Mercato, PIF, Eddie Howe… l’arrivée de Paul Mitchell sème la zizanie à Newcastle !
Nommé nouveau directeur sportif de Newcastle en juillet dernier après son départ de l’AS Monaco, Paul Mitchell a vécu une première fenêtre estivale pour le moins compliquée. Un mercato décevant plongeant aujourd’hui les Magpies dans une certaine crise institutionnelle, à l’heure où Eddie Howe est lui convoité par la Fédération anglaise pour le poste de sélectionneur…
«Dans les coulisses de la guerre civile à Newcastle». Voilà comment le Daily Mail titre, ce vendredi matin, un article consacré à la situation actuelle des Magpies. Et pour cause. Malgré un début de saison convaincant avec deux victoires et un nul en trois journées de Premier League, le club populaire du nord de l’Angleterre - désormais piloté par le Fonds public d’investissement saoudien (PIF) - sort d’un été aussi particulièrement agité. En juin dernier, les anciens copropriétaires des Geordies, Amanda Staveley, et son mari, Mehrdad Ghodoussi, quittaient ainsi brusquement le navire. Deux départs motivés par Darren Eales, le directeur général, estimant qu’il y avait trop de décideurs à Tyneside. Une restructuration accompagnée de l’arrivée de Paul Mitchell, passé par l’AS Monaco et successeur de Dan Ashworth au poste de directeur sportif. Des changements importants, aujourd’hui à l’origine de certaines dissensions…
Un mercato estival au coeur de la discorde
Dans cette optique, la presse anglaise s’alarme, ces derniers jours, de la relation conflictuelle entretenue entre Paul Mitchell et Eddie Howe, entraîneur des Magpies depuis novembre 2021. Il faut dire, à ce titre, que l’ancien dirigeant des Asémistes n’a pas tardé à faire parler de lui du côté de St James’ Park. Après un mercato estival décevant où la Toon Army n’est pas parvenue à s’offrir de renforts notables malgré les départs de Yankuba Minteh (35M€, Brighton) et Elliot Anderson (41,2M€, Nottingham Forest), le natif de Stalybridge a pris la parole pour justifier ses premières manœuvres dans le comté métropolitain de Tyne and Wear. «Notre modèle était-il en place pour pouvoir dépenser davantage ? Je ne pense pas que ce soit le cas, car nous n’avons pas vendu assez de joueurs pendant cette période, à l’exception de ce que nous avons été forcés de faire par le biais des Premier League’s profit and sustainability rules (PSR, autrement dit le fair-play financier anglais, ndlr)».
Pour rappel, le règlement stipule que les clubs de Premier League ne peuvent pas subir plus de 105 millions de livres sterling de pertes sur une période de trois ans. Sous pression cet été, alors que son mercato post-rachat par le Fonds public d’investissement saoudien avait créé un sacré déficit en 2021, Newcastle a donc dû composer. Dès lors, si Lewis Hall (recruté définitivement contre 33M€), William Osula (Sheffield United, 11,6M€), Lloyd Kelly (Bournemouth, libre), John Ruddy (Birmingham, libre) ou encore Odysseas Vlachodimos (Nottingham Forest, 23,6M€), dans des conditions farfelues, ont débarqué dans le nord-est de l’Angleterre, les Magpies n’ont pas vraiment renforcé leur effectif. Tout du moins leur onze titulaire. De quoi fragiliser Paul Mitchell, nouvel architecte de la formation anglaise ? Rien n’est moins sûr…
Les déclarations de Mitchell font jaser…
Interrogé sur cette fenêtre estivale étonnement calme, l’ex-conseiller stratégique du Cercle Brugge préférait pointer du doigt le département recrutement du club, considéré, selon ses dires, comme «non adapté à l’objectif». Et d’ajouter : «d’autres clubs ont adopté une approche différente au fil du temps, avec plus d’intelligence, plus de données que nous et ont logiquement prospéré lors de cette fenêtre. C’est là que nous devons grandir désormais. Regardez l’argent que nous avons investi jusqu’à présent, 250 millions de livres sterling nets au cours des deux dernières années et demie». Une sortie médiatique provoquant dès lors de fortes turbulences du côté de de St James’ Park mais également son lot de rumeurs, à commencer par un possible départ de… Paul Mitchell, frustré par la tournure des événements. Et ce n’est pas tout. D’ordinaire discret face aux médias, Eddie Howe semble, lui aussi, nourrir une certaine amertume.
