Ligue 1

Comment la LFP veut révolutionner la Ligue 1 à l’international

Ce mercredi, la LFP a présenté sa stratégie pour développer le football français à l’international. Et elle a décidé de miser sur l’IA pour permettre de toucher un plus large public.

Par Hanif Ben Berkane
6 min.
LFP LIGUE 1 @Maxppp

Depuis plusieurs mois, le football français est englué dans de nombreux soucis liés aux droits TV. La LFP, sous la présidence de Vincent Labrune, a souvent été pointée du doigt dans ce dossier. Mais alors comment valoriser au mieux le produit Ligue 1 pour éviter de nouvelles problématiques lors des prochains appels d’offre ? C’est une réponse qu’a essayé d’apporter la Ligue ces derniers mois en entamant une révolution d’image. Cela avait notamment débuté par la nouvelle direction artistique (nouveau logo, nouvel habillage, nouvelle musique, nouveau trophée) et l’envie de parler à un public français plus jeune. Mais pour faire du football français une référence internationale, il faut justement s’exporter un maximum… à l’international. Ce mercredi, au siège de la LFP, les membres de LFP Media ont dévoilé la nouvelle stratégie pour séduire à l’étranger. De la production des matches au contenu plus « léger » en format magazine. Depuis le départ de Mediapro en 2021, la LFP a notamment récupéré l’entièreté de la production et réalisation du foot français, dont s’occupait beIN Sports de base. Dans un souci de timing, Amazon, qui avait récupéré les droits en urgence à l’époque, avait décidé de laisser cette tâche à la LFP. Une aubaine pour la LFP, qui peut donc gérer à sa guise le contenu.

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Et justement, ce rôle de producteur permet, depuis 2024, à la LFP de développer une offre plus adaptée pour chaque pays, avec une ligne éditoriale différente et ainsi de valoriser le produit Ligue 1 à l’international. « Notre objectif, c’est d’améliorer le storytelling autour de la Ligue 1, créer du contenu localisé et adapté, créer de la valeur pour nos partenaires, et continuer dans la lignée de la nouvelle image Ligue 1 », explique ainsi Thomas Bernard, Directeur Média et Production. L’enjeu est grand puisque le football français est diffusé dans 215 territoires, avec 44 diffuseurs et plus de 2 milliards de personnes touchées. Pour renforcer la qualité du contenu, la LFP a d’abord décidé de mettre les moyens en termes de productions d’images et permettre aux chaînes étrangères d’avoir du contenu prêt à diffuser. Cela se matérialise notamment par un large choix d’angle de caméra (lors du PSG-OM, 27 caméras étaient à disposition), la possibilité de filmer sur le terrain jusqu’au coup d’envoi et pendant les célébrations des joueurs, mais aussi la production de contenus sur les réseaux sociaux personnalisés avec des CM. «Si la télévision japonaise souhaite une vidéo réseaux sociaux de Junya Ito à l’échauffement, on a quelqu’un qui le fait et envoie rapidement la vidéo à la chaîne», détaille David Labrune, Directeur Droits Médias Internationaux. En d’autres termes, la Ligue mâche le travail au maximum aux chaînes étrangères pour faciliter la diffusion et rendre plus accessible.

Les clubs jouent le jeu

À l’image de la Liga, qui est la seule autre Ligue qui produit son propre championnat, la LFP essaye aussi de proposer un contenu innovant. Elle a lancé 3 magazines d’une durée de 26 minutes que les chaînes peuvent ainsi diffuser. Le dernier en date se nomme "Ligue 1 Show" qui se veut différent puisqu’il concerne les à-côtés du football, et met en avant les thèmes forts de la France (la mode, la gastronomie, les monuments par exemple) avec les acteurs du football français. L’une des récentes émissions concernait ainsi David Bellion, ancien joueur de Manchester United et Bordeaux, qui parlait mode et de son rôle de Brand Manager et directeur créatif du Red Star. Un autre format "Ligue 1 Preview" permet aussi de recentrer sur le football et de mettre en avant les matches du week-end (par exemple une interview de Donnarumma sur ses plus grands arrêts avec le PSG avant le Classique). Les contenus sont ensuite mis à disposition sur une plateforme dédiée et les chaînes étrangères peuvent les récupérer à leur guise. Et si ces magazines ne sont pas diffusés en France, cela est uniquement dû à un choix de DAZN (ou BeIN Sports). Les magazines sont aussi à la disposition des chaînes françaises, mais sont en anglais et surtout incarnés par des journalistes comme Thibault Le Rol, Julien Laurens ou encore Sonia Carneiro. Difficile donc de diffuser du contenu où l’on met en avant des têtes qui n’incarnent pas les chaînes en question.

