Le match d’après. Après les tragiques incidents survenus en marge de la rencontre opposant l’Olympique de Marseille à l’Olympique Lyonnais, dimanche dernier, les Phocéens retrouvaient l’Orange Vélodrome pour y défier le LOSC Lille à l’occasion de la 11e journée de Ligue 1. Au terme d’une rencontre globalement fermée et décevante, les deux formations se quittaient finalement dos à dos (0-0). Un match où Edon Zhegrova aura, malgré tout, eu le mérite d’apporter un peu de folie.
Six jours après le dimanche de la honte et une rencontre avortée face à l’Olympique Lyonnais, l’OM n’est pas parvenu à renouer avec le succès ce samedi face au LOSC. Dans un Stade Vélodrome vrombissant et dépeuplé de supporters lillois - la préfecture des Bouches-du-Rhône avait acté leur interdiction de déplacement la veille en raison des incidents du week-end passé -, les joueurs de Gennaro Gattuso n’ont pu se contenter que d’un triste match nul 0-0. Si la première situation de la rencontre était à mettre au crédit de Pierre-Emerick Aubameyang, dont la frappe à l’entrée de la surface était finalement trop dévissée (4e), les Lillois auront par la suite longtemps fait subir leur loi à leurs adversaires. Impactants, dominants dans les duels, mais rarement tranchants dans le dernier geste à l’image du très remuant Zhegrova, les Nordistes auraient probablement pu mener à la pause avec un brin de réussite supplémentaire.
Classement live
Ils auraient d’ailleurs pu ouvrir la marque d’une formidable manière lorsque Yusuf Yazici, d’un coup d’oeil furtif, heurtait la barre aux 30 mètres après une tentative de lob osée sur Pau Lopez (15e). On notera toutefois l’énorme situation d’Amine Harit, la plus grosse de la première période. A la réception d’un centre au cordeau de Jonathan Clauss, l’international marocain, seul au point de penalty, manquait inexplicablement le cadre (45e). Au retour des vestiaires, les Lillois étaient eux tout proches d’ouvrir le score. Trouvé avec précision par Zhegrova, Angel Gomes manquait le cuir d’un cheveu pour le pousser au fond des filets (49e). Cinq minutes plus tard, il était encore tout proche de marquer, toujours sur un service de Zhegrova, mais Gigot se sacrifiait pour contrer sa tentative (55e). La soirée des défenseurs, moins des attaquants. Aleksandro s’illustrait à son tour par un retour en pompier dans les pieds d’Aubameyang (65e). Une fin de match décevante et sans véritables occasions. Avec ce point du match nul, l’OM reste 8e du championnat. Lille est 4e.
L’homme du match : Edon Zhegrova (6,5) : dans la lignée de sa performance face au club princier, le Kosovar a rendu une copie satisfaisante à l’Orange Vélodrome. Véritable poison pour les défenseurs marseillais, l’ailier lillois a été constamment recherché par ses partenaires lorsque son équipe procédait en attaque rapide (51% des offensives nordistes se sont déroulées sur l’aile droite en première période). Moins efficace dans la prise de profondeur, le numéro 23 des Dogues a toutefois été très intéressant, balle au pied, au moment de percuter et d’éliminer son adversaire en un contre un (3 dribbles réussis). Mais à l’instar de ses coéquipiers, il a péché dans les 20 dernières mètres en dépit d’une bonne qualité de centre. Remplacé par Rémy Cabella (79e).
Olympique de Marseille
Lopez (2,5) : de retour dans les cages olympiennes, le gardien espagnol de l’OM a vécu une soirée très délicate. Souvent loin de son but et très douteux dans ses relances au pied, le natif de Girona était même tout proche de commettre l’irréparable. Sur une transmission bien trop risquée vers Rongier, il était finalement lobé par Yazici et pouvait remercier sa barre transversale (15e). Sifflé par l’Orange Vélodrome pour ses prises de risque insensées, il se faisait une nouvelle grosse frayeur sur un centre enroulé de Zhegrova mais Gomes était trop court pour reprendre (50e). Vigilant au moment de repousser la frappe de Gomes (80e) mais trop peu rassurant pour ses coéquipiers.
