Players Tactique Ligue des Champions

Les finales de légende : OM-AC Milan (1993)

Pendant cette période de confinement, nous vous proposons de revenir sur des finales marquantes de Ligue des champions. On commence la série avec une finale historique pour le football français et la victoire (1-0) de l'Olympique de Marseille face à l'AC Milan lors de l'édition 1992-1993 de la C1.

Par Frederic Yang
8 min.
Basile Boli, héros de la finale de la Ligue des champions 1993 @Maxppp

Le parcours avant la finale

Au début de la saison 1992/1993, la Coupe des clubs champions européens devient officiellement la “Ligue des champions”. À l’époque la compétition, qui réunissait uniquement les vainqueurs de chaque championnat national, démarrait au stade des 16e de finale, avec des confrontations aller/retour jusqu’en quarts de finale. Ensuite, les huit dernières équipes qualifiées se retrouvaient dispatchées dans deux groupes de 4 équipes et les vainqueurs de chaque groupe se retrouvaient pour la grande finale de la compétition, qui avait lieu au stade Olympique de Munich cette année-là.

Pour arriver jusqu’à Munich, les Olympiens ont commencé par une promenade de santé contre les Nord Irlandais de Glentoran FC. Victoire (5-0) à aller puis (3-0) retour avant une double confrontation plus disputée face aux Roumains du Dinamo Bucarest en huitième de finale. Après un nul (0-0) en Roumanie, les Olympiens ont fait le boulot au Vélodrome en s’imposant (2-0) grâce au doublé du Croate Alen Boksic. Placé dans le groupe A du Final 8, l’OM retrouve les Glasgow Rangers, le FC Bruges, et le CSKA Moscou, tombeur du tenant du titre, le FC Barcelone en huitième de finale. Après 2 nuls et 1 victoire lors des trois premiers matches, les Olympiens frappaient un grand coup en étrillant le CSKA Moscou (6-0) lors du quatrième match, toujours au stade Vélodrome. Franck Sauzée fut l’homme du match avec un triplé. L’OM assurait sa première place en engrangeant 3 nouveaux points (les victoires ne rapportaient que 2 points à l’époque) pour se rendre à Munich.

Du côté de l’AC Milan, les deux premiers tours furent une formalité. (7-0) sur l’ensemble des deux matches contre Ljubljana puis (5-0) sur l’ensemble des deux matches contre le Slovan Bratislava avant le final 8 que les Milanais ont survolé. 6 victoires en autant de matches face à Göteborg, au PSV Eindhoven et au FC Porto pour atteindre la finale de C1 avec le statut de favori.

Les plans de jeu

Face à l’armada milanaise, Raymond Goethals, l’entraîneur belge de l’Olympique de Marseille a misé sur un 5-3-2, avec une triplette de défenseurs centraux (Angloma-Boli,Desailly) très puissante et solide devant Barthez pour étouffer le duo d’attaquants milanais Van Basten/Massaro. Ce 5-3-2 évoluait en une sorte de 4-4-2 (voire 4-3-3 asymétrique) en phase offensive, avec un Abedi Pele qui se décalait complètement pour animer le couloir droit tandis que Di Meco montait aussi d’un cran, au niveau des milieux de terrain centraux (Deschamps et Sauzée) pour mieux équilibrer l’attaque marseillaise. Derrière, Desailly protégeait le couloir gauche quand Di Meco jouait plus haut tandis qu’Angloma, Boli et Eydelie veillaient à l’équilibre défensif de l’équipe quand elle avait le ballon. Le style de jeu des Marseillais durant la rencontre fut très direct. Barthez sautait systématiquement le milieu de terrain lors de ses dégagements (pas de relance courte malgré son bon jeu aux pieds) et même consigne pour les défenseurs qui cherchaient constamment Völler et Boksic avec des longs ballons. Le plan de Goethals pour ce match fut d’imposer un vrai défi physique aux Milanais en mettant beaucoup d’intensité dans tous les duels.

Olympique Marseille

Du côté de l’AC Milan, Fabio Capello optait pour un traditionnel 4-4-2 avec des bons joueurs de ballon partout sur le terrain. Pourtant, les Milanais cherchaient aussi à sauter le milieu de terrain en jouant dans le dos de la défense centrale marseillaise plutôt que de construire patiemment le jeu. Le ballon a d’ailleurs souvent voyagé dans les airs d’un côté et de l’autre du terrain, sans que les artistes puissent faire admirer leur technique. Ce fut un match d’hommes, comme il se dit dans le jargon. Un match très physique !

