Lazio : Maurizio Sarri sous pression avant le choc contre le Bayern
Alors que la Lazio traverse une crise importante entre les frictions internes et les mauvais résultats en championnat, les Biancocelesti romains s’apprêtent à accueillir le Bayern Münich, au Stadio Olimpico, pour la 8e de finale aller de la Ligue des Champions. Un match déjà capital pour les troupes de Maurizio Sarri, actuellement en plein doute.
Si la victoire (3-1) ce weekend en championnat contre Cagliari a au moins eu le mérite de donner une nouvelle bouffée d’air frais dans le quotidien morose de la Lazio, les troupes de Maurizio Sarri continuent de s’enfoncer dans une importante crise interne, à l’heure où les Biancocelesti vont ouvrir les portes de son Stadio Olimpico de Rome à l’ogre bavarois du Bayern Munich, ce mercredi soir en 8e de finale aller de la Ligue des Champions. La violente débâcle contre l’Inter Milan en Supercoppa en janvier dernier (3-0) semble avoir laissé des traces dans l’équipe de Maurizo Sarri : «Le match de Super Coupe en Arabie saoudite a transformé notre pensée en négatif. Nous avons manqué de quelque chose qui ne devrait jamais nous manquer comme le sens de l’amusement sur le terrain. Il faut trouver le moyen de s’amuser, de garder les enfants concentrés et divertis, ce qui ne signifie pas ne pas être professionnel. Au cours des derniers matchs, les adversaires se sont amusés, j’attends des progrès sur ce point», avait déclaré l’entraîneur italien, avant de défier Cagliari dimanche. Les mauvais résultats en Serie A n’arrangent pas la situation avec cette triste 8ème position au classement. Les supporters de la Lazio ont même protesté contre le président Claudio Lotito et l’entraîneur Maurizio Sarri. Deux banderoles de protestation ont été déployées par des tifosi devant le centre sportif Formello : «Lotito le paria, Sarri ton petit esclave». Et encore : «Enrico mets dehors ton père», faisant ainsi référence au fils du patron des Biancocelesti.
Les supporters romains n’ont pas aimé les dernières performances de l’équipe, indépendamment même des résultats négatifs. Une équipe sans philosophie, ni envie. Le mercato d’hiver est également visé avec de nombreux joueurs suivis puis abandonnés à la dernière minute. Le climat autour du club romain est brûlant. Une grande confrontation a eu lieu entre Sarri et l’équipe en début de semaine dernière. Lors de la reprise des entraînements après le violent revers contre l’Atalanta Bergame, l’entraîneur des Laziali a appelé ses hommes et n’a pas mâché ses mots : «Si vous pensez que le problème, c’est moi, sortez vos couilles et allez voir Lotito!», a alors lancé Sarri à ses joueurs. Cette phrase n’a pas tardé à déclencher des nouvelles rumeurs sur une possible séparation entre le technicien toscan et la société biancocelesta, à laquelle il est lié jusqu’en 2025. Un climat lourd que l’on ressent en réalité depuis plusieurs jours déjà. Mercredi dernier, rapporte le Corriere dello Sport, le technicien avait sévèrement souligné les lacunes techniques et tactiques de ses joueurs lors de la session d’analyse vidéo mais aussi des membres de son staff. Plus d’une personne semble avoir perdu confiance dans les préceptes de l’ancien entraîneur du Napoli, qui de toute façon n’entend pas entendre parler de changements. Face à Cagliari, Sarri a reconduit son 4-3-3 et espérait des signaux clairs de tous les joueurs.
La gronde généralisée !