Clauss (5) : à quelques jours de la liste des Bleus annoncée par Didier Deschamps, le latéral droit marseillais se devait de confirmer son très bon début de saison. Solide défensivement malgré la pression lilloise et toujours aussi percutant sur ses quelques montées offensives, il offrait d’ailleurs un caviar pour Harit, tout proche d’ouvrir le score juste avant la pause (45e). Au retour des vestiaires, il tenait bien son rang, sans pour autant briller.
Mbemba (5,5) : face au LOSC, l’international congolais (69 sélections, 4 buts) enchaînait une 10e titularisation de rang en Ligue 1. Présent dans les airs (10e), rigoureux dans son placement et précieux dans sa communication, le numéro 99 olympien a multiplié les interventions décisives (31e, 34e). Un match cohérent dans une rencontre où l’OM aura globalement souffert. Sa dernière montée aurait cependant pu être fatale aux Phocéens..
Gigot (6,5) : de retour de blessure, le défenseur central français débutait cette rencontre face au LOSC. Autoritaire et auteur de nombreuses précieuses interventions tout au long de la rencontre (2e, 9e, 11e, 22e, 53e, 55e, 66e), le Phocéen de 30 ans a, lui aussi, rendu une très belle copie. Averti pour une intervention trop rugueuse sur Ismaily (53e), il a cependant souvent sauvé les siens à l’Orange Vélodrome. Touché physiquement et remplacé par Bamo Meïté (68e), sa prestation reste très aboutie. De son côté, l’ancien Lorientais a fait preuve d’une belle solidité lors de son entrée en jeu.
Lodi (2) : aligné dans le couloir gauche de la défense olympienne, l’ancien joueur de l’Atlético de Madrid a beaucoup souffert face à la vivacité et la technique de Zhegrova. Souvent dépassé par l’ailier kosovar, il a régulièrement été sauvé par Mbemba, beaucoup plus tranchant. Un match à oublier pour celui qui aura également fait preuve d’un déchet technique trop important sur le plan offensif.
Kondogbia (5,5) : costaud sur ses appuis, inspiré dans son orientation du jeu et plutôt en jambes, le numéro 19 de l’OM a quelque peu surnagé dans l’entrejeu phocéen. Malgré la mainmise des Dogues, l’ex-joueur des Colchoneros n’a pas sombré. Précieux pour ressortir le ballon et faire souffler ses partenaires, il a globalement bien quadrillé sa zone. Aux abords de la surface nordiste, il a également apporté le danger à plusieurs reprises avec des renversements intéressants. Insuffisant toutefois pour faire sauter le verrou lillois.
Veretout (3) : une nouvelle fois titularisé dans l’entrejeu marseillais, l’international français aux 6 sélections a souvent évolué un cran plus haut que ses deux compères du milieu. Pour autant, son apport reste contestable tant il a semblé à contretemps. Mis en difficulté par la mobilité lilloise dans ce secteur, il a ainsi souvent laissé Nabil Bentaleb évoluer dans un fauteuil. Focalisé sur les défenseurs adverses, à la demande de son coach, l’ancien joueur de la Roma, en difficulté sur le plan physique, a surtout vu le milieu marseillais dépeuplé et logiquement mis à mal. Profitant d’un léger ajustement tactique après la pause, il s’est encore montré offensivement avec une frappe cadrée (46e) et une tête parfaitement détournée par le portier lillois (56e). Pour le reste, sa prestation reste trop insuffisante. Remplacé par Ndiaye (68e), trop discret.
