Issa Kaboré : « je veux que mon avenir soit à l'OM »
Acheté à Malines par Manchester City alors qu'il ne comptait que cinq rencontres en pro, le piston droit Issa Kaboré (21 ans), après un prêt à Troyes, a débarqué du côté de l'OM, le club de ses rêves. De ses débuts à aujourd'hui, l'international burkinabé s'est confié à Foot Mercato.
Foot Mercato : tout a été très vite pour vous dans votre carrière. Quels sont vos premiers souvenirs d'enfance par rapport au football ?
Issa Kaboré : tout a commencé au Burkina. On n'avait pas de vrais ballons alors on jouait pieds nus avec des pamplemousses. Tout a débuté au quartier jusqu'au jour où on a entendu qu'on pouvait faire des tests. J'ai été faire le test, c'était dans ma ville de Bobo-Dioulasso. J'ai réussi le test, puis je suis parti à l'internat.
FM : comment ça s'est passé ensuite ?
IK : déjà c'est à 18 kilomètres de chez moi et, au Burkina, 18 kilomètres ce n’est pas tout proche. Je suis parti à l'âge de douze ans. C'était dur, mais je suis parti faire quelque chose que j'aimais et je me suis fait des amis. Nous étions quatorze gamins, ce n'était pas trop dur finalement, même si j'étais le seul de mon quartier à rejoindre l'internat.
FM : à quoi ressemblaient les journées à l'internat ?
IK : c'était de la formation. On était petits. On partait à l'école de l'internat et ensuite on jouait au foot. C'était comme ça la première année. Souvent on était fatigué. La deuxième année, on a été dans une école du village, le matin et l'après-midi. La nuit, on s'entraînait. Après on a fait deux années, on a décidé d'arrêter parce qu'on voulait se concentrer uniquement sur le football. On s'entraînait alors le matin et le soir, c'est comme ça que j'ai progressé. Mais il faut être dur. On était quatorze personnes avec beaucoup de talent. Sur ces quatorze, j'étais dernier ou peut-être avant-dernier niveau talent.
FM : Charles Kaboré, qui est votre cousin, a joué à l'OM. Quels étaient vos rapports lors que vous étiez un enfant ?
IK : lorsque j'étais petit, il venait voir mon père, nous sommes de la même famille. On était souvent là quand il venait. Il nous aidait financièrement, nous donnait des ballons. C'est quelqu'un de bien, de très sympa. Il venait à chaque vacance qu'il avait.
FM : c'est là que naît votre rapport au football et à l'Olympique de Marseille ?
IK : c'est Marseille tout de suite ! C'est grâce à lui que je connais Marseille. Je ne connaissais aucun autre club. Quand on allait au cybercafé, on cherchait tout sur Marseille. On regardait les photos de la ville, du centre de formation, des joueurs. On essayait de trouver des correspondants à Marseille pour y venir !
FM : finalement, quels liens créez-vous avec la ville et le club sans jamais y être allé ?
IK : quand tu regardes quelque chose tout le temps, tu aimes forcément, tu t'y attaches. Je ne faisais que regarder Marseille quand j'étais petit, c'était vraiment magnifique.
« Quand on m'a dit que City me voulait, j'ai répondu : "non, ce n'est pas vrai" »
FM : et finalement votre premier club professionnel, ce sera en Belgique...
IK : j'ai fait sept ans à l'internat. Entre temps, alors que j'étais très jeune, j'ai fait un test à l'Ajax. Je devais repartir, mais finalement je ne suis pas rentré à cause de la Coupe d'Afrique des moins de 20 ans. J'ai aussi tenté ma chance au Danemark avant d'arriver à Malines.
FM : puis tout va très vite, vous faîtes cinq matches, puis vous signez à Manchester City
IK : c'était un truc de fou ! Incroyable ! Je ne m'attendais pas du tout à ça. J'ai joué cinq matches sur les sept dernières journées, puis il y a eu le COVID, donc on a stoppé. Il y avait au moins huit équipes qui m'avaient contacté et quand on m'a dit que City aussi, j'ai répondu : "non, ce n'est pas vrai" (rires). Finalement, c'est devenu une réalité.
FM : à ce moment-là, il se passe quoi dans votre tête ?
IK : est-ce que j'ai de la chance ? Est-ce que je suis un bon joueur ? Un peu des deux, je pense. D'un côté, il faut travailler et de l'autre, il faut avoir de la chance. Le talent, ça ne suffit pas. Il faut d'abord travaillé et la chance, c'est super important. J'ai travaillé, j'ai travaillé, j'ai travaillé. Il y a eu les cinq matches, puis City, donc un peu de chance aussi.
FM : comment vous trouvez les installations de City ?
IK : alors, je signe mon contrat en Belgique. Je ne vois les installations que cet été, avant d'arriver à Marseille (rires).
FM : après un prêt à Malines, vous rejoignez Troyes et découvrez la Ligue 1. Vous croisez alors Adil Rami. Qu'est-ce qu'il vous dit de l'OM ?
IK : souvent, il nous parlait de l'OM. Mais, moi je parlais peu de ça. Souvent on se taquinait simplement. Mais il m'a dit que c'était un grand club et que les supporters étaient incroyables.
FM : le jour où vous croisez la route de l'OM, qu'est-ce que vous ressentez ?
IK : d'abord on s'est déplacé au Vélodrome. Il n'y avait pas de supporters donc c'était décevant. On voulait goûter à cette ambiance. Ensuite, ils sont venus chez nous. C'était un très bon match, on a fait 1-1.
FM : vu votre amour de l'OM, avez-vous eu du mal à préparer ce match ?
