FC Barcelone, Real Madrid : pourquoi l’Espagne est à fond derrière la Super League

Par Max Franco Sanchez - Aurélien Léger-Moëc
5 min.
Joao Felix face à Jude Bellingham, célébrant son doublé face au Barça @Maxppp

Le projet de Super League crée beaucoup de polémique aux quatre coins de l’Europe, et pour l’instant, la tendance est plutôt au rejet de cette nouvelle compétition. Sauf en Espagne où elle compte de nombreux soutiens.

Le FC Barcelone et le Real Madrid ont beau être ennemis jurés et leurs supporters ont beau se chamailler tout au long de la saison ; il n’en reste pas moins que ce sont deux clubs que l’on pourrait qualifier de clubs amis. Ou du moins, de clubs partenaires. Outre cette rivalité historique qui lie à jamais les deux ogres du foot espagnol, ils sont avant tout des business partners, et ces dernières années, ils ont bien plus souvent travaillé main dans la main que face à face, même s’il est vrai que la récente affaire Negreira a créé un peu de tensions. Quoi qu’il en soit, cette Super League qui semble plus d’actualité que jamais est un autre bel exemple que les directions des deux formations sont d’accord sur bon nombre de sujets et souhaitent mener à bien des opérations en commun. D’ailleurs, l’Espagne semble être le seul pays européen où la Super League a le vent en poupe, pas forcément auprès des clubs, mais auprès des supporters et des médias. Il faut d’abord comprendre que depuis des années déjà, le Barça et le Real Madrid cherchent à diversifier leurs sources de revenus. Même si les droits TV augmentent constamment en Espagne - ce qui n’est pas le cas partout - le gap avec les clubs anglais est bien trop important dans le volet financier. L’Espagne est en retard pour bien des raisons : la Premier League a mieux travaillé son ouverture sur les marchés internationaux ou l’a fait plus tôt du moins, la culture anglophone est mieux importée à l’étranger et en Asie notamment, les supporters anglais ont un plus grand pouvoir d’achat que les supporters espagnols et peuvent donc dépenser plus d’argent en abonnements et produits dérivés etc… Tout un tas de facteurs qui expliquent un retard qui pourrait être rattrapé, du moins selon Florentino Pérez et Joan Laporta, par la création de cette nouvelle compétition.

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Et les deux hommes sont influents. Très influents. Javier Tebas, farouchement opposé à ce projet, en est conscient et a déjà expliqué à maintes reprises que « Florentino Pérez est intouchable » et qu’il est peut-être même l’homme le plus influent d’Espagne. C’est plus ou moins la même chose pour Joan Laporta à l’échelle catalane. Depuis des années déjà, les deux présidents mènent un combat acharné pour convaincre l’opinion publique espagnole. Interventions publiques, longs discours, utilisation de relais médiatiques à outrance, et bien d’autres techniques pour que le supporter moyen de ces deux clubs, qui représentent une énorme partie des fans de foot en Espagne, adhère à cette Super League. Et c’est plutôt réussi. Cette ligne directrice visant à expliquer que la Super League est le seul projet viable pour que le Barça et le Real Madrid ne perdent pas de leur superbe et de leur pouvoir sur la scène européenne a clairement pris auprès des fans. Beaucoup ont vu leur club perdre de la force ces dernières années, que ce soit au niveau des performances en Europe mais surtout sur le mercato, et ils adhèrent à la vision de leurs deux présidents. Si les Merengues et les Blaugranas veulent rester les deux plus gros clubs du monde, il n’y a pas le choix ; tel est le discours qui domine outre-Pyrénées.

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L’Angleterre tacle le Real Madrid et le FC Barcelone

Ailleurs, ce n’est pas la même histoire qui est racontée. Notamment en Angleterre. Ainsi, le retour de la Super League sur le devant de la scène a fait rejaillir le ressentiment d’une partie de la presse britannique. Qui s’en prend vertement aux deux cadors espagnols. « Le déclin de ces clubs a été aussi lent que douloureux au cours des cinq dernières années, avec au cœur de l’orgueil, de la cupidité et de la mauvaise gestion. C’est une histoire où les deux clubs ont pris une part énorme des revenus télévisuels, détruisant l’équilibre concurrentiel en Espagne dont jouit la Premier League », peut-on lire dans le Daily Mail. « Les droits TV ne représentent qu’une fraction de ceux de l’Angleterre. La frénésie effrénée des dépenses sur le marché des transferts au cours des deux dernières décennies, jusqu’à ce que des plafonds salariaux soient imposés, a plongé le Barça, en particulier, dans un état d’effondrement financier. Une Super League européenne est la libération apparente de cet état de purgatoire financier – un moyen, pour les deux clubs, de récupérer des revenus et de la pertinence face à la domination implacable de la Premier League ».

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Du côté des médias espagnols, au delà de ces consignes passées en douce par les directions des deux clubs pour tenter d’influencer le badaud, il y a aussi une autre réalité. Même si cette saison il y a une légère hausse des audiences, ces dernières ont clairement stagné voire baissé ces dernières années. Florentino Pérez l’a expliqué à de nombreuses reprises : le public jeune, qui a accès à multiples sources de divertissement, n’est plus forcément si attiré que ça par le foot. Ou du moins, il le consomme autrement. Les médias et les diffuseurs en sont aussi conscients, et la survie de l’écosystème foot est clairement compromise. Une nouvelle compétition avec des rencontres entre cadors européens pourrait rebooster l’intérêt collectif pour le foot, et donc ainsi faire grimper les audiences et inicier un nouveau cercle viertueux pour tous les acteurs du sport. Quant aux autres clubs de Liga, il faudra attendre. Certes, la majorité est actuellement contre ce projet, et se range surtout du côté de Javier Tebas. Mais pour combien de temps encore ? Dans un contexte où la plupart des écuries espagnoles sont étouffées par ce fair-play financier de la Liga qui leur empêche pratiquement de recruter, et où leur marge de progression et de croissance est assez limitée, cracheront-ils vraiment sur une compétition qui leur permettrait de multiplier leurs revenus de façon significative ? Affaire à suivre…

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