Rongier (4,5) : troisième maillon du milieu de terrain de l’OM, le capitaine olympien a vécu une rencontre globalement très difficile. Conséquence directe des choix tactiques décidés avant la rencontre, l’ancien Nantais s’est souvent retrouvé en infériorité numérique face aux milieux lillois. Surpris par la montée agressive de Yazici sur la relance très douteuse de Lopez, il ne commettait en revanche pas d’erreurs flagrantes. Présent dans le duel (7 ballons récupérés), il a tenté de limiter les dégâts, à l’image de cette dernière interception décisive dans les pieds d’Ounas (85e).
Harit (4) : positionné dans un rôle d’ailier gauche au coup d’envoi, le Marocain de 26 ans a souvent dézoné pour tenter de déséquilibrer le bloc nordiste. Très en vue dans les premiers instants, il a ainsi apporté toute sa technique et sa vision du jeu avant de marquer le pas face à la domination des Dogues. Frustré par la tournure des événements et averti pour un geste d’humeur (42e), il était cependant à quelques centimètres d’ouvrir le score juste avant la pause. Parfaitement trouvé par Clauss et seul face au but, il se manquait totalement au moment de reprendre du droit (45e). S’il a tenté d’apporter de la créativité, son match reste, dans l’ensemble, frustrant.
Aubameyang (2) : en difficulté en Ligue 1 depuis son arrivée à l’OM avec un seul but au compteur, l’ancien attaquant du Barça et de Chelsea se signalait rapidement dans cette rencontre avec une première frappe non cadrée (5e) et une talonnade astucieuse pour Sarr (8e). Seul problème et non des moindres, le Gabonais (74 sélections, 30 buts) disparaissait ensuite totalement. Trop discret, pour ne pas dire invisible, incapable de sentir les coups, et constamment cerné par l’arrière-garde lilloise, il se contentait alors de presser timidement les défenseurs lillois. Loin, très loin, si loin des attentes… Sifflé par le public marseillais, il quittait finalement la pelouse au terme d’une soirée cauchemardesque. Remplacé par Correa (77e).
Sarr (3) : préféré à Ndiaye et présent dans le couloir droit de l’attaque phocéenne, l’ailier sénégalais de 25 ans a déçu malgré une combativité certaine et une envie de bien faire. Disponible pour ses coéquipiers et volontaire, il a bien tenté de faire parler sa vitesse mais s’est montré globalement bien trop imprécis dans le dernier geste. Remplacé par Vitinha pour le dernier quart d’heure (77e). Le Portugais a tenté de peser dans les derniers instants. En vain.
LOSC Lille
Chevalier (5) : face à des Marseillais peu entreprenants et maladroits dans le dernier geste, le gardien du LOSC n’a pas eu besoin de s’employer au cours du premier acte. Vigilant, le Français a effectué quelques interventions rassurantes au retour des vestiaires (45e, 88e, 89e) pour préserver sa cage inviolée comme face à l’AS Monaco. Suffisant pour enregistrer un cinquième clean sheet cette saison en Ligue 1.
Tiago Santos (4,5) : titularisé pour la première fois depuis fin septembre à la place de Diakité, touché au péroné et absent pour plusieurs semaines, le latéral portugais a eu beaucoup d’activité dans son couloir. Si défensivement il a mis du temps à entrer dans sa rencontre, il n’a laissé aucune possibilité à Harit et Renan Lodi de le déborder sur son côté droit par la suite (5 duels gagnés sur 9). En outre, il a plutôt bien assuré l’intérim ce qui lui a permis de gagner des points aux yeux de son entraîneur.
Yoro (6) : du haut de ses 17 ans, le prodige lillois a, une fois de plus, prouvé à ses détracteurs qu’il avait sa place dans le onze de départ de Paulo Fonseca malgré son jeune âge. Et pour cause, il n’a pas laissé un centimètre de liberté aux attaquants marseillais. Juste dans ses interventions aériennes, appliqué dans ses remontées de balle, il a fait preuve d’une grande précision dans ses transmissions (70 passes réussies sur 75).
