Ligue des Champions

Newcastle - PSG : le premier gros fiasco de Luis Enrique

Sous la pluie de St James’ Park et pour sa seconde sortie européenne de la saison, le Paris Saint-Germain a vécu une soirée en enfer face à Newcastle (1-4). Pris dans l’intensité, coupable de nombreuses imprécisions techniques, peu aidé par le système tactique et glacé par l’ambiance incandescente régnant dans l’enceinte des Magpies, le club de la capitale a tout simplement coulé dans le nord de l’Angleterre. Avec ce cinglant revers, les Parisiens cèdent la première place du groupe F à leur bourreau du soir. Le premier véritable affront de ce PSG version Luis Enrique.

Par Josué Cassé
10 min.
Luis Enrique déçu après la défaite contre Newcastle @Maxppp

Une histoire de symboles… Sur les rives du Tyne, aux abords du Castle Keep, dans les allées de Grey Street et plus largement dans tout le nord de l’Angleterre, le choc opposant Newcastle au Paris Saint-Germain, mercredi soir, revêtait un goût particulier. Celui de l’espoir, porté par les 50 000 soldats endiablés de la Toon Army, célébrant, vingt ans après, le retour des Magpies dans la plus prestigieuse des compétitions européennes. Celui, aussi, des souvenirs, à l’instar de Luis Enrique se rappelant des déboires laissées par le Saint James’ Park, situé en plein cœur de la ville. Buteur lors de la défaite des siens en septembre 1997 (groupe C de la C1), l’ancien milieu du Barça espérait, sans aucun doute, un sort opposé à celui jeté par les Geordies de Faustino Asprilla, auteur d’un triplé ce soir-là. Enfin, cette rencontre au sommet - comptant pour la deuxième journée de Ligue des Champions (groupe F) - marquait également une autre opposition, plus politique, entre le champion de France en titre, propriété de Qatar Sports Investments (QSI), et l’actuel 8e de Premier League, désormais détenu par le fonds souverain d’Arabie saoudite. Un «Golfico» aux saveurs diverses où chaque protagoniste se fixait, en revanche, un même objectif commun : contribuer au récit historique de cette mythique enceinte.

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Classement live

Un 4-2-4 en grande souffrance !

Intronisé entraîneur de Newcastle en novembre 2021 et comblé par la dynamique actuelle des siens (4 victoires et 1 nul lors des 5 dernières rencontres toutes compétitions confondues), Eddie Howe alignait, pour ce choc, un 4-3-3 avec l’ancien Lyonnais, Bruno Guimaraes, présent dans le cœur du jeu et Alexander Isak aligné en pointe. Porté par environ 2000 supporters, dont 500 ultras, pour ce test aussi attendu que périlleux, le club de la capitale se présentait, de son côté, en 4-2-4 avec la ferme ambition de confirmer les belles promesses aperçues contre le Borussia Dortmund (2-0) lors de la première journée. Cinquième de Ligue 1 avec 12 points - l’un des bilans les plus faibles depuis le rachat par QSI en 2011 - le PSG espérait, par ailleurs, (enfin) trouver la régularité qui lui fait tant défaut depuis le début de saison. Pour ce faire, Luis Enrique optait donc pour un onze très offensif. Devant Gianluigi Donnarumma, Lucas Hernandez, Milan Skriniar, Marquinhos et Achraf Hakimi formaient l’arrière-garde parisienne. Sur le banc pour le déplacement à Clermont le week-end dernier, Manuel Ugarte et Warren Zaïre-Emery faisaient logiquement leur retour dans l’entrejeu. Enfin, sur le front de l’attaque et pour percer la défense hermétique des Magpies, Randal Kolo Muani et Ousmane Dembélé accompagnaient Gonçalo Ramos et Kylian Mbappé.

