Falcao a-t-il une vraiment une chance de disputer la Coupe du Monde ?

« Je tiens à vous remercier pour les messages de soutien de ces dernières heures, écrit l’attaquant colombien de Monaco. Je suis très touché par l’affection émanant de différentes parties du monde. Je ne vous cacherai pas que ma tristesse est énorme, que mon cœur est brisé, mais il y a un tout petit espoir et c’est suffisant pour croire que mon rêve de Mondial est toujours vivant. Dieu rend possible l’improbable. Et moi, je crois en lui ! » Hier soir, Radamel Falcao est sorti du silence et a confié sur les réseaux sociaux son espoir de disputer le prochain mondial. Mais si l’attaquant colombien s’accroche à son doux rêve, il n’a en réalité que peu de chances d’y parvenir, notamment si l’on se rapporte aux cas similaires à celui d’El Tigre, mais également à l’avis de médecins interrogés sur le sujet.

En France, le cas qui se rapproche le plus de celui de l’attaquant monégasque est celui de Mickael Landreau. Le 3 juillet 2009, le gardien international tricolore, qui jouait alors au LOSC, avait été victime de la même blessure que Falcao, à savoir d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou droit. Il était revenu à la compétition 4 mois plus tard. De quoi donner des motifs d’espoir à la Colombie ? Pas forcément à écouter Franck Le Gall, médecin du club nordiste interrogé dans l’Equipe. « On dit qu’il faut six mois pour se remettre d’une rupture d’un ligament croisé, mais ça peut être moins. On se met souvent des freins, alors qu’il faut proposer un travail précis et accompagner le joueur. C’est une question d’investissement, d’encadrement, de chance, pour éviter d’éventuelles complications. Le choix de la technique chirurgicale peut avoir une incidence sur la rééducation. »

Pour rappel, c’est José Carlos Noronha, un chirurgien portugais proche de l’incontournable Jorge Mendes et considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du genou dans le monde, qui sera en charge de l’opération. Un homme qui a déjà remis sur pied, Lucho Gonzalez, Didier Drogba, Thiago Motta ou encore Cristiano Ronaldo.
Un retour en forme d’ici le mois de mai est possible, mais pourrait bien avoir des conséquences dramatiques pour la suite de la carrière du joueur, surtout s’il brûle certaines étapes essentielles de rééducation comme l’explique Le Gall. « S’il met l’investissement nécessaire, pourquoi pas. Le danger c’est d’aller trop vite si son genou ne le permet pas. » Même son de cloche chez Bertrand Sonnery-Cottet, chirurgien orthopédique spécialiste du genou interrogé par RMC. « Soit, ils font le protocole classique et c’est six mois. Soit, il a une évolution qui est très satisfaisante et il pourrait se permettre de participer à la Coupe du monde. Mais avec une prise de risque. Et notamment la re-rupture. La greffe n’étant pas mature, elle peut se rompre beaucoup plus facilement. »

Interrogé également par la radio, Eric Di Meco a lui aussi mis en garde devant une reprise trop précoce après une telle blessure, une expérience qu’il a vécue particulièrement et qu’il peut justement expliquer. « J’avais 28 ans lorsque je me suis fait les croisés, raconte-t-il. J’ai rejoué au bout de quatre mois et demi. Vous verriez comment je marche aujourd’hui… On ne fait plus reprendre les mecs avant six mois maintenant. (S’il reprend trop vite), Falcao aura la jambe tordue, comme moi. Il aura de l’arthrose à 40 ans et se fera remettre la jambe droite. » Pas sûr que cette perspective réjouisse Radamel Falcao et l’AS Monaco, aussi bien du fait de la valeur du joueur (60 M€) que de son âge (27 ans).