlé et m'a écarté dès le premier jour. Je préparais un départ l'été dernier car je ne voulais pas réitérer ce genre de saison. J'avais des contacts en France et à l'étranger. Mais avec le départ de Michael Laudrup, Getafe s'est opposé à mon départ. À partir de ce moment là, j'ai rompu les négociations avec Valenciennes et Le Havre qui m'avaient contacté et le club a refusé d'autres propositions du Racing Santander et de la Real Sociedad. Je suis donc reparti pour une nouvelle saison pour laquelle le nouveau coach avait instauré une concurrence saine. Mais malheureusement je me suis blessé.

FM : Souhaitez-vous toujours vous imposer à Getafe ?

FS : J'ai encore deux ans de contrat. J'ai été blessé pendant neuf mois. Et le club a entièrement pris en charge mon salaire pendant cette période. Ils m'ont toujours soutenu tant sur le plan psychologique que sur le plan financier. Ils ne m'ont jamais délaissé. Et rien que pour cela, j'ai envie de les remercier et de rester en prouvant qu'ils ont eu raison de me faire confiance. Je veux leur rendre la pareille.

FM : Quel sera votre avenir si le club descend en deuxième division ?

FS : Moi, je veux jouer. Ça ne me dérangerait pas de jouer en deuxième division. Le problème, c'est que le nouvel entraîneur Michel n'est là que pour les derniers matches. On ne sait pas s'il restera à la fin de la saison en fonction des résultats et je ne sais pas quelle sera la position du club à mon sujet. Beaucoup de paramètres entrent en ligne de compte dans l'avenir du club et le mien. Je ne ferme la porte à personne et je suis ouvert à tout car je ne suis en aucun cas maître des choses. Le problème de ma position c'est qu'il y a beaucoup de flous quant à la situation du club. À partir de ce moment là, je ne peux pas encore me positionner. Ma priorité ira à Getafe. Ensuite je ne suis en rien contre d'éventuels intérêts que je me dois d'étudier et de respecter. Mentalement et physiquement je suis au top. J'ai faim de jeu et de ballons. On peut compter sur moi l'année prochaine, à Getafe ou ailleurs.

FM : Si vous deviez partir, quelle serait votre préférence : rester en Espagne ou découvrir un autre championnat ?

FS : Si je devais partir de Getafe, cela ne me dérangerait pas de revenir en France mais j'aurai toujours la frustration de ne pas avoir pu m'imposer en Liga et de ne pas avoir pu jouer contre le Real Madrid ou le FC Barcelone, des équipes qui font rêver à la télévision. C'est pour ça que j'avais signé à Getafe, pour me frotter à ce qui se fait de mieux au monde. Ça me laisserait un certain regret, c'est sûr. Mais j'ai ma carrière à mener. Si je dois revenir en L1, ça sera avec grand plaisir. J'ai évolué avec grand plaisir à Metz et à Nantes et c'est un championnat qui m'a tout autant plu que celui d'Espagne.

L'Espagne, un plaisir énorme

FM : On dit souvent que le niveau de la Ligue 1 est inférieur aux autres championnats européens. Est-ce votre sentiment depuis que vous êtes arrivé en Espagne et en Liga ?

FS : Ce n'est pas une différence de niveau mais plus une différence totale de culture de jeu. En Espagne, techniquement c'est très au-dessus de la moyenne, au-dessus du championnat de France. En L1, le jeu est beaucoup plus fermé, beaucoup plus tactique, beaucoup plus physique et défensif. C'est très compliqué de comparer les championnats. À mon avis, la différence se fait surtout au niveau des équipes de tête dans lesquelles le niveau de jeu est très élevé.

FM : Vous avez surement vu les demi-finales de Ligue des Champions avec la qualification de Manchester United et du FC Barcelone. Quel est votre favori ? Et que pensez-vous de la domination du Barça en Liga ?

FS : Pour l'ensemble de son œuvre, le Barça mérite de gagner la Ligue des champions. Ils affolent les stats, ils déploient un jeu incroyable, c'est du très très très lourd. Au niveau du jeu et du spectacle, ils sont largement favoris. Ici en Espagne, on les qualifie de meilleur Barça de la décennie. En Liga, leur domination est incontestable. Il n'y a qu'à voir le dernier clásico à Madrid (ndlr : victoire 6-2 des Blaugrana à Bernabeu).

Une L1 très ouverte

FM : Suivez-vous l'actualité du championnat de France ?

FS : Je le suis. J'ai importé Canal + en Espagne ! Vu que les journées de championnat en France sont souvent décalées par rapport à l'Espagne, je regarde régulièrement le foot français et notamment mes anciens clubs Nantes et même Metz sur Eurosport. Cette année, le championnat paraît très ouvert.

FM : Selon vous, qui sera champion de France : Marseille ou Bordeaux ?

