RC Lens, Gaëtan Robail : « j’ai la chance de pouvoir reporter ce maillot »
Série - Episode 4. Contraint par le fair-play financier et après avoir supprimé son équipe réserve, le Paris Saint-Germain a consenti à plus de 50 départs durant l’été 2019, qu’il s’agisse de membres de son staff ou de joueurs. Pour savoir comment ils ont rebondi, Foot Mercato va aux nouvelles. Quatrième épisode avec le Lensois Gaëtan Robail pour évoquer son parcours sinueux jusqu’aux hauteurs de la Ligue 2.
Foot Mercato : Gaëtan, comment allez-vous après un mois de confinement (l’interview a été réalisée au lendemain de la troisième allocution présidentielle) ?
Gaëtan Robail : au début, ça allait. Maintenant, ça commence à faire long. Surtout que l’on est confinés encore un mois de plus. On fait comme tout le monde, on patiente.
FM : les occupations commencent à manquer ?
GR : je fais du sport le matin et puis… (soupir) l’après-midi je m’occupe comme je peux. Ma compagne travaille, elle, donc elle sort mais moi, je suis chez moi donc ce n’est pas facile.
FM : vous tournez un peu en rond quoi.
GR : oui.
FM : pour la fin de saison, de nombreux scénarios sont évoqués ici et là…
GR : (il coupe) il y a un peu tout et n’importe quoi oui.
FM : vous n’y prêtez pas attention ?
GR : j’attends qu’il y ait du concret. Hier, le Président (Emmanuel Macron, ndlr) a rallongé (la période de confinement) donc on devrait être fixés rapidement.
« j’ai dit à ma mère que je voulais arrêter le football »
FM : cet été, vous avez quitté le PSG pour le RC Lens après deux prêts consécutifs au Cercle de Bruges et à Valenciennes. À Paris, la page était refermée depuis un moment ?
GR : oui, par rapport aux stars qu’il y a et à mon âge. Le PSG cherche des jeunes prometteurs et moi, je suis un peu ancien (26 ans, ndlr). J’aurais pu faire les entraînements avec les professionnels mais je n’aurais peut-être pas eu la chance d’évoluer en Ligue 1.
FM : vous avez été frustré de ne pas y avoir joué la moindre minute en équipe première ?
GR : frustré non. Je savais que ce serait compliqué d’avoir du temps de jeu et j’ai quand même fait les entraînements avec les professionnels pendant la moitié de la saison (2016-2017, ndlr). Sachant que je venais du monde amateur, ce n’était pas forcément facile, il y avait beaucoup d’étapes de franchies d’un coup. En quittant Lens (libre à l’âge de 17 ans, ndlr), j’ai dit à ma mère que je voulais arrêter le football parce que l’entraîneur que j’avais cette année-là m’avais dégoûté. Mais elle m’a dit : 'il faut que tu continues, ce n’est pas parce que tu n’es plus à Lens que tu n’auras plus ta chance'. J’ai écouté son conseil et j’ai repris goût au foot en m’entraînant et en me faisant de nouveaux coéquipiers à Arras. Et puis, quatre ans après, le PSG m’a appelé pour me faire signer donc je n’ai pas hésité.
FM : comment dégoûte-t-on du football un garçon de 17 ans ?
GR : je m’entraînais toute la semaine et le week-end, je n’étais jamais dans le groupe.
FM : sans explication ?
GR : non, je n’avais aucune explication. Surtout que je n’étais pas sous contrat donc je pouvais arrêter à n’importe quel moment.
FM : et finalement vous devenez professionnel au PSG.
GR : le contrat était professionnel, c’est comme si je l’étais, mais je ne le voyais pas comme ça. J’avais signé à Paris mais je jouais avec la réserve. C’était tout nouveau pour moi, je ne comprenais pas trop tous les types de contrat. C’est ensuite que j’ai réalisé la confiance que le club m’accordait et l’importance de mon rôle avec la réserve.
FM : quel était votre rapport avec Unai Emery ?
GR : il ne m’a jamais parlé en tête à tête mais je sentais qu’il m’aimait bien parce que quand un joueur se blessait, c’est souvent moi qu’il venait chercher (en réserve, ndlr). Donc je pense que ce n’était pas par hasard.
FM : l’été suivant, vous êtes prêté au Cercles de Bruges mais l’histoire tourne court.
GR : le club m’a sollicité pour jouer et progresser en D2 belge alors que j’avais d’autres pistes en Ligue 2 mais au final, je me suis fait avoir. Le directeur sportif me voulait mais pas l’entraîneur. Je n’étais jamais dans l’équipe (il y a disputé 181 minutes). On m’avait déjà fait le coup plus jeune et je savais que j’étais prêté, donc j’ai décidé de retourner au PSG (en janvier 2018, ndlr).
« C’était un rêve quand j’étais petit qui s’est brisé ensuite »
FM : la suite est tout autre puisque votre prêt d’un an et demi à Valenciennes est une réussite (45 rencontres, 17 buts et 8 passes décisives) et que vous êtes aujourd’hui un joueur reconnu en Ligue 2. Comment vivez-vous ce changement de statut ?
GR : je ne me pose pas trop de questions et j’essaie de jouer mon football, peu importe l’équipe en face. C’est vrai que ce n’est plus pareil. Quand je me promène dans la rue ou que je fais des courses, on me reconnait à chaque fois. Ça n’a rien à voir avec ce que c’était il y a quatre ans…
FM : avec les effets néfastes qui vont avec comme lorsque vous avez été sifflé face à Lorient début novembre…
GR : c’est sûr que ça fait bizarre. Surtout que c’était la première fois. Quand tu sais que tu n’as pas été très bon, que tu sors et que tu es devant 25 000 personnes qui te sifflent… Après, tout le monde ne te siffle pas mais ça fait quand même du bruit donc ce n’est pas facile. C’était une mauvaise période mais j’ai réussi à la dépasser.
FM : pour vous, c’est une émotion spéciale de jouer devant un tel public (4e affluence de L1 derrière Marseille, Paris, Lyon et Lille cette saison) avec le maillot du RC Lens ?
GR : c’était un rêve quand j’étais petit qui s’est brisé ensuite. Là, j’ai la chance de pouvoir reporter ce maillot. J’essaie de la saisir et pour l’instant, tout va bien. Je vais tout faire pour que ça continue et remettre le club là où il devrait être, c’est à dire en Ligue 1.
FM : justement, cet été vous aviez aussi des touches en Ligue 1 (à Strasbourg notamment). Lens, c’était le choix du cœur ?
GR : non, Lens c’est tout simplement le premier club qui m’a proposé un contrat. Ça m’arrangeait aussi parce que c’était chez moi (il est né à une cinquantaine de kilomètres de Lens, ndlr) mais ce n’est pas parce que c’était Lens. Si ça avait été un autre club de Ligue 1, je n’aurais peut-être pas signé au RCL.
FM : le 25 février, votre entraîneur Philippe Montanier a été licencié (et remplacé par Franck Haise), vous vous y attendiez ?
GR : pas du tout. Je l’ai appris le matin même à la radio. C’était un peu bizarre. On ne savait pas si on allait s’entraîner ou s’il y avait quelqu’un pour reprendre le groupe.
FM : à l’instant T, vous estimez que votre retour chez les Sang et Or est un choix payant ?
GR : c’est compliqué de répondre sans avoir fini la saison. Au départ, ça n’a pas été simple par rapport à la ferveur du public lensois et les gens qu’il y a autour. Ç'a été un peu mieux après, on verra bien pour la suite.
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