Les joueurs se rapprochent d’une grève générale contre l’UEFA

Par Jordan Pardon
4 min.
Jules Koundé en conférence de presse @Maxppp

Confrontés à l’alourdissement incessant de leur calendrier depuis plusieurs saisons, les acteurs du jeu sont encore montés au créneau cette semaine contre les instances. En allant encore plus loin dans leurs démarches.

Face aux cadences infernales des calendriers, Rodri a peut-être mis un pied là où personne ne l’avait encore fait. Depuis plusieurs mois, les éclats de voix et les contestations rythmaient souvent les conférences de presse des joueurs, mais les appels à la grève, encore jamais. C’est sûrement par là qu’il faudra passer pour tenter de se faire entendre par l’UEFA et la FIFA, sourdes et muettes à ce sujet. «On ne peut pas disputer 60 ou 70 matches, a défendu Rodri cette semaine en conférence de presse. Entre 40 et 50 rencontres, un joueur peut évoluer au top. Ensuite, vous diminuez, car ce n’est pas possible de maintenir votre niveau physique. On doit prendre soin de nous, on est les personnages principaux de ce sport, ou de ce business, peu importe comment vous l’appelez.»

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Plus tôt dans la semaine, les internationaux brésiliens Marquinhos et Alisson avaient également pris la parole sur ces saisons à rallonge, pas destinées à se raccourcir avec la nouvelle formule de la Ligue des Champions, et la nouvelle Coupe du Monde des clubs aux enjeux abscons, qui mettra aux prises 32 équipes à partir de l’été prochain… sur un mois complet : «On n’est pas les experts du calendrier, mais c’est important de savoir ce que les joueurs pensent. Il va falloir s’asseoir entre joueurs et décideurs. (…) On fait ce qu’on aime, mais ce sont des matches en plus, un calendrier chargé, si on ajoute la sélection, les voyages, des matches tous les trois jours, ça enchaîne vraiment», a déploré le capitaine parisien, quand son gardien en sélection a, lui, regretté que la voix des joueurs ne pèse pas suffisamment :  «notre opinion n’a peut-être pas d’importance. Mais tout le monde sait ce que nous pensons. Tout le monde en a marre». Dans l’hypothèse où un club comme Paris ou Liverpool allait en finale de toutes les compétitions dans lesquelles il est engagé cette saison, la note totale pourrait grimper à plus de 70 matches.

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Un ras-le-bol général

Hier, ce mouvement de mobilisation a découlé sur d’autres réactions, à l’image de celle de Jules Koundé, connu pour ses prises de position assumées : «je suis d’accord avec Rodri. Chaque année, on a plus de matchs et moins de repos. On le dit depuis 3-4 ans et personne ne nous écoute… Le temps viendra où il faudra faire grève pour se faire entendre, a menacé l’international tricolore. On voit qu’il y a de plus en plus de blessures à cause du manque de repos. Ceux qui vont jouer la Coupe du monde des clubs vont avoir moins de repos et joueront 70 matchs, ce qui serait une folie.» Chez le rival madrilène, le capitaine Dani Carvajal est lui aussi monté au créneau aujourd’hui : «Faire grève pour nous, les joueurs, est une possibilité. Les avis des joueurs ne sont pas pris en compte, il faut élever la voix.» Même son de cloche chez Thibaut Courtois, qui a évoqué le sujet avec le streamer Ibai : «Rodri a raison (…) Il y a trop de matches, et plus de blessures. Les gens disent que nous gagnons beaucoup d’argent, que nous ne pouvons pas nous plaindre, et c’est vrai, mais nous devons trouver un équilibre, parce que les meilleurs joueurs ne pourront pas toujours jouer.»

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Présent en zone mixte après la victoire du PSG contre Girona hier soir (1-0), Achraf Hakimi s’est voulu plus mesuré, même s’il n’en pensait certainement pas moins : «on est là pour jouer. C’est vrai qu’il y a beaucoup de matches, comme beaucoup de joueurs l’on dit. C’est fait pour les supporters et j’espère qu’ils sont contents de ça. Nous, on doit bien gérer les matches, les temps de jeu, surtout par rapport aux blessures. C’est comme ça». Même les joueurs moins impactés, évoluant dans des clubs ou pour des sélections pas forcément taillées pour jouer sur tous les tableaux, ont pris acte. «Je comprends parfaitement Rodri, a confié le défenseur hongrois de Leipzig, Willi Orban, en conférence de presse cette semaine. Si vous êtes un joueur de Manchester City, il n’y a pas de trêve hivernale en Angleterre. Et vous jouez aussi un nombre de matches incroyable avec votre sélection, surtout quand elle va toujours loin dans les tournois. Puis maintenant, il y a la Coupe du Monde des clubs. Bien sûr, c’est très difficile en termes de gestion de la charge de travail, et c’est de la folie pour les joueurs

En parallèle, le président de FIFPro Europe, l’antenne européenne du syndicat mondial des joueurs, David Terrier, a confié à L’Équipe cette semaine qu’une plainte avait été déposée contre la FIFA, alors qu’une seconde devrait suivre prochainement : «la décision de cette Coupe du monde des clubs s’est faite entre la FIFA et l’ECA, a pointé du doigt le vice-président de l’UNFP. Une plainte a été déposée devant le tribunal de grande instance de Bruxelles par l’UNFP. Une autre est en préparation par les ligues européennes et certains syndicats de joueurs. Certains joueurs pourraient tout à fait refuser de jouer cette Coupe du monde des clubs. Ils sont de plus en plus nombreux à prendre position publiquement. Les entraîneurs critiquent aussi le calendrier trop chargé. Un mouvement est en train de prendre.» À voir si cela suffira à faire bouger les lignes.

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