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Maroc, Fayçal Fajr : «quand je me lève, je pense à la Coupe du monde»

Par Anas Bakhkhar
9 min.
Fayçal Fajr, aujourd'hui à Al Wehda, espère jouer le Mondial qatari avec le Maroc @Maxppp

Aujourd'hui évoluant sous les couleurs d'Al-Wehda, pensionnaire de première division saoudienne, le milieu de terrain international marocain Fayçal Fajr (34 ans) raconte sa première expérience hors de l'Europe et espère disputer, dans moins d'un mois, la sixième Coupe du monde de l'histoire des Lions de l'Atlas au Qatar. Entretien.

Foot Mercato : vous venez de finir le championnat avec Al-Wehda en Arabie Saoudite avant la trêve Coupe du monde, comment s’est passé votre première partie de saison ?

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Fayçal Fajr : content d’avoir rejoint le championnat saoudien. Je suis satisfait sur le plan personnel, j’ai 34 ans mais j’ai des jambes de 25 ans. Mais sur le plan collectif, on peut avoir de meilleurs résultats (Al Wehda est actuellement 12e au classement, à 3 points de la zone rouge, ndlr). Après, il y a eu beaucoup de changements, que ce soit le staff ou l’effectif, avec beaucoup de joueurs étrangers, c’est une nouvelle équipe. En tout cas, je reste content de mon début de saison en Arabie Saoudite, mais je préfère parler plus collectif que personnel.

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FM : c’est une nouvelle expérience pour vous en dehors de l’Europe. Qu’est-ce qui vous a poussé à rejoindre le championnat saoudien ?

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FF : je suis un amoureux du football, donc je regarde tous les championnats chez moi, je suis pas du tout séries, films… c’est vraiment que le foot. C’est un championnat que je suis depuis quelques années parce qu’il y a beaucoup de joueurs marocains que j’ai côtoyés, notamment en sélection, qui sont partis en Arabie Saoudite, dont le coach Hervé Renard. C’est un championnat que j’ai voulu découvrir, après mes deux belles années en Turquie. Je voulais changer d’air et j’ai fait ce que j’avais à faire en Europe. Les gens diront "quand un joueur part en Arabie Saoudite, c’est plus pour le côté financier". Mais il y a de l’argent dans tous les championnats. Après tout dépend de ta façon de voir le football. Moi, j’aime ce sport depuis que j’ai 6 ans. C’est un championnat de qualité et difficile, avec le climat et les températures. J’ai gardé mon rythme européen, je me prends en charge avec mes entraînements le matin avant de rejoindre les séances collectives le soir.

FM : après la fin de votre contrat avec Sivasspor, vous auriez pu y prolonger. Pourquoi ça ne s’est pas fait ?

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FF : le coach (Rıza Çalımbay, entraîneur de Sivasspor depuis 2019, ndlr) voulait absolument me garder. Après avoir gagné la Coupe de la Turquie, j’étais toujours en contact avec mes coéquipiers, on était comme une famille. J’avais pour but de rester, mais je ne me suis pas entendu avec le président sur le contrat. Je pensais avoir un peu plus de respect de la part du club après deux grosses saisons, même si je n’aime pas trop parler de moi. J’ai fait deux belles saisons en Turquie, mais malheureusement, on n’est pas tombés d’accord et à partir de ce moment-là, le club saoudien d’Al-Wehda m’a contacté et ça s’est fait naturellement et en très peu de temps.

«Porter les couleurs du Maroc, c’est un sentiment indescriptible»

FM : aviez-vous des possibilités de rester en Europe lors du dernier mercato estival ?

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FF : oui, j’ai eu des clubs espagnols, Alavès (D2) et Elche (D1). J’avais un club français en Ligue 1, le Stade de Reims, et j’avais pas mal d’équipes en Turquie (Kasimpasa, Antalyaspor, Gaziantep et Ankaragücü), parce qu’ils n'ont pas compris ma non-prolongation à Sivasspor alors que je faisais partie des joueurs importants pendant mes deux années. Finalement, je prends du plaisir à évoluer dans ce championnat, le même que j’avais en Espagne, en France et en Turquie. Quand on aime le foot, l’endroit importe peu.

FM : vous jouez dans le même club que Munir El Kajaoui (ndlr : le gardien remplaçant du Maroc). J’imagine que vous devez parler de la Coupe du monde à venir ?

FF : on en parle très très souvent, c’est une compétition qui me tient à cœur. Quand je suis parti là-bas, je me suis pris en main et j’ai fait un travail personnel. J’essaie de me prendre en main avec cet objectif Coupe du monde en tête. Forcément, on en parle beaucoup parce que c’est un rêve de gamin, qu’on a accompli avec Munir en 2018. On a envie de rejouer cette compétition, la meilleure au monde pour moi. Porter les couleurs du Maroc, c’est un sentiment indescriptible. Je sais pourquoi je porte ce maillot et je sais ce que j’ai à faire quand je l’arbore.

FM : pendant cette trêve, vous avez décidé d’aller au Maroc pour garder le rythme et continuer à vous préparer physiquement. Vous pensez avoir des chances d’être dans le groupe pour ce Mondial ?

FF : on y pense tous les jours, forcément. J’ai décidé d’aller dans mon village à Ifrane, en altitude. J’ai l’habitude depuis tout jeune de faire mes entraînements et mes préparations là-bas. J’ai la chance d’avoir des installations et l’altitude que recherchent pas mal de sportifs pour se préparer physiquement. Je me prends en main d’abord pour moi-même, mais bien entendu pour le Mondial, comme tous les joueurs marocains. Je vais tout faire pour y être.

