Quasiment 8 mois après la finale de la Ligue des Champions 2019/2020, le PSG et le Bayern Munich se retrouvent en quarts de finale de l’édition 2020/2021. L’occasion pour nous de revenir sur ce qui avait vraiment mis en difficulté les Parisiens à Lisbonne et comment ils devront y faire face pour se qualifier en demi-finales de la compétition.
Une défaite 0-1, de nombreuses occasions gâchées en première période, un Manuel Neuer intraitable dans ses buts, une sensation d’usure et d’impuissance qui s’est installée en deuxième période. Voici le constat qu’avait pu faire le PSG, alors entraîné par Thomas Tuchel, lors de la finale de la Ligue des Champions, le dimanche 23 août 2020 à Lisbonne. Huit mois après, que reste-t-il de cette courte mais cruelle défaite ?
Du côté du Bayern Munich, le seul joueur majeur à avoir quitté le club est Thiago Alcantara, mais les Munichois feront sans Robert Lewandowski, blessé au genou, contre le PSG. Les Bavarois se sont tout de même renforcés sur les ailes avec les arrivées de Leroy Sané et Douglas Costa par rapport à l’année dernière tandis que Choupo-Moting, arrivé du PSG à la fin de l’été, pourrait remplacer Lewandowski en pointe lors de la double confrontation. Du côté du PSG, Thomas Tuchel a été remplacé par Mauricio Pochettino et de nouveaux joueurs sont venus renforcer l’équipe comme Moïse Kean, Alessandro Florenzi, Rafinha ou Danilo tandis que la légende Thiago Silva a rejoint Chelsea.
Malheureusement pour les Parisiens, les retrouvailles avec le Bayern Munich seront gâchées par les absences de Marco Verratti et Alessandro Florenzi, tous deux positifs à la Covid-19, de Mauro Icardi et Layvin Kurzawa, blessés, tandis que Leandro Paredes est suspendu et que Neymar manque clairement de rythme. Le rapport de force lors de ces quarts de finale sera donc légèrement différent et en faveur du Bayern Munich, dont les points forts n’ont pas changé depuis la finale de 2020. Le PSG devra donc être particulièrement vigilant pour ne pas retomber dans les mêmes pièges.
Le pressing agressif et intense du Bayern Munich
Lors de la finale de la Ligue des Champions 2020 à Lisbonne (dont l’analyse tactique est à découvrir ici), le Bayern Munich avait exercé un pressing haut, et même un contre-pressing (presser dès la perte de balle) agressifs dès les premières minutes de jeu. Si bien que les Parisiens avaient multiplié les dégagements et les pertes de balle dans leur propre moitié de terrain, ce qui avait permis au Bayern d’imposer son jeu et de dicter le tempo de la rencontre. Cette façon de presser haut fait toujours partie des principes de jeu d’Hansi Flick, l’entraîneur bavarois, donc les Parisiens doivent se préparer à ce type de défense intense et agressive qu’elle ne rencontre quasiment jamais en Ligue 1 Uber Eats.
Mais cette façon de défendre n’est pas sans faille et les Parisiens pourraient en profiter à condition de pouvoir bien sortir le ballon sous la pression. L’absence de Verratti dès le coup d’envoi de la finale avait été préjudiciable pour le PSG même si Paredes et Marquinhos, avaient par trois fois réussi à sortir de la pression et à donner des occasions de buts au trio Mbappé, Neymar, Di Maria. Privé de Paredes et de Verratti, Mauricio Pochettino pourrait décider d’aligner Angel Di Maria en tant que relayeur pour ajouter de la qualité technique au milieu de terrain pour sortir les ballons. Neymar pourrait aussi avoir pour consigne de redescendre chercher les ballons plus bas, chose qu’il n’avait pas faite lors de la première période de la finale en août, toujours dans un souci de pouvoir sortir le ballon de la pression. Se pose la question du dispositif qui sera mis en place par Mauricio Pochettino ? Une piste probable serait un 4-3-3 mais avec Di Maria et Gueye aux côtés de Danilo au milieu de terrain. Il ne faut pas oublier la piste Rafinha qui pourrait aussi aider à sortir le ballon de la pression.
Davies ou Coman, choisissez votre poison ?
À Lisbonne, le Bayern Munich avait su exploiter les côtés. Principalement le gauche en première période puis le droit en seconde. Hansi Flick avait eu la malice d’aligner Kingsley Coman et Alphonso Davies du même côté (le gauche) pour donner des problèmes quasiment impossibles à résoudre pour les Parisiens. La meilleure occasion du Bayern Munich en première période est venue de ce côté gauche avec une course de Coman vers l’intérieur, pour fixer l’arrière droit parisien Kehrer et Thiago Silva afin de libérer le couloir pour Davies, qui avait parfaitement exploité cet espace et adressé un ballon de but à Lewandowski, qui avait frappé sur le poteau de Keylor Navas.
