Audience tendue entre DAZN et LFP au tribunal de commerce
La LFP et DAZN avaient rendez-vous devant le tribunal de commerce de Paris. Les deux parties ont exprimé leurs reproches et attendent désormais le verdict dans une ambiance toujours crispée.

Après trois jours de conflit à travers diverses prises de paroles dans les médias, c’est aujourd’hui qu’avait lieu la première confrontation directe entre la LFP et DAZN. Après le refus du diffuseur de verser l’intégralité de l’échéance de février (elle a mis sous séquestre les 35 M€ non versés), la Ligue avait assigné la plateforme britannique en référé devant le tribunal de commerce de Paris pour défaut de paiement. L’audience avait lieu ce vendredi matin dans une atmosphère tendue. Sans revenus télévisuels, la faillite des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 est réelle. Il y a de quoi être inquiet.
D’où la nécessité de régler ce conflit le plus rapidement possible. De son côté, DAZN reproche aux clubs une réticence à ouvrir leurs portes afin de produire du contenu, et à la LFP son manque d’implication en matière de lutte contre le piratage. Le public boude le diffuseur depuis le début de la saison en raison d’un prix à 40 euros par mois bien trop élevé par rapport aux tarifs pratiqués par le passé, et se tourne vers du streaming illégal. 500 000 personnes seulement se sont abonnés à la chaîne, chiffre confirmé pour la première fois ce matin, pour un objectif de 1,5 million. On est loin du compte.
DAZN a exposé ses griefs contre la LFP et les clubs
«La LFP ne tient pas son réseau de distribution, lâche l’avocat de DAZN, Jean-Luc Larribau, devant le président du tribunal. Elle est une tête de réseau, elle a une fonction de police de ce réseau», poursuit-il avant de s’attaquer aux clubs, eux aussi responsables alors que leur dépendance à l’argent des droits TV devrait les obliger à avoir plus de considération envers les Britanniques. «La contestation sérieuse saute aux yeux». «On utilise tous les leviers possibles» rétorque par sa part un avocat de la LFP, mettant en avant que le piratage a explosé depuis la venue de DAZN et son abonnement à 40 euros mensuels.
Si ce n’était pas le sujet du jour, le tarif pratiqué en début de saison a étonné les juges en comparaison aux chiffres des dernières saisons. Face au danger imminent pour les trésoreries des clubs, les avocats de la LFP ont demandé une provision de 35 M€ en plus d’une injonction pour DAZN de faire exécuter l’ensemble de ses obligations jusqu’à la fin de saison. «On a démontré qu’il n’y avait aucun manquement suffisamment grave. Nous ne traitons pas les dirigeants de DAZN d’incompétents, contrairement à leurs écritures» affirme un avocat de la LFP, particulièrement inquiet pour la santé financière des acteurs du foot français.
Réponse d’ici le 28 février
Après les passes d’armes, l’audience a pris fin. L’ordonnance sera rendue dans un délai maximum de 14 jours en raison des 110 pages de conclusions du dossier. DAZN a lui pris l’engagement de maintenir la somme due sous séquestre durant ce délai. Si l’ordonnance est favorable à la LFP, les fonds devront être versés, ce à quoi se sont engagés les représentants du diffuseur. La réponse interviendra donc au plus tard le 28 février, date à laquelle les clubs pourront espérer être payés… ou non dans le cas d’une ordonnance défavorable. Tout le monde croise les doigts.