Mais que se passe-t-il avec Kai Havertz ?
Annoncé comme le futur maestro de la Nationalmannschaft lors de ses débuts au Bayer Leverkusen, Kai Havertz est, à 24 ans, à la croisée des chemins. Discuté et critiqué en Angleterre, baladé en Allemagne, le natif d’Aix-la-Chapelle est en plein coup de blues.
Samedi 18 novembre 2022. Kai Havertz est titulaire avec l’Allemagne pour affronter la Turquie. Sur le papier, rien de très surprenant, et pourtant, le milieu de terrain polyvalent d’Arsenal est placé en tant que latéral gauche par Julian Nagelsmann. Un coup de poker tenté par le tout jeune sélectionneur. Une ultime tentative pour relancer la machine. Une machine pourtant plutôt performante jusqu’à présent avec la Mannschaft (42 capes, 14 réalisations). Sur son couloir, Kai Havertz entame bien sa rencontre et ouvre même le score en s’étant projeté dans la surface turque (1-0, 5e). Nagelsmann avait tout vu, ou pas.
Alors que la Turquie emballe le match, bien aidée par un public allemand amorphe à Berlin, le joueur d’Arsenal est coupable d’une main qui donnera un penalty à ses adversaires, converti par Yusuf Sari (2-3, 71e). À l’arrivée, l’Allemagne s’incline. Pareil mardi soir face à l’Autriche (2-0). «Il ne s’agit pas de jouer à 3 ou à 4 derrière, ni de savoir si Kai Havertz a joué défenseur gauche. Il s’agit de ces 5 ou 10 % de passion, de dynamisme et d’énergie qui manquaient dans les deux matchs. Il nous manque ces valeurs allemandes», rassurait timidement Rudi Völler après les deux désillusions de la DFB-Team.
Une énième reconversion pour disputer l’Euro 2024 ?
«À 24 ans, Kai Havertz joue comme arrière gauche dans son pays ? Sérieusement ? Quelque chose ne va vraiment pas. Je ne sais pas quoi dire à ce sujet. Pour moi, prendre cette décision, il semble que Nagelsmann ne respecte pas Havertz en tant que joueur. Havertz a passé toute sa carrière à jouer en tant que joueur offensif et ensuite vous l’avez mis arrière gauche ? C’est un manque total de respect de la part du manager», commentait récemment William Gallas, qui n’avait pas été tendre, déjà, cet été, lorsque les Gunners recrutaient l’Allemand.
«Je ne crois pas qu’Havertz était un joueur dont Arsenal avait besoin. Pour moi, même lorsqu’il était à Chelsea, il n’a jamais été assez constant. Il a marqué des buts importants et a eu des fulgurances, mais n’a pas réalisé assez de bonnes performances», disait-il. Des propos inverses à ceux tenus par Julian Nagelsmann : «Kai voulait le faire (jouer latéral gauche, ndlr), il voulait essayer. Je ne vois pas ça comme un risque pour lui, mais comme une bonne, très bonne opportunité pour jouer un rôle clé à l’Euro». Le sélectionneur allemand tente-t-il de motiver son joueur ou est-il plutôt en train de le protéger ? Ce qui est sûr, c’est que les places valent chères sur le front de l’attaque et que celui qui était comparé à Thomas Müller en début de carrière, évolue dès à présent à la même position que Philipp Lahm à l’époque…
Un boulet à 75 millions d’euros
Samedi, dans le sud-ouest de Londres, face à Brentford à 18h30, Kai Havertz aura l’occasion de retrouver du poil de la bête, ainsi que le chemin des filets. Ce sera sans doute plus simple pour lui s’il joue dans une position avancée. Pour l’instant, l’ancien joueur de Chelsea peine à se montrer. À l’image de sa première partie de saison, son seul et unique but en Premier League : un penalty qu’on lui a offert pour se mettre en confiance lors d’un succès 0-4 des Gunners contre Bournemouth, suivi d’une célébration retenue.
L’allemand ne compte qu’une passe décisive également, contre Manchester City (1-0), après le but détourné de Gabriel Martinelli. Un bilan statistique maigre, très maigre mais qui n’étonne probablement pas les journalistes de The Athletic, qui jugeait le joueur de 24 comme le plus gros flop du mercato estival au bout d’un mois de compétition. De quoi faire frémir les supporters rivaux de Chelsea.
Le grand défi de Mikel Arteta
Il faut dire que chez les Blues, en 3 saisons de Premier League, Kai Havertz n’a marqué qu’à 19 reprises en quasiment 100 rencontres de championnat anglais, et n’a distillé que 8 caviars. Mais si les chiffres ne parlent rarement pour le meneur de jeu allemand - qui n’en est pas un a posteriori - c’est surtout son body language qui interroge. À Arsenal, Mikel Arteta ne parvient toujours pas à trouver de poste pour l’ancienne pépite du Bayer 04, club où il évoluait souvent en tant que faux-9. Depuis, Havertz est baladé, souvent à gauche. Que ce soit dans un milieu à trois pour remplacer Granit Xhaka, parti… à Leverkusen, ou même en pointe pour remiser sur ses partenaires. Il l’avait d’ailleurs bien fait face à Manchester City lors du Community Shield. Un manque de repères qui ne l’aide pas.
Quel est le rôle idéal pour celui qui se démarquait à Chelsea, lors des grandes échéances en Ligue des Champions ? Mikel Arteta va devoir le savoir, et vite, car le club londonien a déboursé pas moins de 75 M€ - soit autant que la somme des Blues en 2020 - pour s’attacher ses services. À 24 ans, Kai Havertz ne pourra pas éternellement vivre sur son but héroïque un soir de 29 mai 2021 en finale de Ligue des Champions, et va devoir se faire violence pour enfin, montrer un semblant de régularité dans ses performances en Premier League.
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