FS : Je dirais Marseille. Pour sa force de frappe, son panache et la qualité individuelle de ses joueurs. Je mettrai toutefois un bémol par rapport à ce qui s'y passe en coulisses avec les chamboulements extra-sportifs. Ça peut perturber les joueurs pendant leur préparation. À quatre journées de la fin, ça pourrait faire la différence. Quant à Bordeaux l'ambiance est sereine.

FM : Vous avez joué deux saisons sous les couleurs du FC Nantes. Lorsque vous êtes parti en 2007, le club descendait en L2. Aujourd'hui, il pourrait connaître le même sort. Quel regard portez-vous sur la situation actuelle des Canaris (18ème de Ligue 1 et premier relégable) ?

FS : J'ai toujours quelques amis qui jouent là bas comme Loïc Guillon. Je suis également en contact avec des membres du club. J'ai l'impression que le club revit la même saison qu'il y a deux ans avec les même maux, les mêmes soucis. On ne voit pas de révolte, on ne voit pas comment ils peuvent marquer des buts. J'ai regardé leur dernier match contre Le Havre (défaite à domicile 1-2) et je n'ai pas vu ce sentiment de révolte. C'est ce qui s'était fait ressentir lors de la descente il y a deux ans. Cela m'attriste car il y a tout pour réussir : de belles installations parmi les meilleures en France, un superbe stade, 30 à 35 000 supporters lors des matches à domicile et une qualité de vie appréciable.

FM : Votre autre ancien club, le FC Metz, est actuellement 3ème de Ligue 2 et à la lutte pour remonter parmi l'élite. Cela doit vous faire plaisir ?

FS : Je suis toujours en contacts avec le président Carlo Molinari et avec les responsables du centre de formation. Je connais aussi certains joueurs, Joël Muller et l'entraîneur actuel Yvon Pouliquen. Je souhaite de tout coeur qu'ils remontent en Ligue 1 car Metz a un stade de L1, a l'histoire d'un club de haut niveau et mérite sa place en Ligue 1. Ça serait bien que l'actuel trio de tête en L2 remonte. La Ligue 1 a besoin de Lens, Strasbourg est une grande place du football français tout comme Metz. Ça me ferait plaisir surtout pour le président Molinari qui mérite que son club soit en L1. C'est le coeur qui parle !

Un retour en France ?

FM : Si le président Carlo Molinari vous rappelait pour bâtir une équipe compétitive en Ligue 1, seriez-vous tenté ?

FS : Je suis toujours sous contrat avec Getafe donc je ne suis pas forcément gratuit. Ce n'est pas moi qui maîtrise J'avais eu un contact l'année dernière. Il m'avait proposé de revenir à Metz pour encadrer les jeunes et de venir aider pour jouer la remontée. À l'époque, Getafe me faisait confiance et j'ai préféré continuer en Liga. Pour l'instant, l'occasion ne s'est pas présentée. Si cela arrivait, je discuterais avec lui. Je ne ferme aucune porte. J'espère revenir un jour à Metz. Je dois tout à Metz.

FM : Votre nom est évoqué du côté de Valenciennes. Si le club nordiste se maintenait en L1, pourriez-vous relever un tel challenge ?

FS : J'ai été approché l'année dernière. J'avais eu Antoine Kombouaré au téléphone l'été dernier. Cette saison, personne ne m'a contacté. J'ai demandé à mes agents de ne pas me tenir au courant jusqu'à la fin de saison. Je viens de reprendre l'entraînement et je ne veux pas pas être perturbé par les rumeurs. J'ai vu dans la presse un éventuel intérêt de VA et de Nancy mais je ne suis pas au courant de tout ça. Voir son nom cité dans la presse, ça fait forcément plaisir, ça prouve que j'ai laissé un bon souvenir en France et que l'on ne m'a pas oublié malgré ma saison blanche. Mais ma tête est à Getafe. Je suis à Getafe et jusqu'à preuve du contraire, la saison prochaine je serai à Getafe.

FM : Vous êtes né à Nogent, en région parisienne. Vous êtes passé par l'INF Clairefontaine. Comment expliquez-vous que le PSG soit passé à côté de votre talent ? Et auriez-vous aimé ou aimeriez-vous évoluer un jour sous les couleurs du club de la capitale ?

FS : C'est une bonne question ! Le Paris SG c'est un club qui est dans mon coeur, c'est ma ville. Le Parc des Princes est selon moi le plus beau stade de France. Alors pouvoir évoluer là bas tous les quinze jours, ça ne serait que du bonheur ! J'adore ce club même s'il y a beaucoup de remue-ménage ces derniers temps en coulisses et que ça continue. Ça me ferait forcément plaisir de revêtir ce maillot. Ça ne me laisserait pas insensible. Ce club m'a fait rêver quand j'étais jeune avec les Ginola, Valdo et Weah. Pour autant, je n'ai pas pour objectif de jouer au PSG mais si cela se présente, ça serait est un choix purement affectif.

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