Portugal : un avenir qui pose de nombreuses questions
Tombé de haut face au Maroc en quart de finale de la Coupe du monde 2022, le Portugal n'aura pas su tenir son statut face aux Lions de l'Atlas. Une déception énorme pour la Seleção das Quinas, qui va devoir s'en relever.
Séduisant contre la Suisse avec une démonstration (6-1) encourageante pour la suite de la Coupe du monde 2022, le Portugal s'est pris les pieds dans le tapis dès les quarts de finale. Peu inspirés face au Maroc, les Lusitaniens n'auront jamais trouvé la solution et vont partir de la compétition par la petite porte. Une cruelle désillusion qui marque aussi un tournant pour les Portugais. Star de l'équipe depuis plus de 15 ans, Cristiano Ronaldo aura vécu un sacré déclassement au cours du tournoi en passant d'indiscutable leader à remplaçant. Sa situation aura bien évidemment pesé sur l'équipe et aura divisé tout un pays. Libre, dans une saison 2022/2023 désastreuse pour lui personnellement et avec des sirènes émanant du Golfe avec un intérêt des Saoudiens d'Al-Nassr, Cristiano Ronaldo a peut-être dit adieu à son avenir international lors de cette défaite et une possible retraite internationale est à redouter. Reste désormais à connaître la décision du quintuple Ballon d'Or pour la suite de sa carrière.
Moins en difficulté lors de ce tournoi, mais également vieillissant, Pepe (39 ans) a vraisemblablement dit adieu lui aussi à la possibilité de remporter la Coupe du monde. Son âge avançant et avec l'émergence de jeunes talents comme Antonio Silva (19 ans), Gonçalo Inácio (21 ans) ou encore Diogo Leite (23 ans) sans oublier Rúben Dias (25 ans), l'arrière-garde portugaise sera certes bien occupée, peu importe sa décision de continuer ou non avec le Portugal. Néanmoins, avec Cristiano Ronaldo ce sont deux monuments du football portugais qui cumulent 329 sélections à eux deux qui arrivent à la fin de leur belle histoire. Qu'ils décident ou non de poursuivre l'aventure jusqu'à l'Euro 2024, le chant du cygne semble pointer le bout de son nez.
Avec ou sans Fernando Santos ?
La fin d'une histoire qui pourrait aussi concerner le sélectionneur Fernando Santos. Arrivé en 2014 et vainqueur de l'Euro 2016 ainsi que de la Ligue des Nations 2019, le technicien lusitanien a souvent divisé en étant responsable de certains revers marquants. Ce nouvel échec n'est clairement pas passé auprès du public portugais. Les lecteurs d'A Bola ont notamment été 93,6% à souhaiter son départ. Pourtant, il dispose encore d'un contrat jusqu'en juin 2024 et son éviction ne semble pas d'actualité du côté de la fédération portugaise. Interrogé sur son avenir, le principal intéressé s'est exprimé au micro de Sport TV et s'il s'est montré déçu, il n'a pas voulu parler de démission.
«À partir de demain ? Je vais à Lisbonne et ensuite je vais parler au président et comprendre ce qui est le mieux pour l'équipe portugaise. Toujours, après toute compétition, le président et moi parlons et voyons ce que nous allons faire . Quand nous arriverons au Portugal, parlons calmement et voyons quelle analyse nous allons faire. Je ne sais pas si c'était un échec. Ces questions de démission ne se posent pas. Je suis ici depuis 2014, les démissions ne font pas partie de mon lexique, ni du président. On n'est pas allé aussi loin que prévu, oui , l'équipe a de la qualité, on aurait pu faire mieux , les joueurs ont beaucoup travaillé. Il y a des jours où il manque un peu de chance et aujourd'hui c'était le cas» a lâché Fernando Santos.
Un esprit revanchard
Avec un nouveau coach ou avec Fernando Santos, avec Cristiano Ronaldo et/ou Pepe, ou alors sans eux, on peut dire que le Portugal est dans le flou par rapport à certains hommes forts. Pourtant, une certitude demeure, le talent de cette équipe n'est pas un problème. «Cette génération va continuer à avoir des opportunités de faire de très belles choses, je n'en doute pas, ça s'est vu ici. Mais c'est une déception, l'équipe était contente, confiante et motivée, c'était très fort. On était convaincus que nous pouvions aller jusqu'au bout et gagner» a notamment tenu à rappeler Fernando Santos.
Disposant d'un effectif redoutable avec du talent à chaque poste, le Portugal dispose sûrement d'un des groupes les plus talentueux de son histoire. Représentant l'avenir, Rafael Leão a pris la parole sur les réseaux sociaux avec un discours conquérant et déjà revanchard : «avec le groupe de travail que nous avions, l'ambition était d'aller le plus loin possible ... Pour être plus concret, pour gagner la Coupe du monde. Nous montrons notre valeur en équipe et même avec le sentiment de tristesse nous profitons pleinement de cette compétition ! Nous avons affronté un adversaire qui avait quelque chose de plus que nous et donc il est passé ... Cela ne se termine pas ici, nous traverserons ce chapitre ensemble et c'est sûr que l'avenir sera prometteur. Merci aux Portugais qui étaient présents à tous les matchs à soutenir !»
Un talent certain, un leadership qui fait douter
Disposant dans son effectif de Diogo Dalot (23 ans, Manchester United), Rafael Leão (23 ans, AC Milan), Diogo Costa (23 ans, FC Porto), João Félix (23 ans, Atlético de Madrid), Vitinha (22 ans, Paris Saint-Germain), Gonçalo Ramos (21 ans, Benfica), Nuno Mendes (20 ans, Paris Saint-Germain) ou encore Antonio Silva (19 ans, Benfica), le Portugal sait déjà qu'il pourra aborder les prochaines échéances avec une équipe talentueuse qui peut la rapprocher de la victoire. On peut aussi cocher les noms de Pedro Neto (22 ans, Wolverhampton), Fabio Vieira (22 ans, Arsenal), Fabio Carvalho (20 ans, Liverpool), Gonçalo Inàcio (20 ans, Sporting CP) ou encore Francisco Trincão (22 ans, Sporting CP) et cela confirme un vivier exceptionnel auquel s'agrémente les leaders de cette équipe comme Bruno Fernandes (Manchester United), Bernardo Silva (Manchester City) ou encore Ruben Dias (Manchester City).
Mais justement le caractère de ces derniers pose question. Les trois mancuniens ont respectivement hérité de 5, 3 et 4 dans nos notes du match contre le Maroc et cette performance a fait valoir les différents défauts des trois joueurs avec le Portugal. Pour Bruno Fernandes, il a réussi à assumer ses responsabilités, mais en a fait trop quitte à déjouer en voulant chercher l'exploit personnel. Pour Bernardo Silva c'est tout le contraire puisqu'il a tout simplement disparu dans la difficulté. Ruben Dias a lui été coupable sur le but marocain et se montre moins serein avec les Lusitaniens qu'en club. Chacun a ses responsabilités et il faudra en tirer des leçons. Car cette Coupe du monde 2022 a démontré plus que jamais que Cristiano Ronaldo ne pouvait plus cacher les maux de cette équipe et qu'il faudra davantage de prises de responsabilités des cadres pour rêver d'un avenir meilleur. Prochain rendez-vous, l'Euro 2024, pour un Portugal qui va devoir apprendre de cette terrible déconvenue ...