Lors du huitième de finale aller de la C1 contre la Lazio Rome (4-1), Davies et Coman ont une nouvelle fois été alignés du même côté et malgré la présence d’un piston, les deux ont été à l’origine du deuxième but munichois. Sur cette action, au lieu de rentrer vers l’intérieur, Coman a cette fois réalisé une course vers l’extérieur pour libérer de l’espace dans le demi-espace gauche qu’ont su exploiter Davies, Goretzka puis Musiala.
Avoir ces deux joueurs ultra rapides et capables d’éliminer par le dribble et de déborder avec aisance (en rappelant que Douglas Costa, qui a le même profil que Coman, est sur le banc) est un problème quasiment insoluble pour l’adversaire. D’autant plus que le côté droit demeure désormais aussi doté d’un joueur très fort en un-contre-un (Leroy Sané) et des joueurs comme Müller et Goretzka sont très forts pour exploiter les espaces dans le cœur du jeu.
Thomas Müller et de Leon Goretzka, les dévoreurs d’espace
Si la performance de Thiago Alcantara avait, à juste titre, particulièrement été saluée à l’issue de la finale, celles de Thomas Müller et de Leon Goretzka avaient aussi été déterminantes, même si elles furent moins visibles. Le premier s’était distingué par ses déplacements, toujours au bon endroit et au bon moment, et par la justesse de sa lecture du jeu. Sa remise en retrait en une touche pour Kimmich sur l’unique but du Bayern Munich fut une action de grande classe.
Le second fait aussi preuve d’une grande intelligence de jeu, s’insérant à la fois au niveau du meneur reculé pour aider à la sortie de balle et se projetant dans la surface en phase offensive. Ces projections de Leon Goretzka dans la surface sont de plus en plus redoutables puisqu’il a déjà inscrit 8 buts cette saison en club (+ 8 passes décisives). Et même lorsqu’il ne marque pas, l’international allemand fixe l’attention des défenseurs pour libérer ses coéquipiers.
Les Parisiens devront veiller à ne pas se faire aspirer par les ailiers hyper rapides du Bayern Munich mais également à ne jamais perdre de vue les roublards que sont Thomas Müller et Leon Goretzka, un duo décisif contre le RB Leipzig le week-end dernier (1-0). Il ne faudra pas non plus oublier la faculté de Joshua Kimmich à bien orienter le jeu de son équipe et à lancer parfaitement ses ailiers dans la profondeur si on lui laisse trop de temps de manœuvre. Ce qui demande une vigilance de tous les instants même avec l’absence de Robert Lewandowski.
L'inconstance de la première ligne défensive
Après une très belle prestation en première période lors de la finale, les Parisiens avaient peu à peu plongé physiquement au fil de la rencontre. Notamment le trio d’attaque. Très vigilants sur leur travail défensif lors de la première partie de la rencontre, le trio s’est peu à peu relâché au retour des vestiaires. À l’origine de l’unique but de Coman, il y a une sortie de balle trop facile de Thiago Alcantara au milieu de terrain alors que Neymar était à proximité et qu’il ne l’a pas pressé.
Ce sont ce genre d’attention aux détails qui peut la différence à ce niveau de compétition. Les Parisiens, et notamment les attaquants, ne pourront pas se permettre de défendre par intermittence. Gêner les sorties de balle du Bayern Munich et provoquer des erreurs techniques seront l’une des clés de cette opposition. À Lisbonne, les Parisiens avaient eu deux belles opportunités sur des cadeaux offerts par les Bavarois qu’ils n’avaient pas su concrétiser.
Concrétiser les opportunités de contres
Même si le Bayern Munich paraît invincible, il n’est pas infaillible. D’autant plus lors de cette saison 2020/2021. En championnat, les Munichois ont déjà concédé 35 buts après 27 journées, contre 32 encaissés lors de l’intégralité de la saison 2019/2020. Le Bayern Munich, qui aime positionner ses joueurs haut en attaque, est donc vulnérable sur transition défensive. Cela peut faire les affaires du PSG et de Kylian Mbappé. Diminué en août, l’international français est actuellement en pleine possession de ses moyens et tout le monde sait à quel point il peut faire mal quand il a beaucoup d’espace à exploiter face à lui.
Dans cette optique d’optimiser les contres, Mauricio Pochettino pourrait aligner Moïse Kean pour apporter cette vitesse supplémentaire. Quid du positionnement de Neymar ? Le Brésilien pourrait être aligné en faux neuf, en étant accompagné de Mbappé à gauche et de Kean à droite. Aligner Mbappé sur le côté gauche face à Pavard ou Süle semble la meilleure solution tandis que Kean donne l’avantage de mieux défendre le couloir que Neymar ou Di Maria.
Dans cette configuration et au vu de la philosophie offensive du Bayern Munich, il paraît peu probable que les Parisiens ne se procurent pas d’occasions franches sur contres à l’Allianz Arena. Ils en avaient eu quatre à Lisbonne qu’ils n’avaient pas su convertir et qui ont déterminé l’issue de la rencontre. Pas sûr qu’il en soit de même lors de cette double confrontation. Faites vos jeux, les paris sont ouverts...
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