Atalanta - OM : la vague phocéenne prête à choquer Bergame !
L’Atalanta accueille l’Olympique de Marseille ce jeudi soir, en demi-finale retour de la Ligue Europa. Malgré un nombre de places très limité, les Marseillais se tiennent prêts à envoyer un message à l’Italie. Reportage dans les rues de Bergame où les supporters de l’OM préchauffent déjà à quelques heures du coup d’envoi de ce choc.
Après le nouvel échec du Paris Saint-Germain en Ligue des Champions avec cette élimination en demi-finale contre le Borussia Dortmund, le football français place son ultime espoir européen dans les mains de l’Olympique de Marseille, toujours en lice pour empocher un ticket pour la grande finale de la Ligue Europa. En effet, les Phocéens, qui ont dû se contenter d’un match nul (1-1) à l’aller au Vélodrome, vont devoir réaliser un joli accomplissement face à l’Atalanta ce jeudi sur la pelouse du stade Atleti Azzurri d’Italia - Gewiss Stadium pour la rencontre retour. Contrairement à l’affiche face à Benfica où la deuxième manche de ce quart se jouait à domicile, les supporters de l’OM auront la lourde mission de porter les couleurs d’une ville et la voix d’un peuple en Lombardie, alors que ce déplacement en Italie a été un vrai périple à organiser avec un parcage limité qui fait déjà littéralement trembler la ville de Bergame depuis le match aller. Tous les médias italiens ont été dithyrambiques quant à la ferveur populaire et l’ambiance électrique du Vélodrome.
À l’unanimité, les journalistes italiens ont été choqués par l’enceinte phocéenne, lors de la première manche de la double confrontation, au point où les supporters marseillais sont devenus un paramètre à ne pas négliger pour les joueurs de Gian Piero Gasperini. Pourtant, l’Italie est un pays où le football est érigé au rang d’art et où les tifosi et autres groupes d’ultras ont un véritable rôle prépondérant dans la culture et la société. La Gazzetta dello Sport écrivait : «je ne sais pas combien de stades en Europe ont une ambiance qui se rapproche même de celle du Vélodrome : pour gagner ici, dans une telle ambiance, on a le sentiment qu’il faut un véritable exploit. Anfield ressemble à une bibliothèque en comparaison». Le Corriere della Sera ajoutait que «pendant tout le match, le stade a tremblé. Les deux virages se répondent dans un jeu sans égal. La Dea a dû faire face à l’effet Vélodrome, unique en Europe». La Repubblica avait poursuivi avec une analyse similaire, affirmant «L’Atalanta était plus forte que l’OM, mais le Vélodrome est un conteneur de bruits décomposés car chaque secteur du stade supporte à sa manière. Résultat, un incroyable grondement qui ne s’arrête jamais».
Un parcage limité, mais en feu
Dans un stade en travaux réduit à 15 000 places, seulement 750 sièges seront disponibles dans le parcage extérieur du Gewiss Stadium. Un nombre très limité, surtout pour l’un des clubs les plus populaires de France qui ont pour habitude de réaliser de grands déplacements impressionnants. Mais cette exception n’a pas effrayé les Marseillais qui ont débarqué en Lombardie avec une grande motivation : «je ne pense pas que le nombre de supporters dans un parcage ait une influence sur la capacité de mettre le feu au stade ou non. Il faut qu’on mesure la chance de faire partie des 750 supporters qui y seront, qui vont suivre leur équipe en 1/2 finale de coupe d’Europe, donc je pense qu’on est tous surmotivé pour tout donner à nos joueurs. Avec cette mentalité, ça peut faire beaucoup de bruits à 750, autant que 4000 supporters endormies», nous confie Clément qui a pris la route mercredi soir afin de ne rien rater de cette grande affiche dorée.
Alors que l’OM connait une saison en dents de scie, marquée par de nombreuses blessures et pas moins de quatre entraîneurs sur son banc, ce match retour contre l’Atalanta représente une occasion en or de finir cette campagne d’une manière historique. Les supporters ne cachent pas leur excitation pour l’une des rencontres les plus importantes des dernières années : «je reste confiant pour ce match retour. On a fait un match solide à l’aller, on méritait la victoire. Bien qu’on ait seulement 4 victoires TCC à l’extérieur cette saison, je sens que l’OM peut renverser Bergame et aller décrocher cette finale. L’Europe est dans l’ADN de l’OM, contrairement à notre adversaire et ça peut faire la différence. C’est clairement un des matchs les plus importants de l’histoire de l’OM, ça fait des années qu’on manque de titres, on est à 90 minutes d’une finale européenne, l’enjeu est immense et on espère que les joueurs en ont bien conscience», explique Clément, supporter de l’OM et membre de l’une des associations présentes à Bergame cette semaine. Mais comment choisir ces 750 chanceux ? C’était toute la vaste question à laquelle il fallait répondre.
