Ligue Europa : un Lokomotiv à la sauce Ralf Rangnick
Arrivé cet été au Lokomotiv Moscou de manière assez confidentielle, Ralf Rangnick l'homme fort derrière le développement du groupe Red Bull dans le football impose déjà sa patte. L'Olympique de Marseille va donc découvrir une équipe qui a fait peau neuve.
Champion de Russie en 2018, dauphin en 2019 et 2020 et troisième l'an dernier, le Lokomotiv Moscou est redevenu un club solide en Russie et l'une des principales oppositions au Zenit. Les Cheminots n'ont pas forcément tout le temps été les plus séduisants et ont souvent abusé du talent des jumeaux Aleksey (parti à l'été 2020 à l'Atalanta) et Anton Miranchuk. L'an dernier, ils ont connu une saison de transition difficile où le technicien serbe Marko Nikolić a fait quelques miracles. Mais l'avenir s'annonce vraiment radieux pour le club de la capitale russe et Ralf Rangnick n'y est pas étranger. Ancien coach d'Hoffenheim et Schalke 04, homme fort du projet Red Bull dans le football, l'homme de 63 ans est une référence dans le milieu en plus d'être une pointure dans la planification sportive. Le Lokomotiv Moscou a réalisé une prise considérable en juin dernier. Car comme partout où il passe, Ralf Rangnick a un rôle central dans un projet.
Une arrivée ambitieuse
«Il gère toute la stratégie sportive du club, y compris l'académie, les transferts, la gestion des équipes, les processus... Bien sûr, il représente la figure principale derrière tous les transferts du Lokomotiv cet été. Il s'est entretenu individuellement avec Beka Beka et Anjorin pour les convaincre du projet et de l'opportunité de jouer sous Marko Nikolic. Il vient d'arriver et son objectif principal était donc le renforcement de l'équipe. Dans les prochains mois, on s'attend à ce qu'il fasse d'autres choses, comme construire une philosophie commune dans tout le club», nous explique Stefano Conforti de Russian Football News, spécialiste du Lokomotiv Moscou. Une approche ambitieuse de la part du club moscovite qui après une décennie compliquée entre 2007 et 2017 est redevenu un cador de la capitale russe face à un Spartak irrégulier, un CSKA en perte de vitesse et un Dynamo qui travaille bien pour refaire son retard accumulé sur les dernières années.
Dans un championnat qui décline où le Zenit a remporté les trois derniers championnats et dispose d'une marge sur la concurrence, le Lokomotiv Moscou a donc le champ libre pour s'imposer un peu plus comme la deuxième force du pays en matière de football. Avec Ralf Rangnick, c'est plus facile d'être confiant comme nous l'a confié Stefano Conforti : «cela a été perçu comme une arrivée incroyable par les fans du Lokomotiv et les autres fans de football russe. Avec son énorme expérience, c'est l'un des meilleurs managers à n’avoir jamais travaillé en Russie et c'est un grand succès que la direction de Lokomotiv est parvenue à trouver un accord avec un si grand spécialiste. C'est une nouvelle importante également pour l'image de la Ligue, qui doit s'améliorer après des années peu excitantes.»
Un mercato jeune et excitant
Si l'enthousiasme a rapidement été de la partie, le mercato estival a mis du temps à se lancer avec notamment le départ de Grzegorz Krychowiak pour Krasnodar et l'arrivée de Tin Jevdaj (25 ans) en provenance du Bayer Leverkusen. Après une période de plat, tout s'est emballé dans la dernière ligne droite du mercato avec cinq renforts de poids. Jeunes espoirs russes qui ont montré de belles choses au CSKA Moscou, Konstantin Maradishvili (21 ans) et Nair Tiknizyan (22 ans) sont arrivés tout comme l'ailier Gyrano Kerk (25 ans, Utrecht) et le meneur de jeu Tino Anjorin (19 ans, Chelsea). Enfin, un nom plutôt connu en France a complété ce mercato. Une des rares lueurs de la France aux Jeux Olympiques et belle surprise en Ligue 2 l'an dernier, Alexis Beka Beka (20 ans, Caen) a aussi rallié les Cheminots. L'idée est claire et elle est similaire à ce qu'il a fait avec le groupe Red Bull. Miser sur de jeunes joueurs prometteurs avec du caractère, de la personnalité et de l'insouciance.
Un coup de neuf qui séduit assez Stefano Conforti : «l'équipe est au complet. Il manque peut-être un deuxième gardien de but, mais Savin a assumé son rôle jusqu'à présent. Pour la première fois depuis de nombreuses années, le Lokomotiv a plusieurs hommes de qualité sur le banc et Nikolic peut faire des choix pour le onze de départ. C'est quelque chose que les fans de Loko voulaient depuis longtemps. Tous (les recrues, ndlr) sont des joueurs jeunes ou d'âge moyen (25 ans pour Jevdaj et Kerk les plus âgés, ndlr), ils auront donc besoin de temps pour s'adapter à la ligue et à la culture. L'ambiance dans le vestiaire est bonne, donc il ne devrait pas y avoir de problème pour ça. Donnez juste du temps et tout ira bien.»
Un début de saison intéressant
Si le recrutement tardif et la dernière trêve internationale qui a suivi le mercato font qu'il est encore difficile de jauger le Lokomotiv Moscou, le club est pour le moment troisième du championnat avec 15 points en 7 journées et un Fedor Smolov survolté en attaque (6 buts en 7 journées). Avec un contexte idéal pour acclimater doucement tout ce beau monde, le coach Marko Nikolić va pouvoir mettre en place un système adapté. Néanmoins, la question de son remplacement se pose compte tenu du fait que Ralf Rangnick a souvent placé ses hommes dans les clubs où il a évolué.
Pour le moment, le technicien serbe reste sur le banc et a eu des résultats plutôt intéressants. Selon Stefano Conforti, la tendance actuelle n'est pas à un départ même si cela peut vite changer : «c'est une bonne question : pour le moment, les relations entre eux semblent bonnes, mais personne ne sait combien de temps cela va durer. Marko est actuellement un excellent entraîneur et à ce jour, il est difficile de le laisser partir.» En fonction depuis deux mois, Ralf Rangnick est fidèle à sa réputation et n'a pas chômé, au grand bonheur du Lokomotiv Moscou. L'Olympique de Marseille devra donc se méfier de ces cheminots qui ont été mis sur de bons rails.
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