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Mais pour l’étranger, ce type de contenu est très apprécié puisque plus de 104 magazines ont déjà été enregistrés. Et les clubs commencent petit à petit à jouer le jeu. Les clubs de Ligue 1 ont aussi quasiment tous accepté de se plier aux règles de la LFP pour ces interviews : ne pas enregistrer au camp d’entraînement de l’équipe, mais plutôt en ville. Reims a ainsi été le premier club à accepter lors d’un format avec Marshall Munetsi qui s’est déroulé autour de la Cathédrale de la ville. Depuis, certains clubs demandent même à participer à ce type de format. C’est notamment le cas de Lille, qui a accueilli un supporter coréen et demandé un format autour. «On travaille main dans la main avec les clubs pour montrer qu’on a des intérêts communs, mettre en avant notre football. C’est ce que j’explique quand on les contacte, on travaille ensemble sur les sujets, les questions… », détaille Alexandre Da Costa Teixeira, Chef de Projet Sénior Média et Contenu Vidéo.

L’IA pour toucher encore plus de monde

Mais pour séduire à l’étranger, outre un championnat attrayant sur le plan sportif, il faut aussi se faire comprendre. Et la LFP a décidé de casser les codes en faisant désormais appel à l’IA. Un choix fort qui va permettre la traduction automatique dans plus de 80 langues (pour le moment) des contenus magazines. Les chaînes étrangères, en raison d’un délai bien trop court (une demi-journée) et d’un manque de personnel, ne pouvaient pas diffuser certains magazines. Cela est désormais possible grâce à "Camb.IA". Le contenu sera contrôlé par plusieurs intermédiaires pour s’assurer de la qualité de la traduction. La LFP fait aussi appel aux services de WSC Sports, une société israélienne spécialisée dans l’intelligence artificielle appliquée au sport pour proposer en un temps record du contenu personnalisé. «Grâce à ça, on peut par exemple envoyer rapidement une compilation de tous les tacles des défenseurs ivoiriens ou camerounais à Canal+Afrique qui diffuse la Ligue 1 en Afrique subsaharienne, ou une compilation de Muhannad Al-Saad, joueur saoudien de Dunkerque à beIN Sports MENA», explique David Labrune.

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Autre innovation de la part de la LFP, la mise en place d’une plateforme concernant les interviews avec une méthode surprenante. Ce sont dorénavant les clubs qui mettent à disposition un joueur de leur choix et un créneau horaire. Les chaînes choisissent ensuite de se positionner ou non et la LFP accepte même de se déplacer pour enregistrer les images. Ce nouveau modèle a permis de passer de 30 à 250 interviews. Une réussite selon la LFP, qui espère, avec cette révolution, développer l’image du foot français à l’étranger. C’est pour le moment le cas puisque la L1 connaît une hausse de 8% des audiences à l’étranger (comparé à la saison dernière) avec toujours la Chine en tête et la zone Afrique MENA (Middle East and North Africa). Et la Ligue lutte depuis peu contre le piratage à l’étranger, avec notamment le blocage des VPN après l’épisode du diffuseur Cazé TV au Brésil, streamer qui diffuse la L1 sur Youtube. Mais la LFP a de grandes ambitions et espère faire du football français une référence dans les quatre coins du globe. Cela passera surtout par des championnats compétitifs d’abord…

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