Après un Euro convaincant et de bons parcours en Ligue des Nations, l'Espagne se présente au Mondial avec une étiquette d'outsider. Bien loin de ses meilleures années, que ce soit au niveau de l'effectif ou du contenu des rencontres, le pays du sud de l'Europe a tout de même de sérieux arguments à faire valoir. Focus.
Le parcours de qualification
C'est habituel avec la Roja ; elle n'a pas eu trop de soucis pour se qualifier pour ce rendez-vous mondialiste. Dans un groupe plutôt simple où la Suède faisait office de plus gros rival, la Roja a terminé en tête sans tracas, malgré une défaite face à l'équipe nordique en déplacement. Six victoires, un nul et un échec donc, pendant lesquels Luis Enrique a en plus pu tester bon nombre de nouveaux joueurs et faire quelques tests. Tout n'a cependant pas été brillant, puisque dans le contenu, la sélection ibérique n'a pas toujours convaincu. Dans beaucoup de rencontres, les succès ont été obtenus sur le fil et sans forcément dominer largement son adversaire. Et derrière, après la phase de qualifications, il y a aussi eu des rencontres difficiles en Ligue des Nations même si là aussi, le bilan comptable a été bon.
Les qualités et faiblesses
S'il y a un domaine où l'Espagne peut rivaliser avec tout le monde, c'est bien le milieu de terrain. Pas forcément sur le papier, même si c'est aussi le cas avec Pedri, mais c'est dans l'entrejeu que la Roja puise sa force et structure ses phases défensives et offensives. Les profils à ce poste sont en plus assez divers et complémentaires, et nul doute qu'il sera difficile d'enlever le ballon à la bande de Pedri. Luis Enrique peut aussi compter sur bon nombre de joueurs jeunes fougueux qui n'hésitent pas à tenter leur chance et tenter de faire des différences, à l'image de Fati, Olmo ou Pino. C'est aussi un groupe qui se connaît à merveille puisqu'il évolue ensemble depuis bientôt deux ans, avec des joueurs qui sont toujours appelés bien que pas forcément titulaires ou performants en club. C'est le cas des Parisiens Carlos Soler ou Pablo Sarabia par exemple, préférés à d'autres indiscutables en club, en bonne partie grâce à leurs prestations convaincantes quand ils ont joué par le passé. Très peu de paris, du concret et du sûr en somme. En revanche, il y a deux secteurs qui risquent de coûter cher aux champions du monde 2020. La défense avant tout, puisque tout au long du parcours de qualification et de la Ligue des Nations, on a pu voir de nombreuses lacunes, notamment face aux équipes pratiquant un jeu très direct, avec des joueurs ayant du mal à défendre face à des attaquants rapides. De même sur les coups de pied arrêtés, où les Espagnols sont particulièrement fragiles. L'absence de deuxième numéro 9 dans la liste et de - globalement - joueurs capables de marquer facilement est aussi un problème, surtout dans ce type de tournoi où l'efficacité est indispensable pour faire un bon parcours.
Le sélectionneur : Luis Enrique Martinez
Sur le papier, le bilan de Luis Enrique est difficilement criticable. Une demi-finale d'Euro, une finale de Ligue des Nations et une qualification pour le Final Four de l'édition actuelle. Pourtant, c'est peut-être le sélectionneur qui divise le plus en ce moment dans le monde. Un coach polarisant et clivant de par ses choix, ses déclarations devant les journalistes parfois à la limite de l'arrogance, et son étiquette de coach plutôt pro-Barça. Mais si une bonne partie du public espagnol a des doutes et critique régulièrement son sélectionneur national, en interne, c'est bien différent. Les médias sont unanimes à ce sujet : le groupe est soudé derrière son coach, et ce n'est pas un hasard si avec lui, de nombreux joueurs sont plus performants en sélection qu'en club. Et surtout, tout indique qu'il s'agira de sa dernière compétition avec la sélection espagnole, quelle que soit l'issue finale...
La star : Pedri
Il sera le maître à jouer de la Roja dans ce groupe E difficile à négocier. Indispensable depuis son superbe Euro, le Canarien va avoir les clés du camion. S'il n'a pas forcément été à un niveau excellent en club lors de ces premiers mois de compétition, personne n'a de doutes sur son talent et ses qualités de leader technique. Bien accompagné au milieu par des joueurs qu'il connaît déjà, de par son club ou son passé en sélection, le joueur formé à Las Palmas est peut-être même le seul joueur vraiment irremplaçable dans le onze titulaire tant il est indispensable pour Luis Enrique. L'occasion pour lui aussi de revenir sur le devant de la scène, lui qui était considéré comme le plus gros espoir mondial il y a encore un ou deux ans, et qui a peu a peu été devancé par d'autres jeunes.
L'attraction : Ansu Fati
Certains pensaient qu'il n'allait pas être de la partie, et même Luis Enrique avait laissé entrevoir qu'il était fort probable qu'il ne soit pas dans la liste finale. Mais l'Asturien a bien inclus le joueur du Barça dans sa liste, ce qui a aussi fait grincer quelques dents de l'autre côté des Pyrénées. Encore assez loin de son meilleur niveau et rongé par les pépins physiques, le produit de La Masia reste le joueur le plus talentueux du secteur offensif, capable de faire de sacrées différences quand il est dans un bon jour. C'est probablement pour cette raison que Lucho l'a appelé, lui qui est conscient qu'un éclair de génie de son attaquant peut changer un match.
La liste de convoqués
Gardiens : Unai Simón (Athletic), Robert Sánchez (Brighton), David Raya (Brentford)
Défenseurs : César Azpilicueta (Chelsea), Dani Carvajal (Real Madrid), Jordi Alba (FC Barcelone), José Gaya (Valence), Aymeric Laporte (Manchester City), Pau Torres (Villarreal), Eric García (FC Barcelone), Hugo Guillamón (Valence)
Milieux de terrain : Sergio Busquets (FC Barcelone), Rodri Hernández (Manchester City), Pedri González (FC Barcelone), Carlos Soler (PSG), Koke Resurrección (Atletico de Madrid), Gavi (FC Barcelone), Marcos Llorente (Atletico de Madrid)
Attaquants : Alvaro Morata (Atlético de Madrid), Marco Asensio (Real Madrid), Ferran Torres (FC Barcelone), Pablo Sarabia (PSG), Nico Williams (Athletic), Dani Olmo (RB Leipzig), Ansu Fati (FC Barcelone), Yeremi Pino (Villarreal)