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Coupes du Monde polémiques, réformes décriées, déclarations lunaires : Gianni Infantino agace tout le monde !

L’annonce de l’organisation de la Coupe du Monde 2030 dans six pays et sur trois continents ne manque pas de faire réagir. Une nouvelle fois pointé du doigt, le patron de la FIFA accumule les polémiques depuis 2016.

Par Matthieu Margueritte
5 min.
@Maxppp

Aujourd’hui, il est très peu probable de se tromper en affirmant que Gianni Infantino est bien plus préoccupé par le bilan comptable de la FIFA que par le bilan carbone généré par les compétitions qu’il organise. Hier, mercredi 4 octobre, le patron de l’instance dirigeante du monde du football a annoncé que la Coupe du Monde 2030, celle du centenaire, allait être organisée par 6 pays, sur 3 continents. L’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay accueilleront les trois premiers matches de la phase de poules, tandis que le trio Portugal-Espagne-Maroc organisera le reste de la compétition. Les écologistes sont vert de rage. Encore une fois, Infantino fait polémique. Depuis qu’il est à la tête de la FIFA (2016), le Suisse accumule les scandales.

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Le 14 mars dernier, la FIFA officialisait la nouvelle réforme concernant la prochaine Coupe du Monde 2026 (organisée aux États-Unis, au Mexique et au Canada). Fini les Mondiaux à 32 équipes, place à ceux à 48 pays ! Pour justifier ce choix, Infantino mettait en avant sa volonté de faire la part belle aux pays mineurs. Mais beaucoup y voient surtout la volonté de générer encore plus d’argent. Un rapport expliquait d’ailleurs que cette nouvelle formule allait générer environ 600 M€ de recettes supplémentaires comparé aux éditions précédentes. Enfin, les acteurs du jeu pestaient sur un temps de préparation plus court (16 jours contre 23 habituellement). Le même jour, le Conseil de la FIFA dévoilait que le Mondial des Clubs allait passer de 7 à … 32 participants (12 équipes européennes, 6 pour l’Amérique du Sud, 4 pour la CONCACAF (Amérique du Nord, Centrale et les Caraïbes), 4 équipes pour l’Afrique, 4 équipes pour l’Asie, 1 pour l’Océanie et une place réservée à l’hôte du tournoi) ! Trois mois et demi plus tard, la FIFA désignait les États-Unis comme pays hôte de la première édition de ce Mondial des Clubs new-look prévue en 2025. Encore plus de matches, toujours plus de matches à insérer dans un calendrier déjà très chargé.

Le Mondial 2022 de la honte

Avant ça, il y eut le chapitre très gratiné du Mondial 2022. Le 10 décembre 2010, la FIFA attribuait l’organisation de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Une décision qui a énormément fait jaser (les États-Unis étaient donnés favoris face au tout petit pays du Golfe + organisation en hiver, en plein milieu de la saison), même si, à l’époque, Gianni Infantino n’était pas le président de l’instance dirigeante. Mais depuis, le patron de la FIFA s’est très bien rattrapé pour faire de cette édition 2022 un terrain propice à la contestation. Face aux critiques venues d’occident (sur les conditions de travail et l’homophobie entre autres), le dirigeant helvète pensait donner la leçon aux Européens en défendant le Qatar d’une drôle de manière : «aujourd’hui, je me sens Qatari; je me sens Arabe; je me sens Africain; je me sens gay; je me sens handicapé; je me sens travailleur migrant. (…) Je sais ce que ça fait d’être discriminé… J’ai été victime de discrimination parce que j’étais roux. (…) Qui se soucie des travailleurs migrants? La FIFA, le football, et soyons clairs : le Qatar aussi».

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Les milliers morts estimés sur les chantiers du Mondial et les différents reportages sur les conditions d’hébergement insalubre des travailleurs immigrés ont toutefois prouvé le contraire. Toujours en 2022, la FIFA avait interdit les capitaines des sélections engagées de porter un brassard arborant la mention « one love » (prenant l’inclusion) sous peine de sanctions. «Nous étions prêts à payer des amendes applicables en cas de non-respect des règles sur les équipements et étions très engagés autour de ce brassard. Mais nous ne pouvons pas mettre nos joueurs dans la situation où ils pourraient être avertis, voire devoir quitter le terrain», avaient indiqué les fédérations concernées. Pas responsable de l’attribution de l’édition 2022 au Qatar, Infantino s’est, en revanche, bien démené pour défendre le pays hôte envers et contre tous. Mais pas de répit pour les braves. Quelques jours plus tard, le boss de la FIFA démarrait l’année 2023 en fanfare avec un mois de janvier très animé.

Des commentaires surréalistes

Le 3, il provoquait la polémique en multipliant les selfies (postés sur les réseaux sociaux) devant la dépouille de Pelé, décédé le 29 décembre 2022. Pas de quoi l’émouvoir. «Je viens d’atterrir de mon voyage au Brésil où j’ai eu le privilège de participer au bel hommage consacré à Pelé. Je suis consterné du fait que certaines personnes me critiquent apparemment pour avoir pris un selfie et des photos à la cérémonie hier», avait-il posté sur son compte Instagram le lendemain. Le 27, alors qu’il se trouvait devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) à Strasbourg, Infantino déclenchait une vague d’indignation en se déclarant favorable à l’organisation d’une Coupe du Monde tous les deux ans (contre quatre actuellement. « Je comprends qu’en Europe, la Coupe du Monde a lieu deux fois par semaine, parce que les meilleurs joueurs jouent en Europe, mais il convient de penser au reste du monde qui ne voit pas les meilleurs joueurs, qui ne participe pas aux compétitions de haut niveau. »

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Un projet défendu médiatiquement par un certain Arsène Wenger (directeur du développement à la FIFA), mais qui s’est finalement heurté au refus des principaux concernés, dont les plus grandes stars du ballon rond comme Kylian Mbappé. «La Coupe du Monde est un événement spécial, car elle a lieu tous les quatre ans (…) La jouer tous les deux ans rendrait cette compétition normale, ce qui ne doit pas être le cas», avait déclaré le Bondynois. Enfin, toujours en marge de cette déclaration du 27 janvier 2023, Infantino avait également justifié son raisonnement en se fendant d’un commentaire surréaliste sur les Africains. « Nous devons les inclure, nous devons trouver des moyens d’inclure le monde entier, de donner de l’espoir aux Africains afin qu’ils n’aient pas besoin de traverser la Méditerranée pour trouver peut-être une vie meilleure, mais plus probablement la mort dans la mer. Nous devons donner des opportunités, et nous devons donner de la dignité, non pas en faisant la charité, mais en permettant au reste du monde de participer. » Là encore, le Suisse s’était expliqué en affirmant que ses propos avaient été mal interprétés. Quelle sera la prochaine polémique ? Réélu jusqu’en 2027, Gianni Infantino n’a sans doute pas fini de provoquer des crises d’urticaire chez ses détracteurs.

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