Juventus : une Vieille Dame pas si mal en point
De retour au premier plan après un début de saison calamiteux, la Juventus a su redresser la barre pour revenir à la seconde place du Calcio avant le choc face à Naples, leader de Serie A, ce vendredi (20h45). Si la Vieille Dame ne convainc toujours pas dans le jeu, elle a eu au moins le mérite de se remettre sur le droit chemin pour ne pas tomber dans la crise. Et c’est déjà un moindre mal.
Ne jamais enterrer trop vite la Vieille Dame. Au fond du trou après un nouveau revers face à l’AC Milan le 8 octobre dernier (2-0), la Juventus était au bord du précipice après seulement neuf journées. D’autant plus que les Turinois se faisaient éliminer de la Ligue des Champions à peine un mois plus tard et que la justice italienne mettait son nez dans le linge sale des dirigeants du club italien, avec comme résultat la démission de l’ensemble du Conseil d’administration dont Andrea Agnelli. Personne n’imaginait alors un retour des Bianconeri sur le devant de la scène. Et pourtant, 94 jours se sont écoulés depuis le revers subi à San Siro et voilà les hommes de Massimiliano Allegri au second rang de la Serie A, à seulement sept points du Napoli. Sur une série impressionnante de huit victoires consécutives en championnat, dont deux succès importants contre l’Inter et la Lazio, les coéquipiers d’Adrien Rabiot devancent maintenant la plupart de leurs concurrents et sont redevenus des prétendants sérieux à la course aux places qualificatives pour la plus prestigieuse des compétitions de club.
Une défense imperméable et une attaque clinique
Comment expliquer un tel revirement de situation ? D’abord par un retour aux fondamentaux. Le rétablissement du mythique schéma 3-5-2 de la grande Juve des années 2010, avec en point d’orgue la finale de la Ligue des Champions en 2015, a été l’un des principaux détonateurs du renouveau turinois. Un changement tactique qui a permis et permet toujours aux Bianconeri de régner au sommet des meilleures défenses du championnat italien. Avec seulement sept buts encaissés jusqu’à maintenant en Serie A et aucun depuis la défaite face aux Rossoneri, les Turinois ont trouvé la clé d’une défense où les Brésiliens Bremer et Danilo s’épanouissent complètement. Alors s’il est vrai que le club du Piémont ne brille toujours pas offensivement, avec une moyenne de 1,5 buts par match notamment, sa solidité défensive lui permet de prendre les trois points même quand la rencontre semble mal embarquée. Les deux dernières victoires contre l’Udinese (1-0) et Cremonese (0-1) en sont les parfaites illustrations.
Grâce à cette défense de fer, la Juventus a également rétabli l’Allianz Stadium comme une forteresse imprenable en étant la meilleure équipe à domicile avec sept victoires, deux nuls et aucune défaite au compteur. Mais pour gagner des matchs il faut quand même marquer des buts et les Turinois ont pu compter sur plusieurs joueurs de second plan qui se sont affirmés en l’absence des cadres. À commencer par son duo d’attaquant : Moise Kean et Arkadiusz Milik. L’Italien et le Polonais ont inscrit 5 des 6 derniers buts de la Juve en championnat. En attendant le come-back du meilleur buteur, Dušan Vlahović (6 buts), la doublette Kean-Milik fait plus qu’assurer l’intérim. Ils ont notamment réussi le tour de force de faire gagner leur équipe sans avoir une pléthore d’occasions à se mettre sous la dent. Des joueurs symboles de la renaissance du club le plus titré d’Italie sur la scène nationale.
Les cadres répondent présents
Au milieu de terrain, Adrien Rabiot rayonne dans tous les compartiments du jeu. Capable de défendre mais aussi d’amener le surnombre en attaque et de planter un ou deux pions à l’occasion, l’international tricolore a été au four et au moulin avec la Juventus. Très en vue depuis le début de la saison avec les Turinois et auteur de trois buts et deux passes décisives, le Français a confirmé sa forme éblouissante en étant sélectionné pour le Qatar et en réalisant une Coupe du monde de haute voltige avec les Bleus. Enfin, dans la cage, Wojciech Szczesny affiche toujours un niveau fabuleux, à l’image de son Mondial qatari avec la sélection polonaise, et ce malgré l’élimination relativement précoce des Białe Orły (Aigles Blancs en français). Outre la bonne forme de ses cadres, la Juve peut compter sur un état d’esprit conquérant qui tranche avec le début de saison.
Un changement de mentalité dans l’effectif, que salue d’ailleurs Massimiliano Allegri. « Les garçons se sont réunis et ont obtenu des résultats », s’était notamment réjouit le coach de 55 ans après le triomphe face à la Lazio (3-0) juste avant la trêve hivernale. « Ils ont gagné des matchs, en souffrant, et nous devons les remercier pour ce qu’ils ont fait.» Néanmoins, l’entraîneur italien ne veut toujours pas s’enflammer. Après avoir connu les pires difficultés il y a à peine quelques semaines de cela, le technicien bianconero ne veut pas penser au titre. « Pour l’instant, nos chances dans la course au titre n’ont pas changé », avouait-il en conférence de presse d’avant-match samedi dernier (victoire 1-0 face à l’Udinese). « Naples est le favori absolu, avec de nombreux points d’avance. Après 19, 18, 17 ou 16 matches, ils ont subi leur première défaite (1-0 contre l’Inter). C’est normal, ils réalisent encore une saison extraordinaire. Je le répète, ils sont toujours mes favoris, puis il y a aussi l’Inter et l’AC Milan. Notre objectif est de rester dans le top 4.»
L’infirmerie se vide
Cette cure de jouvence, la Juventus la doit aussi au retour d’un certain Federico Chiesa. L’international italien symbolise les bons résultats des Turinois à lui tout seul. Entré à quatre reprise depuis son retour à la compétition après sa rupture des ligaments croisés, l’ailier virevoltant a délivré deux passes décisives en 106 petites minutes de jeu. Des statistiques très intéressantes pour un des seuls profils de dynamiteur que compte les Turinois dans leur effectif. Angel Di Maria, le deuxième joueur capable de faire des différences sur les ailes, avec Filip Kostic est lui aussi de retour aux affaires. Et les bonnes nouvelles pourraient même se multiplier dans le Piémont lors des prochaines semaines. Après avoir déjà récupéré Federico Chiesa et Angel Di Maria, la « Gobba » pourra très bientôt compter sur le soutien de Paul Pogba et Dušan Vlahović, tous deux de retour à l’entraînement.
Des renforts de poids puisque les échéances importantes vont très vite s’enchaîner pour la Vieille Dame. Tout d’abord en championnat avec deux confrontations décisives contre Naples et l’Atalanta lors des deux prochaines journées. Puis avec la Ligue Europa, dont l’objectif est clairement d’aller le plus loin possible pour oublier la piètre performance en Ligue des Champions (cinq défaites en six matchs). Autant d’objectifs qui semblent maintenant dans les cordes de la Juventus, aussi étonnant que cela puisse paraître il y a encore quelques semaines. Malgré un environnement délétère ces derniers mois et un effectif loin d’être aussi prestigieux que par le passé, les Bianconeri ont su gérer la tempête et peuvent entrevoir maintenant un horizon dégagé pour la fin de la saison.
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