IK : je n'arrive pas à réaliser parce que c'est vraiment magnifique. Quand on m'a dit : "la prochaine journée, on joue contre l'OM", je me suis dit "Ah c'est l'OM !" Il fallait donc se préparer, on ne sait jamais. Il faut bien s'entraîner, bien te reposer pour être à la hauteur parce qu'ils ont de très bons joueurs, c'est une très grande équipe. Je ne sais pas comment expliquer cette sensation... C'était magnifique. C'était dur de dormir, tu te demandais comment ça allait se passer. Il fallait être à la hauteur. Tu imagines ce que tu vas faire avant le match, tu joues le match avant.
FM : la CAN se passe, vous y participez avec le Burkina Faso, vous êtes élu meilleur latéral droit et meilleur jeune. Tout se passe pour le mieux...
IK : c'est pas mal ! Avec le travail que j'ai fourni, j'ai eu des récompenses et honnêtement ça fait plaisir. Mais ce n'était pas suffisant, il m'en fallait encore plus.
« je n'avais pas besoin d'être convaincu pour signer à l'OM »
FM : il y a les premiers contacts avec l'OM. Comment ça se passe ?
IK : je m'en rappelle très bien ! Il y avait beaucoup d'équipes qui me voulaient et avec qui je parlais. Quand j'ai entendu qu'il y avait l'OM, j'ai dit à mon agent qu'il fallait se calmer et qu'il fallait attendre l'OM. Quand mon agent m'appelle, j'étais avec ma famille, dans ma chambre. J'ai appelé ma femme pour lui dire que je n'y croyais pas, que c'est Marseille qui me voulait. C'était incroyable. On était vraiment très content.
FM : comment s'est passé votre discussion avec Pablo Longoria ?
IK : honnêtement, je n'avais pas besoin d'être convaincu (rires). Ce qui m'a fait plaisir, c'est qu'il me connaissait depuis longtemps. Déjà, quand j'étais à Malines, l'OM me voulait et moi je voulais venir, mais ça ne s'est pas fait. Quand il m'a appelé, j'étais très content de parler au président de l'OM. Il connaissait mes capacités et ça fait vraiment plaisir.
FM : comment s'est passé votre découverte de Marseille, de l'OM et du centre d'entraînement ?
IK : c'était mieux que ce que j'imaginais. C'est même beaucoup plus que ce que j'imaginais. C'est beaucoup plus beau, c'est beaucoup plus grand. Les terrains d'entraînement, le staff... Tout est magnifique.
FM : vous découvrez le Vélodrome, comment le vivez-vous ?
IK : c'était incroyable, je ne sais pas comment l'expliquer cette sensation. Le match, vraiment c'était magnifique. Les supporters criaient. En plus, on devait pousser, pousser, pousser. C'était "wahou". Ce qui revenait dans ma tête, c'est qu'on devait essayer de gagner. C'était exceptionnel. À la fin du match, je me suis senti très bien. C'est un peu comme si c'était là où je devais être.
FM : parlons un peu de votre poste de piston droit. Comment vivez-vous la concurrence avec Jonathan Clauss ?
IK : on se parle beaucoup avec Jonathan. Il n'y a aucun problème entre nous ! C'est une très bonne personne, qui est joyeuse, qui parle avec tout le monde. Il n'y a pas de souci. Je suis sûr que ça va me faire grandir. Cette concurrence va beaucoup m'apprendre. J'apprends d'ailleurs beaucoup auprès de Jonathan. Je le regarde beaucoup, j'apprends des choses pour le futur.
FM : vous êtes un excellent contre-attaquant, mais sur quoi vous devriez progresser ?
IK : je dois m'améliorer au niveau tactique et surtout des centres. Je dois progresser sur tous les plans pour pouvoir être au top, en réalité.
FM : comment se comporte le coach avec vous ?
IK : on discute beaucoup. On parle de ce que je dois faire, de comment progresser. J'écoute beaucoup et je regarde pour appliquer tout ce qu'il demande. Il m'apprend beaucoup aussi défensivement. Je n'ai jamais regardé ses matches par contre (rires).
« Une qualification en C1 ? J'y crois »
FM : vous avez aussi découvert la Ligue des Champions.
IK : c'est un rêve ! La musique, ça donne la chair de poule, c'est vraiment un rêve. C'est vraiment un autre niveau.
FM : comment vous expliquez les difficultés qu'a connues l'OM ?
IK : la Ligue des Champions, c'est une grande compétition. Je pense que nous avons très bien abordé les matches. Mais c'est sûr que ce ne sont pas les résultats que l'on voulait. Je pense que la chance ne nous a pas souri lors de ces deux matches. Je pense qu'on n'a pas bien entamé, mais je crois encore en la qualification.
FM : vous allez aussi retrouver la sélection avant de reprendre. Vous allez tout raconter à vos coéquipiers ?
IK : j'arrive quand même un peu à oublier le club quand je suis en sélection. Parce que c'est autre chose. La sélection, j'y ai plein d'amis, notamment de l'académie. Ce sont mes meilleurs amis. On ne se voit pas souvent parce qu'on est dans des clubs et des championnats différents, on se retrouve en sélection, c'est super. On se raconte des choses. Là, je vais leur raconter mes premiers pas à l'OM, comment ça se passe ici.
FM : à la fin de l'année, l'OM pourra, ou non, lever l'option d'achat (20 M€), quel est votre souhait ?
IK : mon avenir, je veux que ce soit l'OM. J'aimerais bien rester ici. J'ai envie de laisser ma trace ici. Je ne pense pas que ça va être dur, parce que déjà j'aime ce club et franchement, je ne pense pas que ça sera difficile.
En savoir plus sur