Olympique Marseille

Le film du match

Après une première alerte suite à une tête de Rijkaard sur un coup franc frappé aux abords de la surface marseillaise (4e), l’AC Milan se crée la première grosse occasion du match à la 6e minute. Après un duel aérien autoritaire gagné par Donadoni face à Di Meco, Van Basten récupère le ballon et centre en direction de Massaro dans la surface. La tête piquée de l’attaquant italien file à gauche du but de Barthez, qui était battu. Mais l’OM n’est pas en reste et sur l’action suivante, Deschamps jaillit soudainement dans les pieds de Rijkaard. Le tacle de l’actuel sélectionneur des Bleus se transforme en passe en profondeur pour Völler, qui perd son duel face à Rossi. Le ballon revient dans les pieds de Boksic mais le Croate est gêné par le retour énergique de Maldini (7e). Les Milanais ont eu chaud mais ne cèdent pas.

Dans la foulée, le match s’emballe, Massaro est lancé par Costacurta dans la profondeur, dans le dos des défenseurs marseillais qui sont piégés mais Barthez anticipe et intervient avant que l’Italien puisse prendre le ballon (9e). 11e minute, Suite à un ballon mal renvoyé après un coup franc, Sauzée lance Boksic dans la profondeur, qui se retrouve en situation idéale face à Rossi. Mais la sortie du gardien perturbe le Croate qui se précipite en tentant un lob sans conviction qui s’envole au dessus du but. 7 minutes plus tard, l’arrière droit milanais Tassotti trouve encore une fois Massaro dans la profondeur. L’Italien se retrouve seul face à Barthez, et en position idéale, mais il manque son contrôle et tergiverse avant de servir Van Basten sur la droite, qui se décale sur son pied gauche, en éliminant Boli sur son contrôle, et frappe aux 6 mètres. Barthez parvient à repousser miraculeusement du pied gauche alors qu’il était parti à contre-pied (18e). Quelques instants après, Donadoni cherche et trouve toujours et encore Massaro au-dessus de la défense marseillaise. Cette fois, l’Italien effectue un bon contrôle de la poitrine en pleine course avant de déclencher une frappe parfaite dans un angle fermé mais Barthez la repousse d’un sublime réflexe avec la main droite. Goethals, qui sent que ça chauffe pour son équipe sort de sa zone technique pour réveiller ses joueurs avant de se faire reprendre à l’ordre par les arbitres de touche.

S’en suit une période plus calme mais où les duels et les tacles rugueux s’intensifient avant la 43e minute, et ce fameux corner gagné puis frappé par Abedi Pelé. Sur le corner du Ghanéen, Basile Boli au duel avec Rijkaard, s’élève et prend le meilleur sur le Néerlandais, qui pourtant le colle, et loge le ballon hors de portée de Rossi, impuissant. L’OM mène (1-0) à la pause et a fait une partie du chemin. Reste à tenir le coup physiquement et mentalement. La deuxième période est complètement hachée. Les occasions se font rare mais les duels sont toujours de plus en plus intenses. L’ancien de la maison marseillaise, Jean-Pierre Papin remplace Donadoni à 55e minute et Massaro passe en milieu droit pour laisser l’attaquant français jouer devant. Menés, les Milanais optent toujours pour du jeu direct et conservent globalement le ballon. De son côté, l’OM procède en contre mais sans grande réussite. Seul Abedi Pelé réussit quelques percées sur son côté droit en transition. Par rapport à la première période, les occasions se font rares. Angloma, se blesse après un tacle sur le remuant Lentini, et cède sa place à Jean-Philippe Durand (61e), qui se replace en latéral/milieu gauche tandis que Di Meco se positionne en défense central.

Olympique Marseille

Malgré l’urgence, l’AC Milan, qui passe finalement en 4-3-3 pour le dernier quart d’heure, n’arrive pas à se procurer de grosses occasions à l'exception d'une reprise acrobatique manquée de JPP après une remise de la tête de Van Basten (78e). La dernière frayeur survient après un petit festival de Van Basten, qui se débarrasse avec aisance de Deschamps, avant de centrer dans la surface. Massaro seul aux 6 mètres, qui avait filé dans le dos de Boli, manque finalement le ballon de la tête et Marseille file vers sa première Ligue des champions. Comme un symbole, le dernier ballon joué est un duel aérien remporté par Boli.

Olympique Marseille

L’OM a donc remporté la seule Ligue des champions pour un club français après un match héroïque plein d'abnégation et de courage. Malgré une domination globale milanaise, les Marseillais ont étouffé l’attaque italienne grâce à des prestations de haut niveau du trio Angloma-Boli-Desailly, dont la domination physique a clairement fait la différence. Au final, les Marseillais ont imposé leur rythme à des Milanais, qui n’ont pas déployé un jeu flamboyant et qui n’ont finalement pas été très dangereux durant la rencontre, à l’exception des 20 premières minutes.

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