AC Milan : la semaine mouvementée d'Olivier Giroud
Telle une puissance qui fixerait de façon irrévocable le cours des événements, c'est bien sous le ciel de San Siro que l'équipe de France, au terme d'une incroyable remontada, a remporté, dimanche dernier, sa première Ligue des Nations aux dépens de l'Espagne (2-1). Le même azur milanais, théâtre ce samedi du retentissant come-back de l'AC Milan contre Vérone (3-2). Deux scénarios renversants écrits dans l'antre mythique des Rossoneri, cristallisant surtout le paradoxe vécu par Olivier Giroud ces dernières semaines. Récit.
«Toujours y croire». S'agissant d'Olivier Giroud, il suffirait sûrement de s'en tenir au titre de son autobiographie, parue récemment, pour expliquer la force de caractère qu'il représente. Mené de deux buts à San Siro ce samedi soir contre le Hellas Vérone après des réalisations de Caprari et Barak sur penalty, le club lombard a ainsi repris espoir grâce à l'attaquant international français (110 sélections, 46 buts). La suite ? Une fin de match complètement folle marquée par l'égalisation de Kessié sur penalty (76e) et un but contre son camp de Günter (78e) pour permettre aux Rossoneri de déloger provisoirement Naples - qui reçoit le Torino ce dimanche - de la première place. Pourtant, durant ce match, et à l'instar de ses coéquipiers, Giroud avait dans un premier temps endossé l'habit de «fantôme», résume la Gazzetta dello Sport. Mais l’ancien buteur de Chelsea a surgi au bon moment pour venir surprendre son défenseur sur un centre de Rafael Leao (1-2, 56e) et donc revêtir, une fois de plus, le costume du bienfaiteur. Du pur Giroud, sur le but... sur l'action... et dans le contexte.
Non convoqué lors des deux derniers rassemblements avec les Bleus, une première depuis octobre 2016, Olivier Giroud traverse en effet une période difficile. Preuve en est, ce mois de septembre erratique marqué par un test positif au Covid-19, une quarantaine, des problèmes au dos et des prestations décevantes où l'ex-Montpelliérain a finalement, encore, trouvé les ressources nécessaires pour rebondir, guidant ainsi l’AC Milan vers ce spectaculaire retournement de situation. Une respiration salvatrice pour un joueur touché moralement par cette absence en équipe de France : «j'étais évidemment déçu de ne pas être là (ndlr : Ligue des Nations). Didier Deschamps a décidé de ne pas m'appeler et je dois respecter ce choix.» Car malgré ses trois buts en Série A, Giroud n'a, en effet, disputé que quatre matches en huit journées (307 minutes) depuis le début de la saison. Un temps de jeu insuffisant pour convaincre Didier Deschamps de le rappeler, qui plus est à l'aune des performances tonitruantes de Karim Benzema (9 buts et 7 passes décisives en 8 journées de Liga), candidat au Ballon d'Or 2021, brillant en Ligue des Nations et concurrent direct du Milanais pour le poste d'attaquant sous le maillot tricolore.
Olivier Giroud touché mais pas coulé
Un renversement de situation pour Olivier Giroud qui intervient, de surcroît, après plusieurs années passées au sommet de la hiérarchie des numéros 9 de la sélection, non sans difficulté : «ma relation avec Karim était certainement "unique". J’ai dû faire face aux critiques parce que j’étais à sa place. Il y en avait qui étaient pour moi et d’autres pour lui. Ils avaient l’habitude de me siffler. Contre le Cameroun (match amical à Nantes le 30 mai 2016), j’ai marqué, mais ils continuaient à me siffler. Ils étaient contre moi parce que j’étais là et pas lui. C’était une injustice, mais j’ai dû faire avec. Ça m’a motivé.» Car critiqué, chahuté ou blâmé, et ce, aussi performant soit-il, Olivier Giroud n'en restera pas moins le symbole de ce footballeur conquérant, prêt à en découdre mais surtout obligé de réaffirmer constamment sa légitimité, notamment sous le maillot tricolore. Véritable force de la nature lorsqu’il s’agit de renverser des montagnes, à l'image de sa nouvelle performance hier soir, la natif de Chambéry avait pourtant dû essuyer un flot de critiques, notamment lors du Mondial 2018 en Russie. En effet, pendant que Benzema se sublimait avec la Casa Blanca, Giroud remportait certes la Coupe du Monde, mais sans avoir marqué le moindre but.
Une situation totalement assumée par celui qui vient de fêter ses 35 ans le 30 septembre dernier : «j’accepte aujourd’hui que c’est la façon qui m’a permis de devenir champion du monde. Si vous me dites que j’aurais pu marquer six buts en Russie, mais sans gagner la compétition, je vous répondrais que je choisirai de gagner le titre, bien évidemment. Vous pouvez vous battre contre les choses qui sont dites à votre sujet, mais la chose la plus importante, c’est d’être conscient de la chance que vous avez d’être dans cette équipe (de France). Je comprends que, quand vous êtes un buteur, les gens vous jugent sur vos statistiques. C’est pourquoi j’essaye de battre le record de « Titi » (Henry), mais parfois les choses ne vont pas dans votre sens. Mais je n’ai pas abandonné», déclarait-il d'ailleurs, en début de semaine, à l'occasion de la promotion médiatique de son autobiographie. Surprenante pour ne pas dire déroutante, la force de caractère dont a fait preuve Olivier Giroud tout au long de sa carrière se rapproche parfois de l'indécence et bien que récemment en proie aux doutes, comptez donc sur lui pour arborer, jusqu'au bout dans l'arène du football mondial, cette armure de compétiteur génial.
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