Une organisation pointilleuse
Un vrai casse-tête s’est imposé à tous les groupes de supporteurs qui ont été contraints de rejeter beaucoup de demandes. Finalement, les 750 places seront réparties entre les noyaux des différentes associations dont certaines ont rencontré quelques soucis avec la règle imposée par les Italiens du billet nominatif : «la grosse contrainte est venue des autorités italiennes qui imposent des billets nominatifs. On a donc été obligés de fournir nos informations personnelles. Tout cela a perturbé notre organisation, en effet lorsqu’il y a des désistements, on met en place un système de file d’attente. Ici c’est arrivé, or les autorités italiennes ont refusé le changement sur les billets. On s’est donc retrouvés avec une personne en moins dans le J9 (mini-bus de la marque Peugeot, ndlr) et avec une place en trop. Hormis ça, je ne me souviens pas de difficultés particulières par rapport à d’habitude», nous certifie un membre du conseil d’administration qui a tenu à conserver l’anonymat. Le système de billet nominatif avait déjà contrarié les supporters du FC Nantes la saison passée, lorsqu’ils s’étaient rendus à Turin pour la rencontre contre la Juventus en Ligue Europa.
La ville de Bergame a organisé une nouvelle réunion mercredi pour mettre en place une procédure officielle. Ainsi, les groupes marseillais seront rassemblés sur la Piazzale Alpini, où la police sera présente pour surveiller la situation, avant que des navettes seront mises à disposition pour emmener en sécurité les supporters français au Gewiss Stadium. Une ferveur que promettent les Marseillais qui y seront : «je ne pense pas que l’on "installe" une ferveur. La ferveur ne s’organise pas, tu l’as ou tu ne l’as pas. Là tu auras 750 motivés. Tous auront conscience de la chance qu’ils ont d’y être, ce seront des animaux surexcités dans cette cage. On a un jeune adhérent de l’association qui remplace la personne qui s’est désistée, faute du changement de nom sur le billet, il restera sûrement dans le J9 ou il ira dans un bar voir le match avec un local qu’on connait. Tant qu’il pourra rentrer dans le parcage. Les difficultés organisationnelles ont été principalement liées à la forte demande de places dans la section (30) et au nombres de places qui nous ont été attribuées (9)», a conclu ce supporter marseillais de cette association qui a participé à la logistique et l’organisation de ce déplacement en Italie. Impressionnée au Vélodrome, l’Italie pourrait être choquée en ses terres sur le match retour.
Les autorités italiennes sur le qui-vive
Derrière cette ferveur marseillaise se cache une intense préparation de la municipalité bergamasque. Malgré le faible nombre nombre de billets mis à disposition de l’OM, la ville de Bergame attend plus d’un millier de supporters marseillais dans ses rues jeudi. En raison d’une réputation assez négative de l’autre côté du Mont-Blanc, les mesures de sécurité seront strictes. La présence de la police avait déjà été considérablement renforcée dès mercredi dans les endroits les plus à risque comme les alentours de la gare et le quartier médiéval fortifié très populaire de la Città Alta. Dans l’après-midi de mercredi, la présence de supporters dans la ville était encore assez faible, malgré quelques maillots de l’OM dans la Città Alta, mais aucun groupe ultra. La majorité des associations marseillaises ont pris la route dans la nuit de mercredi à jeudi pour une arrivée à Bergame dans la matinée. Parmi les précautions, la Commune de Bergame a renouvelé l’habituelle ordonnance anti-alcool : de jeudi 9 heures du matin à vendredi 6 heures du matin dans les zones situées telles que le Gewiss Stadium, le Centro Piacentiniano et le Centro storico di Città Alta, la vente des boissons alcoolisées au-dessus de 5 degrés est interdite dans des récipients ou canettes, y compris pour les supermarchés et les distributeurs automatiques.
La consommation de boissons alcoolisées est néanmoins autorisée dans les restaurants «à condition qu’elle intervienne en même temps que la consommation immédiate de nourriture et uniquement dans les locaux servant à la servir ou dans les zones régulièrement autorisées». Présent à Bergame, Foot Mercato a interrogé les Carabinieri déployés dans les rues : «en plus de 15 ans dans la police de Bergame, j’ai rarement autant préparé une semaine pour un match de football. On a eu beaucoup de réunions ces dernières semaines et on a activé le dispositif bien plutôt que prévu. La France a eu une semaine particulière avec des jours fériés donc on voulait anticiper. Nous ne sommes pas là pour jouer les méchants arbitres, on connait l’importance du football, mais on veut d’abord calmer le jeu avec les Marseillais et éviter que la fête soit gâchée», nous explique Tommaso, policier bergamasque et supporter de l’Atalanta. En tout cas, les tifosi ont du répondant puisque le journal local L’Eco di Bergamo a distribué plus de 20 000 drapeaux bleus et noirs créés en collaboration avec le club et l’aéroport, afin que les habitants puissent décorer les balcons des maisons. Une manière de faire ressentir à l’équipe la proximité d’une ville entière. Une façon de sceller ce lien indissoluble qui existe entre l’Atalanta et ses habitants. Pour faire voler encore plus loin une équipe qui enchante et qui fait rêver sur les ailes de l’enthousiasme.
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