Ce n’est pas la première fois que Maurizio Sarri souligne les défauts structurels de son équipe et même dans l’après-match face à l’Atalanta, il a employé des tons et des termes plutôt sévères : «Quand je parle de cylindrée je ne me réfère pas seulement au physique. Il est clair que le physique est important, avoir des équipes d’impact et de forte accélération est indispensable, mais on parle aussi de cylindrée technique, mentale, qui est aussi importante que les autres, voire même plus. Nous avons parfois échoué dans l’un de ces trois aspects». Si les valeurs de ses joueurs et de l’équipe dans son ensemble sont connues, les deux dernières fenêtres de marché n’ont pas apporté la valeur ajoutée souhaitée par Maurizio Sarri. Un thème qui a été un motif d’affrontement l’été dernier entre l’entraîneur de la Lazio et le président Claudio Lotito et devant lequel cette fois Sarri a préféré ne pas répondre : «Je ne m’intéresse pas au marché, ce n’est pas mon devoir et donc je m’adapte». Mais le président Claudio Lotito ne veut pas tirer la sonnette d’alarme. Il ne souhaite pas limoger Maurizio Sarri, pas seulement pour une raison économique liée au contrat jusqu’en 2025 de l’entraîneur italien. En vingt ans de gestion, le président de la Lazio a viré seulement trois entraîneurs (Domenico Caso, Davide Ballardini et Stefano Pioli). Aujourd’hui, il n’y a pas de roue de secours parfaite, comme en 2016 où Simone Inzaghi était la solution interne rêvée pour succéder à Pioli : «Je ne comprends pas le problème. Je vais m’en occuper, prendre les choses en main, comme d’autres fois, mais aujourd’hui je ne parle à aucun coach. Je ne limogerai certainement pas Sarri et je ne veux pas perdre mon temps à démentir des bêtises»
Avec la défaite contre l’Atalanta puis la victoire face à Cagliari, la Lazio est huitième au classement de Serie A avec 37 points. Le calendrier à venir s’annonce décisif avec le Bayern en Ligue des Champions, puis Bologne, le Torino et la Fiorentina : trois confrontations directes pour la course à l’Europe. Un éventuel effondrement de l’équipe acterait, en vue de la prochaine saison, le divorce de Maurizio Sarri à la tête des Laziali. Celui-ci n’abandonne pas pour l’instant et ne veut pas démissionner : il veut clôturer la saison de la meilleure des manières avant de se réunir avec sa direction pour aviser du futur commun. Avec le directeur sportif, Angelo Fabiani, il a déjà parlé d’un nouveau cycle axé autour des jeunes mais pour l’instant, tout semble hypothétique, un simple discours sur le papier : il faudrait anticiper les objectifs sur le long terme en ayant les idées claires de ce projet. Selon plusieurs sources de médias italiens, Maurizio Sarri serait lassé de cette situation à Rome et voudrait ainsi quitter le club à la fin de la saison, toujours plus attiré par un retour en Premier League. D’après le Corriere dello Sport, un petit nombre de l’effectif voudrait la tête de l’entraîneur italien mais fort heureusement pour Sarri, cela ne représente qu’une minorité du vestiaire et ne concerne en aucun cas les cadres et les leaders du groupe. Le président Lotito et le DS Fabiani sont très proches de Sarri et regardent avec une certaine perplexité ce genre de contestations.
Des cadres en fin de course…
Mais que se passe-t-il donc avec cette Lazio ? Parce que la saison passée était exceptionnelle pour les Laziali. Pour rappel, les troupes de Maurizio Sarri avaient terminé à la 2ème position de Serie A, derrière les champions napolitains, tout en allant jusqu’en 8e de finale de la Ligue Europa Conférence et en quarts de finale de la Coppa. Avec les renforts estivaux, notamment Valentín Castellanos, Gustav Isaksen, Daichi Kamada, Luigi Sepe, Mattéo Guendouzi, Nicolò Rovella et le retour en prêt de Luca Pellegrini, la Lazio ouvrait sa nouvelle campagne avec un effectif rajeuni qui semblait plutôt polyvalent, renforcé et complémentaire. Le bilan de ces deux premiers paraissait anormal, au vu de la qualité présente au sein du groupe. Et pourtant, les contre-performances collectives et les déceptions individuelles se sont enchaînées et aucun remède n’a encore été trouvé pour panser les mille maux de la Lazio. La perte de Sergej Milinković-Savić, exilé en Arabie saoudite, se fait ressentir dans le jeu romain. Le capitaine mythique, Ciro Immobile, alterne entre les pépins physiques et la baisse criante d’efficacité avec seulement 6 buts inscrits cette saison. Quant à Felipe Anderson et Luis Alberto, les statistiques restent encore jolies, bien qu’ils commencent à prendre de l’âge.
Maurizio Sarri ne parvient pas à réanimer un groupe qui semble ne plus interpréter avec insouciance les préceptes tactiques du technicien. L’intégrisme du 4-3-3 sarrista génère de la monotonie et de la prévisibilité, et l’entraîneur est également accusé de ne pas réussir à valoriser au mieux les qualités de ses joueurs, qui commencent à accumuler une grande frustration pour les nombreux buts encaissés depuis le début de l’année. Les mauvaises humeurs dans le vestiaire s’ajoutent ensuite à celles concernant les situations contractuelles. Comme l’a souligné Il Messaggero, les questions liées aux renouvellements de contrats promis mais pas encore signés rendent la situation encore plus pénible au foyer romain. Certaines primes n’ont pas encore été payées par la direction de la Lazio. Claudio Lotito a gelé les bonus collectifs de Ligue des Champions et d’autres primes en attente. Une sorte de punition pour le rendement insuffisant des joueurs. Les promesses de prolongation de contrat n’ont pas encore été tenues, notamment pour Felipe Anderson (en discussion avec la Juventus), Ivan Provedel ou encore Mattia Zaccagni. Nombreux sont les joueurs qui attendent un appel du président mais il continue à reporter ces réunions. Il faudrait faire quelque chose pour remettre l’environnement en place avant le marathon final de la saison. Un dîner d’équipe, dernier recours pour essayer de calmer les esprits, devrait être organisé prochainement pour retrouver une certaine cohésion d’équipe. La demi-finale de la Coppa contre la Juventus pourrait également redonner espoir à la Lazio…
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