Entretien avec… Laurent Batlles : «Je regrette encore d’avoir quitté l’OM»

Par Julien Zito
9 min.

La Ligue 1, il n'a connu que ça. De Toulouse à Rennes, en passant par Marseille et Bastia, Laurent Batlles a écumé ou presque toutes les pelouses de l'Hexagone. Longtemps comparé à Zinedine Zidane pour sa ressemblance physique, il n'en demeure pas moins un joueur reconnu pour ses qualités. Technique et adroit, il possède une vision du jeu qui aurait aussi bien pu le porter hors du territoire. Sa frappe de balle est aussi puissante que sa personnalité est réservée et ses buts d'anthologie ont fait le tour des écoles. À 33 ans, ce dernier a rejoint Grenoble en début de saison pour un challenge des plus excitants : aider l'équipe à se maintenir parmi l'élite. À deux mois et demi de la fin du championnat, FootMercato vous présente l'histoire d'un joueur sûr de son fait, au parcours atypique en Ligue 1.

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FootMercato : Vous avez rejoint Grenoble l'été dernier et le club s'est révélé comme étant l'une des belles surprises de la première partie de saison. Vous attendiez-vous à de tels débuts quand vous avez signé ?

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Laurent Batlles : Je dois vous avouer que j'ai quand même été un peu surpris par cette entame. Mais, dès que je suis arrivé et que j'ai découvert mes nouveaux partenaires, je me suis dit que nous allions certainement réaliser quelque chose d'intéressant.

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FM : Quelle a alors été votre motivation pour rejoindre le GF 38 ?

L.B. : La motivation a été toute simple. J'étais en fin de contrat avec Toulouse et Grenoble a été, avec un ou deux autres clubs, la première formation à me contacter. J'ai eu une excellente approche avec les coaches, avec les dirigeants, et il a fallu prendre une décision. Vu que mon contrat était terminé avec le Téfécé, je ne voulais pas m'arrêter de la sorte et le challenge me paraissait intéressant ici.

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FM : Les autres clubs qui ont essayé de vous enrôler étaient-ils des clubs de Ligue 1 ?

L.B. : J'ai eu des approches différentes venant d'un peu partout. J'ai été contacté par des clubs de Ligue 1, de Ligue 2 et même à l'étranger. Le problème, c'est qu'ils m'ont fait attendre et qu'ils se sont tous montrés trop indécis. Alors que Grenoble n'a pas fait de détails et souhaitait m'engager immédiatement. Du coup, je n'ai pas cherché à comprendre et je me suis lancé dans l'aventure.

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FM : La perspective de disputer un challenge plus excitant avec Toulouse ne vous a-t-elle pas convaincue ?

L.B. : C'est compliqué, parce que Toulouse ne m'a rien proposé à l'issue de mon contrat. On m'avait pourtant laissé sous-entendre qu'on allait me proposer quelque chose, mais il y a eu quelques difficultés à cela. Suite à la fin de saison délicate connue par le club, les dirigeants ont décidé de faire machine arrière, peut-être parce qu'ils avaient d'autres objectifs. Et comme on ne m'a rien fait parvenir, il fallait vraiment prendre une décision et elle a été vite prise.

Un avenir tout en question

FM : Aujourd'hui, vous avez 33 ans et vous êtes un titulaire indiscutable à Grenoble. Avez-vous cependant déjà commencé à réfléchir à votre avenir ?

L.B. : À vrai dire, non. Avant tout, j'espère que le club se maintiendra afin que je puisse rester ici, car j'ai un contrat qui me permet de pouvoir m'en aller ou pas. Mais cela, je n'en ai pas réellement envie, je me sens très bien à Grenoble et je n'ai aucune intention d'aller voir ailleurs. Après, je souhaite évidemment terminer ma carrière en France et pourquoi pas ici.

FM : Cela signifie-t-il que si Grenoble descend à l'issue du présent exercice, vous seriez susceptible de changer d'environnement ?

L.B. : Tout dépendra de l'offre et de la demande tout simplement. Pour le moment, j'essaye de faire ma saison pour que le club demeure parmi l'élite. Si malheureusement ce n'est pas le cas et qu'une autre formation me contacte en me proposant un nouveau défi, j'y réfléchirai. Je ne suis pas contre, mais je ne sais vraiment pas. Au jour d'aujourd'hui, je me plais à Grenoble et je n’ai pas vraiment trop songé à l'avenir.

FM : Et si au pire des cas Grenoble faisait l'ascenseur au mois de mai, le fait de disputer un nouveau challenge en Ligue 2 au stade des Alpes vous conviendrait-il ?

L.B. : Pourquoi pas. Pour le moment, nous n'en sommes pas là. Mais après il faudra voir. Car après une descente, c'est toujours délicat. Il y a énormément de remaniements au sein du club, personne ne sait ce qu'il fera au final. À l'heure actuelle, je n'y pense pas, parce que je n'ai pas envie d'y penser, mais au bon moment, je pèserai le pour et le contre. Aujourd'hui je suis persuadé que Grenoble se maintiendra donc je ne ressens pas le besoin de me poser tout un tas de questions.

L'étranger, un voeu non exaucé

FM : Nous parlions de challenge précédemment et vous n'avez jamais quitté la L1. Cela signifie qu'une aventure à l'étranger ne vous a jamais tentée ?