Alexsandro (6) : impérial de bout en bout, le Brésilien a formé une charnière centrale de haut niveau avec Yoro. Du fait du manque de présence physique des Phocéens dans sa zone, le numéro 4 des Dogues a été peu mis à contribution et s’est montré tranchant dans ses rares interventions lors du premier acte. Solide dans les airs, il se distingue en seconde période par un très bon retour sur Aubameyang, lancé dans la profondeur par un de ses coéquipiers (63e).
Ismaily (5) : en première période, le Brésilien a très bien verrouillé son couloir, pourtant confronté à Ismaïla Sarr, l’un des Marseillais les plus virevoltants du début de saison. Utile sur quelques sorties de balle pour amener le danger dans le camp marseillais, le latéral gauche nordiste a été relativement discret avec un apport timide offensivement. En outre, il s’est concentré sur ses tâches défensives avec un bel impact dans les duels (8/12 duels remportés).
Bentaleb (4,5) : s’il semble avoir gagné ses galons de titulaire au cours des dernières semaines, l’Algérien a été moins en vue à l’Orange Vélodrome. Si l’ancien Angevin a su profiter du marquage laxiste de Veretout pour créer des décalages en première période, il a parfois eu du mal à répondre à l’intensité physique des Marseillais lors du second acte et de ce fait, a perdu plusieurs duels au milieu de terrain.
André (5) : comme à son habitude depuis son arrivée à Lille, l’ancien joueur du Stade Rennais a été précieux dans le jeu sans ballon, notamment pour organiser son groupe en phase de repli défensif ou pour participer au bon pressing nordiste en première période. Important à la récupération et dans sa capacité à venir titiller les milieux phocéens, il a malheureusement manqué de justesse dans ses transmissions.
Zhegrova (6,5) : voir ci-dessus
Gomes (4,5) : une prestation en deux temps pour l’Anglais. Le milieu de terrain a eu le mérite d’être actif sans ballon au milieu, notamment en réalisant un très bon travail de sape pour gêner la relance phocéenne depuis l’arrière. Il est d’ailleurs à l’origine d’une récupération haute dans les pieds de Rongier qui amène à la frappe sur la barre transversale de Yazici (15e). Hormis cette frappe qui aurait pu faire mouche si Lopez ne s’était pas employé pour écarter le danger (79e), son manque d’initiative balle au pied demeure flagrant. En bref, il est capable de faire mieux compte tenu de sa qualité technique. Remplacé par Hakon Haraldsson (90e).
Cavaleiro (4) : après avoir ouvert son compteur la semaine passée au Stade Pierre Mauroy face à Monaco, l’Angolais a souffert de la comparaison avec son homologue kosovar dans la mesure où le jeu a majoritairement penché à droite. Toutefois, ses quelques ballons négociés ont amené du danger dans le camp adverse, à l’image de cette action où il s’infiltre dans la surface avant d’armer du gauche à la 38e minute. Par la suite, les défenseurs ont su redoubler de vigilance pour le contenir (0/5 duels remportés). Remplacé par Adam Ounas (70e). Plutôt intéressant dans sa faculté à conserver le ballon pour ressortir proprement.
Yazici (3,5) : plutôt à l’aise à ce poste la semaine passée face à l’AS Monaco, le Turc était de nouveau aligné à la pointe de l’attaque du LOSC par son entraîneur en lieu et place de Jonathan David, loin d’être convaincant. Dans un rôle de faux numéro 9, le joueur prêté à Trabzonspor la saison dernière s’est rendu disponible pour ses partenaires en s’incorporant au milieu de terrain pour participer à la construction. Proche d’ouvrir la marque sur une tentative de lobe qui heurte la transversale du gardien adverse en première période (15e), l’avant-centre nordiste a malgré tout manqué de présence dans la surface phocéenne et a progressivement disparu en deuxième mi-temps. Averti à la 72e minute, il est remplacé par Jonathan David (90e).