Les confessions glaçantes de Yann M’Vila sur sa longue dépression
Quatre ans après son départ de Saint-Étienne, Yann M’Vila a fait son retour en France en s’engageant jusqu’en juin 2026 avec le SM Caen, récemment racheté par le clan Mbappé. Dans un long entretien accordé à Ouest France, le milieu défensif de 34 ans est revenu sur ses débuts en Normandie mais également ses longs mois de dépression. Morceaux choisis.
Rennes, le Rubin Kazan, l’Inter, Sunderland, Saint-Étienne, l’Olympiakós Le Pirée, West Bromwich Albion et désormais le SM Caen. Au cours de longue et riche carrière, Yann M’Vila a vadrouillé. Longtemps considéré comme l’un des grands espoirs du football français, le natif d’Amiens a finalement décidé de faire son retour dans son pays natal en août dernier. Libre de tout contrat et en quête d’un nouveau challenge, l’ex-international tricolore (22 sélections, 1 but) se laissait ainsi séduire par le projet du SM Caen, aujourd’hui piloté par la famille Mbappé.
Le football comme échappatoire
Dans un entretien accordé à Ouest France, le droitier d’1m83 est d’ailleurs revenu sur ses débuts en Normandie. Mais ce n’est pas tout. Pour le quotidien régional, le nouveau numéro 6 de la formation caennaise - 14e de Ligue 2 - s’est également confié sur ses premiers pas chaotiques dans le football. Repéré par l’Amiens SC à l’âge de 9 ans sur le parking d’un cirque, M’Vila voyait, en effet, le ballon rond comme une véritable bouffée d’oxygène. «J’avais fait un essai et c’était concluant. Je vivais en foyer à ce moment-là. Dans un foyer de femmes victimes de violences, avec ma mère. Vous ne pouvez pas savoir la solidarité qu’il y a entre ces femmes qui vivent le même enfer».
Et d’ajouter : «je l’ai vécu et c’est comme ça que j’ai aussi appris à être solidaire avec les autres. Malgré la tristesse qu’on a pu avoir avec mes frères et soeurs, on a vécu de très bons moments car on était tous ensemble. Alors quand j’étais petit, le foot était une passion, mais aussi un défouloir. C’était le seul moyen de m’évader». Doté d’un talent au-dessus de la moyenne et dans le viseur de plusieurs cadors français (PSG, Lille, Lens), le principal concerné décidait finalement de s’envoler en Bretagne pour rejoindre le centre de formation du Stade Rennais. «L’objectif, c’était de devenir professionnel et de faire de l’argent. Quand je signe mon premier contrat pro, je prends un appartement et je fais venir ma mère et mes soeurs. Je voulais donner à ma mère la vie qu’elle mérite. Elle nous a sauvées et je lui dois tout».
2016, le début d’une longue dépression
Des intentions honorables qui ne se concrétiseront pourtant jamais. La faute à une relation plus que délicate avec son père… «Je n’ai pas pu lui en faire profiter. Mes premières paies, mon père avait procuration. Si j’étais payé le 5 du mois et que j’allais au distributeur le 6 ou le 7, il n’y avait déjà plus rien. Mon père prenait tout. J’ai eu des moments très difficiles avec mon père. Je devais aller à 00h01 au distributeur, quand la paie tombe, pour retirer mon argent et pouvoir aider ma mère», expliquait, à ce titre, M’Vila. Sous pression sur le plan personnel mais toujours aussi bankable sur les terrains, l’Amiénois choisissait alors de rejoindre le Rubin Kazan. Un choix surprenant, qui plus est face aux intérêts d’Arsenal et du FC Barcelone.
En Russie (2013-2018 avec différents prêts au cours de cette période), le franco-congolais traversait, là-encore, des moments compliqués. Au point même de le plonger dans une longue phase de dépression. «Je ne vais pas dire que l’argent ne fait pas le bonheur car il y contribue et facilite les choses. À ce moment-là, je touche 500 000 € nets par mois. En deux mois, j’avais le million. Mais j’étais dans ma chambre, à faire une dépression. J’avais cet argent sur une carte, elle ne m’a servi à rien. Quand ça t’attrape, ça t’attrape. Et ça ne te lâche plus. Je n’arrivais plus à rentrer dans un avion. Je faisais du yoga, je prenais des cachets. Le soir, le docteur me faisait une piqûre dans les fesses pour que j’arrive à me calmer, à m’endormir».
C’est Caen le bonheur ?
Si le joueur désormais âgé de 34 ans a, par ailleurs, reconnu que ces crises d’angoisse ont perduré «un petit peu à Saint-Étienne», c’est bien chez les Verts que sa longue descente aux enfers s’achevait finalement, et plus précisément après une lourde défaite face au FC Metz… «On perd 3-0 là-bas (17 janvier 2018) et je prends énormément de plaisir. C’est là que je me suis dit : en fait, je suis capable. Il n’y a plus besoin d’avoir peur, et j’ai pu enchaîner». Fort d’une expérience incontestable et libéré mentalement, le milieu tricolore aspire désormais à retrouver des couleurs sous le maillot du SM Caen. Et si le collectif normand peine encore à séduire, Yann M’Vila s’est, lui, d’ores et déjà affirmé comme une pièce maîtresse de l’effectif dirigé par Nicolas Seube (7 titularisations en 8 rencontres, 1 passe décisive). Pourvu que ça dure…
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