«Le plus important est que je donne le meilleur de moi-même»

FM : vous aviez annoncé avoir été surpris par votre non-présence dans la première liste de Walid Regragui ? Avez-vous pu contacter le nouveau sélectionneur d’ailleurs pour avoir des explications et avez-vous parlé de la Coupe du monde ?

FF : j’étais surpris et déçu, oui, mais c’est normal quand on est un compétiteur et qu’on a envie de porter le maillot du pays. J’ai fait les qualifications pour la Coupe du monde, donc forcément, j’ai un petit goût amer (après la non-convocation). Après avoir discuté avec le coach, j’ai respecté ses choix, je les ai toujours respectés tout au long de ma carrière, c’est comme ça. Peut-être qu'en club, c’est un peu plus compliqué, quand il s’agit de la sélection, j’ai toujours accepté ma situation : que je sois appelé, sur le banc, titulaire. Le plus important est que je donne le meilleur de moi-même. En aucun cas, un coach peut se permettre de dire à un joueur qu’il fera la Coupe du monde, mais je travaille pour. Aujourd’hui, quand je me lève tous les jours, j’y pense…

FM : qu’avez-vous pensé de ce qu’a proposé la sélection marocaine face au Chili et au Paraguay ?

FF : j’ai regardé les matches comme si j’étais sur le terrain, comme le supporter que je suis depuis tout jeune et même depuis mes 7 ans en sélection que je sois sur la pelouse, depuis le banc ou à la télé. J’ai pris du plaisir à regarder le match contre le Chili (victoire 2-0 du Maroc, ndlr), je pense que l’équipe a fait un match parfait. Après, pour le deuxième match contre le Paraguay (match nul 0-0), il y a eu un peu de fatigue. On s’attendait à voir le même rythme et la même qualité de jeu qu’à Barcelone, c’est normal d’être un peu plus déçu.

FM : vous aviez disputé la CDM 2018 en Russie, la première depuis 1998. Qu’est-ce qui avait manqué au Maroc à ce moment-là pour passer en huitièmes ?

FF : c’est dur de dire ce qui a manqué, peut-être un peu d’expérience. Comme dans toutes les compétitions, le premier match est le plus important et là, c’était le cas (défaite face à l’Iran, 1-0). Je pense que ce n’était pas une question de sous-estimation des Iraniens, toutes les équipes ont envie de se battre pour leur nation. On a manqué aussi de réussite, parce qu’on s’est quand même créé beaucoup d’occasions et on se fait tuer en fin de match. Après, on a pu voir sur les autres matches contre le Portugal (défaite 1-0) et l’Espagne (match nul 2-2) qu’on était capables de faire de belles choses, mais c’est comme ça, c’est le football…

«Je sais que je peux encore jouer quelques années en sélection»

FM : avec 51 sélections, vous restez l’un des internationaux marocains en activité les plus capés. Que pourriez-vous apporter au groupe Maroc, que ce soit dans le jeu ou dans le vestiaire ?

FF : ce que j’ai toujours apporté, que ce soit en club ou en sélection, je suis quelqu’un qui connaît l’importance de faire partie d’un groupe. En dehors, j’essaie de parler aux jeunes, de leur donner de la confiance. Je sais que les jeunes ont parfois du mal à accepter le fait de ne pas ou peu jouer, donc à l’entraînement, j’essaie de montrer l’exemple, parce qu’à tout moment, on peut faire appel à toi. Je suis une personne positive, car on a cette chance de porter le maillot du Maroc et il faut redonner cette confiance que le coach nous apporte. Je transmets aussi mon expérience, ma vision des choses, mon amour pour le pays sans pour autant trop en faire. Je sais ce que je peux apporter et que je sais que je peux encore jouer quelques années en sélection.

FM : pour cette édition, le Maroc va affronter la Croatie, la Belgique et le Canada. Quelles sont les chances de la sélection dans ce groupe-là ?

FF : aujourd’hui, tout est possible dans le football. Bien sûr, il faut respecter toutes les équipes, mais le Maroc à son mot à dire dans ce groupe, avec la qualité de l’effectif. Il ne faut pas se sous-estimer, on le voit en Coupe d’Europe : si tu as un groupe qui vit bien, qui fait les efforts ensemble, que ce soit offensivement ou défensivement, et qui est capable de tenir ce rythme pendant 90 minutes, tout est possible contre n’importe quelle équipe.

FM : il est possible qu'Abderrazak Hamdellah retrouve la sélection, le sélectionneur l’a mentionné en conférence de presse. Il n’y a pas de problème entre vous aujourd’hui, pourquoi cette histoire avait été exagérée à l’époque selon vous?

FF : il n’y aucun problème et il n’y a jamais eu problème avec Abderrazak. Certaines personnes ont voulu faire des problèmes alors qu’il n’y avait rien du tout, j’en ai assez parlé, je me suis assez justifié. Mais en tout cas, ce problème-là est passé depuis. J’ai pu le côtoyer cette saison, je l’ai affronté d’ailleurs en championnat et ça s’est très bien passé.

FM : pour finir, quel message aimeriez-vous adresser aux supporters marocains ?

FF : je suis supporter aussi, malgré le fait d’avoir porté le maillot depuis 7 ans. L’amour du football, on l’a chez nous et ce sera toujours comme ça. Ils ont toujours été présents dans les bons comme dans les mauvais moments, et je sais de quoi je parle. Quand je rentre chez moi au pays, je vois l’amour dans les yeux des Marocains et c’est ce que j’essaie de leur redonner quand j’ai la chance de pouvoir rentrer sur le terrain.

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