Coupe du Monde 2022 : le grand paradoxe néerlandais
Revenus dans le concert des meilleures nations du monde après quelques années d'errance, les Pays-Bas n'en ont pas encore fini avec tous leurs maux. Malgré une première place dans leur poule, ils s'apprêtent à disputer un 8e de finale de Coupe du Monde face aux Etats-Unis avec un niveau de jeu qui inquiète beaucoup.
La victoire modeste. Ce n'est pas le genre de la maison mais au coup de sifflet final du match contre le Qatar, il n'y a pas eu de grande effusion de joie de la part des joueurs hollandais. Vainqueurs sans briller du pays organisateur 2-0, ils validaient pourtant la première place du groupe, qui leur offrent un 8e de finale assez équitable face aux États-Unis. Ils n'ont pas perdu non plus dans cette première phase mais personne n'est vraiment dupe aux Pays-Bas. Malgré son retour dans les grands tournois internationaux, après avoir manqué l'Euro 2016 et la Coupe du Monde, et avoir été éliminée dès les 8es du dernier Euro par la République tchèque, cette équipe est très laborieuse dans le jeu, chose qui ne plaît pas beaucoup au pays de Johan Cruyff, en témoignent les critiques acerbes d'anciennes gloires comme Marco van Basten ou Franck de Boer.
«Si les Pays-Bas atteignent la finale comme ça, ça ne sert à rien», commente même un éditorialiste de De Telegraaf. «Cette équipe joue surtout à ne pas perdre», assène un autre. Des propos qui s'entendent mais qui ne plaisent pas à Louis van Gaal. Ce dernier a même mis au défi les journalistes néerlandais présents au Qatar en leur donnant rendez-vous le 18 décembre, le jour de la finale. «Vous pouvez donner votre avis, mais je ne suis pas d'accord avec vous sur le fait que la mise en œuvre laisse à désirer. Je ne vais pas m'étendre là-dessus non plus. Je pense que vous voyez le football d'une manière différente de la mienne. Resterez-vous ici jusqu'à la finale ? Eh bien, alors vous nous reverrez.»
Les critiques pleuvent sur les Oranje
Très expérimenté, le Pelican en a vu d'autres mais force est de constater qu'il peine à trouver la bonne formule depuis le début de la compétition. Confronté à la blessure de Depay et a ses états d'âme, aux difficultés de Van Dijk et à un De Jong qui ne trouve pas ses marques, le sélectionneur de 71 ans a pourtant tout essayé ou presque : une défense à trois avec et sans De Ligt, un joueur à associer à De Jong (Berghuis contre le Sénégal, Koopmeiner face à l'Équateur, puis De Roon pour le Qatar), Gakpo en soutien de l'attaque ou en attaque... Différentes options qui n'ont pas apporté leurs lots de satisfaction. Les joueurs eux-mêmes le constatent. L'alchimie ne prend pas, comme les observateurs pouvaient le craindre avant le début de la compétition.
«Nous n'avons pas bien joué. Mais nous n'avons pas non plus laissé passer la moindre occasion. Je pense que mon propre jeu était bâclé» reconnaissait De Jong après le Sénégal. Après le Qatar, Van Dijk voyait lui une forme de progression dans les prestations même s'il se dit conscient des limites actuelles de son équipe. «Je pense que nous avons gagné en confiance. Nous n'avons pas laissé passer beaucoup d'occasions. Nous aurions pu en créer davantage, mais nous n'avons pas pris de but, gagné 2-0 et obtenu la première place du groupe. Ce que nous ressentons, c'est que nous devrions mieux jouer, et que nous devons le faire. Peut-être que ça va déclencher les joueurs maintenant que les matches à élimination directe commencent.»
Van Gaal ne trouve pas la bonne formule
Le défenseur de Liverpool n'a pas tort. Tout le monde le répète, un nouveau tournoi commence après la phase de groupes. Cette première place va donner confiance à un groupe qui en besoin. Le niveau va s'élever également. Là où des formations du premier tour n'ont pas su profiter des erreurs bataves, la donne ne sera pas la même au fur et à mesure de la compétition. À l'heure d'affronter les États-Unis, Van Gaal n'a finalement qu'une seule certitude : la grande forme de Cody Gakpo, déjà buteur à trois reprises. «Je pense qu'ils ont même l'une des meilleures équipes, très bien coordonnées, mais nous avons aussi une bonne équipe, du moins je le pense, assume le sélectionneur à la veille du match. J'ai une vision des choses et les joueurs veulent mettre en œuvre ce projet.»
D'après lui, il ne faudra surtout pas prendre cette équipe à la légère, d'autant que pas mal de ses joueurs ont attrapé froid ces derniers jours à cause de la climatisation. «Ils ont de nombreux joueurs dans les meilleurs clubs européens. Il est donc logique qu'ils obtiennent des résultats, c'est le résultat de leur processus. Ce n'était peut-être pas prévu par tout le monde aux États-Unis, mais quand on les voit jouer au football, il est clair qu'ils auront des opportunités.» Surtout que Gregg Berhalter a su donner une identité de jeu aux Américains depuis le début du Mondial et il s'inspire notamment des Pays-Bas, pour y avoir joué pendant 6 ans au PEC Zwolle, au Sparta Rotterdam et au SC Cambuur. Mieux que personne, il connaît cette petite musique. «C'est le pays aux 17 millions de sélectionneurs. Vous avez entendu la même chose en 2014.» Pour une demi-finale, sous Van Gaal...
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