Coupe du Monde 2022 : comment l'Ukraine se prépare pour les barrages malgré la guerre
Alors que la Guerre la frappe de plein fouet, l'Ukraine a vu son football s'arrêter prématurément. Pour autant, le rêve d'une qualification pour la Coupe du monde 2022 reste possible et la Zbirna se prépare avec minutie pour les barrages contre l'Écosse et éventuellement le Pays de Galles. Focus.
Alors que le contexte de guerre entre la Russie et l'Ukraine perdure et que l'aspect émotionnel reste compliqué à supporter, la sélection ukrainienne est néanmoins mobilisée. En effet, le mercredi 1er juin, elle va jouer un barrage capital contre l'Écosse avant de potentiellement affronter le Pays de Galles le dimanche 5 juin afin de participer à la Coupe du monde 2022. Une belle perspective pour la Zbirna dont la seule et unique participation à la Coupe du monde remonte à 2006 et cela serait un symbole fort compte tenu du contexte actuel. Pour autant, si le rêve s'annonce beau, la mise en adéquation de celui-ci s'annonce compliquée. La guerre a déjà bien perturbé la préparation avec un groupe aux états de forme disparates. Profitant d'un stage en Slovénie pour retrouver la forme, l'équipe nationale s'est basée sur 25 joueurs locaux dont Mykhailo Mudryk (Shakhtar Donetsk) et Oleksiy Gutsulyak (Dnipro -1) qui ont connu leur première convocation. Parmi ces éléments, un écrémage a eu lieu tandis que les Ukrainiens jouant à l'étranger rejoindront le groupe au compte-gouttes.
Une préparation encourageante, mais qui laisse encore planer des doutes
Le sélectionneur a opté pour Andriy Lunin (Real Madrid), Vitaliy Mykolenko (Everton), Eduard Sobol (Bruges), Taras Kacharaba (Slavia Prague), Oleksandr Zinchenko (Manchester City), Ruslan Malinovskiy (Atalanta), Andriy Yarmolenko (West Ham), Oleksandr Zubkov (Ferencvaros), Roman Yaremchuk (Benfica) et Danylo Sikan (Hansa Rostock). Après un début de préparation en Slovénie un peu tronqué où il y a eu un litige entre la fédération ukrainienne et le Dynamo Kiev qui refusait de libérer ses joueurs, car le club avait aussi des matches caritatifs à disputer, des matches amicaux ont été prévus et disputer par l'Ukraine afin de monter en puissance. La première rencontre a été la plus intéressante contre le Borussia Mönchengladbach avec une victoire 2-1 contre le club allemand sur des buts du phénomène Mykhaylo Mudryk et d'Oleksandr Pikhalyonok. Une belle première suivie d'une victoire contre Empoli (3-1) et d'un match nul contre Rijeka (1-1). Des résultats et des prestations encourageantes, mais qui soulèvent certains doutes.
Surtout que les joueurs venant de l'étranger devront vite se mettre au diapason dans les prochains jours. Le portier Andriy Lunin étant d'ailleurs engagé en finale de Ligue des Champions ce samedi (comme l'Écossais Andrew Robertson). Ancien international ukrainien qui a marqué le Dynamo Kiev, Vladislav Vashchuk a été plutôt sur la retenue dans des propos relayés par Sport : «jusqu'à présent, les impressions de l'équipe nationale ne sont pas aussi excitantes que nous le souhaiterions. Je m'attends à ce que nous allions toujours à la Coupe du monde, mais nous devons tout mettre en œuvre pour gagner et obtenir un billet.» Ce dernier attend d'ailleurs beaucoup des stars évoluant à l'étranger qui vont vite rejoindre la sélection. Sélectionneur entre 2001 et 2003 et ancienne gloire du Dynamo Kiev, Leonid Buryak a de son côté des craintes sur le fait de se déplacer en Écosse : «oui, j'ai peur de ce match avec les Ecossais... J'ai joué en Ecosse et je sais à quel point c'est difficile là-bas. Malgré le fait que les Écossais se soient récemment améliorés de manière significative dans le jeu avec ballon, l'essentiel pour les affronter sera une bonne condition physique, une endurance sous une pression folle. J'espère que l'équipe ukrainienne aura le courage de ne pas flancher.»
Tout un pays uni dans la difficulté
Plus que jamais unie au cours des dernières années de par sa situation politique, l'Ukraine s'appuiera en matière de football sur une équipe plus motivée que jamais. L'objectif est clair : apporter de la fierté à tout un peuple et transmettre un message d'espoir pour le futur du pays en participant à la deuxième Coupe du monde de son histoire. Jeune défenseur du Shakhtar Donetsk, Valeriy Bondar en est bien conscient comme il l'a évoqué pour Sport : «le processus de formation se déroule très bien. On se prépare pour l'un des matchs les plus importants de notre vie.» La légende locale Andriy Shevchenko qui était de l'aventure en 2006 a aussi apporté son soutien aux joueurs : «de nombreux joueurs de l'équipe nationale ukrainienne n'ont pas du tout eu l'occasion de s'entraîner avant le match contre l'Ecosse. Mais je crois qu'un miracle est possible parce que je sais quelle est leur motivation.»
Directeur sportif du Shakhtar Donetsk, le Croate Darijo Srna a lui aussi affiché son optimisme : «physiquement, l'équipe est bien préparée, se prépare mentalement pour le 1er juin et attend les joueurs qui jouent à l'étranger. Les gars sont très motivés, et je peux dire avec confiance que les joueurs ukrainiens et le staff donneront toute leur force, plus de 100%, pour apporter le succès sportif et beaucoup de joie à l'Ukraine et se rendre à la Coupe du monde. Nous l'espérons et les encourageons.» Alors que l'Ukraine devra se contenter de confrontations internes en vue du match contre l'Écosse, car elle n'a pas trouvé d'adversaire qui correspondait à ses demandes (soit des équipes trop faibles, soit un problème de calendrier), c'est donc une équipe assez floue qui se présentera contre la Tartan Army. Pour autant, la motivation ne manquera pas afin de réaliser la sensation. Un an après son bel Euro 2020 qui s'est achevé en quart de finale, l'Ukraine veut écrire une autre belle page de son histoire footballistique. Celle-ci aurait un goût évidemment particulier puisque le contexte est encore plus compliqué que l'été dernier.
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