Oui mais voilà, dans le chaudron de St James’ Park, acquis à la cause de ses protégés, la soirée tournait rapidement au cauchemar pour les Parisiens. Malgré une première mèche allumée par Dembélé (5e), le PSG - peu aidé par le système choisi - subissait le pressing intense de Newcastle, prêt à tout pour écrire une page de son histoire. Apathique, pris dans l’impact physique et coupable de nombreuses erreurs de relance, le club francilien craquait d’ailleurs sur une transmission catastrophique de Marquinhos. Contré par Guimaraes, le capitaine des Rouge et Bleu voyait son gardien cédait, en deux temps, face à Almiron (1-0, 17e). Incapable de réagir et toujours aussi friable collectivement, la bande de Luis Enrique baissait, un peu plus, la tête juste avant la pause. À la conclusion d’un nouveau mouvement des locaux, bien aidés par la défense amorphe de leurs adversaires, Dan Burn prenait le meilleur face à Skriniar pour faire le break (2-0, 40e). Furieux et réclamant une main de Jamaal Lascelles au départ de l’action, les coéquipiers de Mbappé, invisible en terres anglaises, n’étaient finalement pas sauvés par la VAR. Sur son banc, Luis Enrique enrageait un peu plus, KM7 laissait lui exploser sa rage.

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Une déroute collective, des défaillances individuelles…

Une colère qui n’empêchait cependant pas les visiteurs de se noyer définitivement au retour des vestiaires… Une nouvelle fois surpris dans leur dos, les Franciliens ne pouvaient pas non plus compter sur Skriniar, bien trop laxiste dans son duel face à Longstaff, pour sauver la mise. Pas attaqué et profitant d’une faute de main de Donnarumma, le milieu anglais embrasait alors totalement St James’ Park (3-0, 50e). Complètement sonné, le PSG vivait sa première grosse déroute. Si Lucas Hernandez, bien servi par Zaïre-Emery, atténuait quelque peu la note (3-1, 56e) et que Luis Enrique décidait de lancer Barcola et Vitinha en lieu et place du transparent Kolo Muani et du décevant Ugarte, le mal était déjà fait. Ou presque… Bien décidé à faire basculer cette soirée dans l’irréel, Fabian Schär envoyait un missile dans la lucarne parisienne (4-1, 90+1e) pour parachever le succès historique des Toons. Dépassé collectivement et trahi par certaines prestations individuelles indigestes (Mbappé, Kolo Muani, Skriniar, Marquinhos…), le PSG ne pouvait alors que s’incliner. Une terrible débâcle confirmant, un peu plus, l’irrégularité parisienne en ce début de saison. Une claque installant, par ailleurs, les premiers doutes autour de l’ère Luis Enrique.

Architecte de ce nouveau PSG, le technicien espagnol a, en effet, prouvé qu’il cherchait encore ce système efficient. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce 4-2-4 dessiné dans le nord de l’Angleterre n’a clairement pas été à la hauteur des attentes. Un schéma tactique plaçant, d’une part, le milieu parisien dans une situation d’infériorité face au trio Tonali-Longstaff-Guimaraes. Peu aidée par la faible implication du quatuor offensif parisien - excepté Dembélé auteur de quelques décrochages dans l’entrejeu - l’arrière-garde francilienne s’est, d’autre part, trop souvent retrouvée acculée devant sa propre surface. Asphyxiés par les Magpies, les Rouge et Bleu multipliaient alors les imprécisions techniques et les erreurs de relance. Symbole de cette défaillance ? La soirée cauchemardesque vécue par le duo Skriniar-Marquinhos. Une défaite collective qui ne doit d’ailleurs pas faire oublier le manque de mordant individuel des troupes de Luis Enrique, à l’instar de Mbappé, auteur d’une prestation sans saveur, de Ramos, encore trop peu impactant, ou de Kolo Muani, totalement dépassé par les évènements. De quoi alarmer les principaux concernés ? Difficile à dire au regard des réactions tenues au coup de sifflet final…

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Rien d’alarmant pour le vestiaire parisien !

«La prochaine fois il faudra rentrer avec plus d’impact. On savait qu’ils allaient presser haut dès le début. C’était à nous de bien savoir gérer les temps faibles et forts. C’est le foot, c’est la Ligue des Champions», déclarait ainsi Lucas Hernandez au micro de Canal + avant d’en remettre une couche face aux journalistes de RMC Sport. «On n’a pas mis ce qu’il fallait sur le terrain, et ça s’est vu sur le résultat, et un peu sur le jeu. C’est à nous d’apprendre de nos erreurs. C’est un projet avec beaucoup d’envie, on est tous conscient du rôle qu’on joue pour ce club. C’est à nous de montrer ça sur le terrain et pas devant les caméras ou les micros». Relancé sur les choix tactiques de son entraîneur, l’ancien défenseur du Bayern Munich confirmait, lui aussi, les difficultés vécues : «c’est un choix du coach, on voulait essayer de mettre en difficulté la défense adverse. Parfois ça marche, parfois non. Ce soir ça n’a pas marché». Questionné, à son tour, sur la défaillance parisienne, le jeune Warren Zaïre-Emery préférait quant à lui insister sur les erreurs individuelles, sans forcément comprendre les maux réels de ce PSG-là.