Ainsi, si Newcastle a été lié à plusieurs noms de premier plan tout au long de l’été, que ce soit Marc Guehi, sous les couleurs de Crystal Palace, ou encore Anthony Elanga, lié à Nottingham Forest jusqu’en juin 2028, les Geordies n’ont finalement pas réussi à renforcer les postes prioritaires, à savoir un défenseur central et un ailier percutant. Des échecs en partie justifiés par le contexte institutionnel encore instable mais également certains désaccords sur la stratégie de recrutement. Invités en juillet dernier au camp d’entraînement de pré-saison de NUFC dans le sud de l’Allemagne, certains journalistes ont d’ailleurs pu vérifier l’inquiétude du manager anglais quant au virage pris par Newcastle ces dernières semaines. Eddie Howe n’hésitant pas à évoquer «ces nouvelles relations» et donc cette perspective de voir Paul Mitchell mais également le nouveau directeur de la performance, James Bunce, occuper une place de plus en plus prégnante.
L’Angleterre aux aguets…
«C’est fascinant ce qui se passe à Newcastle, en ce moment. De l’extérieur, et je ne suis pas à l’intérieur à Newcastle, si je suis un fan de Newcastle, alors il y a des sonnettes d’alarme. Il (Howe) a parlé des inquiétudes de l’été, il a exprimé le fait qu’il n’était pas aligné avec certaines personnes, il a évoqué la hiérarchie dans le club. Ce ne serait pas une grande surprise de voir Eddie Howe devenir le prochain sélectionneur de l’Angleterre. Les fans de Newcastle doivent être inquiets. Que se passera-t-il ensuite à Newcastle ?», s’alarmait alors l’ancien attaquant des Blackburn Rovers et du Celtic, Chris Sutton. Et pour cause. À l’heure où de nombreuses divergences apparaissent au sein du board anglais, Eddie Howe - qui vient de perdre Amanda Staveley et Mehrdad Ghodoussi, deux puissants alliés - pourrait décider de mettre les voiles. Les médias britanniques s’empressant alors de rappeler que l’enfant d’Amersham est toujours convoité par la Fédération anglaise pour le poste de sélectionneur des Three Lions, à l’heure où Lee Carsley se charge lui de l’intérim.
Des rumeurs poussant finalement l’intéressé à réaffirmer son engagement du côté de St James’ Park. Adoré des supporters, soutenu par sa hiérarchie depuis son arrivée et fort d’une philosophie de jeu qui a d’ores et déjà fait ses preuves - le PSG peut en témoigner - Eddie Howe compte bien tout faire pour trouver une issue positive à cette relation mitigée avec Paul Mitchell. Dans cette optique, The Telegraph affirme d’ailleurs que les deux hommes ont «appris à se connaître» au cours des dernières semaines et sont désormais prêts à mettre les problèmes précédents «derrière eux». «Les deux hommes savent à quoi s’en tenir. Il n’y a pas eu de disputes ces dernières semaines. Ils ont appris à se connaître et à savoir comment ils veulent travailler», notait, à ce titre, une source proche du club. Invaincu après trois matches de Premier League, fort de sept points et qualifié pour le troisième tour de l’EFL Cup, où il affrontera l’AFC Wimbledon, Howe préférait, lui aussi, jouer la carte du rapprochement.
Le classement de la Premier League
«La solidarité me pousse toujours à aller de l’avant. Lorsque vous venez travailler tous les jours, vos interactions avec les joueurs et le personnel que nous avons ici sont un plaisir absolu et un privilège. Je pense que nous avons un excellent esprit d’équipe, et c’est quelque chose que nous devons protéger à tout prix. Les personnes que nous avons recrutées jusqu’à présent nous ont aidés à arriver là où nous sommes», rappelait, en ce sens, l’ex-manager de Bournemouth. Jouissant jusqu’alors d’une autonomie considérable, Eddie Howe va donc devoir composer avec l’arrivée de Paul Mitchell, réputé pour son franc-parler et sa volonté d’imposer sa patte. Après un été agité, tout ce petit monde semble, quoi qu’il en soit, avoir l’intention de travailler main dans la main pour le bien de Newcastle. Jusqu’à quand ? Réponse dans les prochaines semaines, mais nul doute que la Fédération anglaise continuera de scruter de près la situation à Tyneside…
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