L.B. : Ce n'est pas que ça ne m'a pas tenté, mais je n'ai jamais réellement eu l'opportunité de pouvoir y aller. J'ai eu quelques contacts avec des agents, mais il n'y a jamais rien eu de concret, de bien défini. Mais découvrir de nouveaux horizons ne m'aurait pas dérangé, surtout en Espagne. J'apprécie beaucoup ce championnat, mais je n'ai jamais eu la possibilité d'y aller. C'est l'une des raisons pour lesquelles je ne suis jamais parti.

FM : Hormis les agents, avez-vous eu des rapports avec certaines formations européennes ?

L.B. : Des contacts, c'est comme partout, il peut y en avoir. Mais au final, je n'ai pas ressenti un désir concret des plus intéressés et en observant les offres de plus près avec mon agent, on s'est dit que ça n'en valait pas la peine. Après, il ne faut jamais dire jamais, on verra bien ce qu'il arrivera.

FM : En attendant, votre carrière en Ligue 1 est à proprement dit exemplaire. Justement, que retenez-vous de vos expériences passées ?

L.B. : Déjà elle n'est pas encore finie donc j'espère qu'elle va durer encore quelques temps. Au moins que mon contrat avec Grenoble se termine d'ici trois ans. Pour le reste, je ne regrette rien, j'ai vécu des moments extraordinaires dans tous les clubs où je suis passé. Notamment à Marseille où j'ai pu disputer la finale de la coupe d'Europe et où j'ai pu évoluer en compagnie de grands joueurs. Pareil à Bordeaux où j'ai rencontré des garçons talentueux et qui m'ont beaucoup apporté, comme Michel Pavon, Johan Micoud ou Lilian Laslandes. Cela a marqué une étape importante dans ma carrière et je ne garde que des bons souvenirs. Maintenant, j'espère juste que ça va durer.

Quitter l'OM, un choix regrettable

FM : En parlant de Marseille, quels souvenirs gardez-vous de votre période olympienne ?

L.B. : Ce que je retiens avant tout à Marseille, c'est la relation particulière que j'avais avec le public. Il y a également cette finale de coupe d'Europe (ndlr : 2004 face à Valence) avec un groupe qui s'entendait à merveille. Nous avions de très bonnes relations, mais à ce moment-là, nous avions réalisé une saison pleine. À partir de là, quand tout réussit dans ce club, c'est quelque chose d'extraordinaire.

FM : Vous n'auriez pas aimé prolonger votre aventure sur La Canebière ?

L.B. : Je pense que j'ai effectivement fait une grosse erreur en quittant l'OM. J'avais prolongé, j'étais dans une situation compliquée, mais j'aurais du rester. Après, l'appel de Toulouse m'a convaincu à ce moment-là. C'est le club où j'ai été formé, je revenais chez moi donc j'ai dû faire un choix. Maintenant, je me dis que ce n'était pas forcément le plus judicieux et je pense qu'il aurait fallu que je reste un peu plus longtemps à l'OM.

FM : Aujourd'hui, cela fait plus de 15 ans que vous évoluez au niveau professionnel. Quel rôle jouez-vous auprès des jeunes joueurs ?

L.B. : Au niveau de ce que j'ai vécu, j'essaye de faire la même chose avec les plus jeunes. Maintenant, les générations changent et les centres d'intérêt ne sont plus forcément les mêmes. J'essaye d'apporter un plus, mais ce n'est plus la même mentalité, ni la même manière de voir les choses. Heureusement pour moi, je côtoie des jeunes joueurs très réceptifs et l'amalgame avec les anciens se passe à merveille. Moi, je tente uniquement de faire passer certains messages et je fais tout pour les réconforter dans des moments difficiles.

Feghouli, la recrue idéale

FM : À Grenoble, vous évoluez au côté d'un véritable phénomène, Sofiane Feghouli, suivi par le gratin continental et hexagonal. Quel genre de conseil lui prodigueriez-vous pour la saison prochaine ? Partir ou s'aguerrir en France ?

L.B. : Nous en avons parlé ensemble. Après il faut aussi tirer le vrai du faux. Moi je pense qu'il est encore un peu trop jeune pour partir à l'étranger, sauf à Arsenal peut-être où l'environnement pourrait lui convenir. Après, partir dans un grand club pour être prêté aussitôt, ça n'est pas forcément la meilleure solution. En revanche, s'il a l'opportunité de rester en France, je lui conseillerais de le faire et de ne quitter la France que dans 2/3 saisons. Maintenant, il est également difficile de s'imposer dans un grand club français. Et s'il doit s'en aller pour des raisons financières, alors cela ne me regarde pas.

FM : Parmi tous ses prétendants, Marseille l'a observé. Vous qui avez évolué à l'OM, rejoindre le Vélodrome serait-ce une bonne opportunité pour lui ?

L.B. : Je pense effectivement que ça n'en serait pas une mauvaise. Marseille est un club très intéressant. Mais il devra faire attention, car tout n'est pas simple une fois arrivé là-bas. Pour réussir à l'OM, il faut être fort, mentalement, physiquement, mais je pense qu'il a toutes les qualités requises pour s'imposer à Marseille et au fil du temps devenir un élément majeur d'un club comme celui-là.

FM : Que peut-on vous souhaiter pour la fin de la saison aujourd'hui ?

L.B. : Sur un plan collectif, que le club se maintienne, car joueurs, dirigeants et supporters le méritent en tout point. Personnellement, de poursuivre sur ma lancée en continuant à faire de bons matches et d'apporter à l'équipe.

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