«Ce n’est pas un match raté mais on a fait beaucoup d’erreurs. Ils sont venus nous chercher haut, on le savait. On va revoir toutes les erreurs pour nous améliorer et devenir une équipe encore meilleure. Je ne sais pas où sont les problèmes, on va regarder ça pour s’améliorer. Ce n’est pas une question d’âge mais de personnalité, le public a fait beaucoup de bruit mais ça ne doit pas nous déstabiliser. Ce n’est que le deuxième match, il en reste plein et on va tout faire pour finir premier». Si les joueurs parisiens ne semblaient donc pas s’alarmer - Gonçalo Ramos évoquait lui des «petits détails» à l’origine de cette déconvenue - Manuel Ugarte pointait quand même une certaine défaillance dans les attitudes. «Newcastle a été plus agressif, ils reviennent en Ligue des Champions, c’est nouveau pour eux. Je dis ça dans le bon sens mais je pense qu’on aurait pu faire plus en termes d’attitudes, au niveau individuel mais bon ce n’était pas uniquement à cause de nous. C’est aussi à eux que revient le mérite. Il ne faut pas oublier qu’on est deuxième de ce groupe et il faut continuer», lançait l’Uruguayen en zone mixte avant de détailler : «on aurait pu faire un meilleur match mais la différence était trop grande entre ce qu’on voulait faire et ce qui s’est passé durant le match. Newcastle a très bien joué, a beaucoup pressé. Il faut maintenant corriger les erreurs et penser au prochain match. Newcastle était très bien organisé, ils étaient très forts, chez eux. L’ambiance a toujours un impact, les supporters étaient forts mais on aurait pu faire mieux malgré tout. On aurait pu faire plus mais la différence de buts ne reflète pas le match».

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Luis Enrique assume totalement !

Interrogé en conférence de presse, Luis Enrique assumait, de son côté, pleinement ce premier gros revers depuis son intronisation sur le banc parisien. «Je suis le premier responsable pour le résultat de l’équipe. Je suis le premier et dernier responsable du résultat d’aujourd’hui». Avant d’en dire plus sur ses choix tactiques : «pourquoi ce système ? Je suis l’entraîneur, je dois décider. Si je n’ai pas changé en seconde période, c’est que je pensais que c’était le mieux et je continue de le penser. C’est un résultat très favorable pour eux. On ne mérite pas ce résultat. On a eu beaucoup de bonnes positions, quand les espaces sont si petits il faut essayer de mieux jouer. C’est un mauvais résultat pour nous mais on doit continuer notre trajectoire. Défaite importante ? Je ne sais pas». Pour autant et malgré certaines attitudes douteuses du PSG tout au long de la rencontre (faible intensité, courses peu tranchantes, agacements récurrents, placement approximatif ou encore une combativité questionnable…), l’ancien sélectionneur de la Roja ne souhaitait pas remettre en cause le comportement de ses protégés…

«Il n’y avait aucun problème avec l’attitude de mes joueurs. Peut-être que vous avez vu un autre match. L’attitude était optimale. Le résultat est juste, mais le score excessif. Je suis content avec ce que les joueurs ont fait à part dans les trente derniers mètres. Ils ont fait ce que j’attendais d’eux (…) On a joué deux matches, on est deuxièmes. Le groupe est intéressant. Je félicite Newcastle qui a mérité sa victoire bien sûr mais je le répète, le résultat est un peu excessif et ne reflète pas la différence entre les deux équipes. On doit améliorer certaines choses pour la suite», assurait dans cette optique le tacticien parisien. Un discours assez étonnant et contrastant avec les impressions laissées mercredi soir. Une chose est sûre, si la première défaite de la saison du PSG face à l’OGC Nice avait soulevé quelques interrogations, l’humiliation vécue à St James’ Park ne fait que les renforcer. Comme relevé par le statisticien Opta, le PSG concède ainsi son deuxième plus large revers sous QSI en Ligue des Champions, après le 8 mars 2017 (1-6 à Barcelone en 8e de finale). Une réaction est désormais attendue, à moins que cette gifle ne laisse plus de traces que prévu….

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