La Côte d'Ivoire est en plein renouveau. Ces dernières semaines, la Fédération Ivoirienne de Football a annoncé les arrivées de plusieurs joueurs binationaux. Comment la FIF les a-t-elle convaincu ? Pourquoi ont-ils opté pour les Eléphants ? Voici quelques éléments de réponse.
"Union, Discipline, Travail'. Voici la devise de la Côte d'Ivoire. Trois mots qui illustrent parfaitement l'état d'esprit de la Fédération Ivoirienne de Football. Depuis quelques mois, la FIF, sous l'impulsion de son président Augustin Sidy Diallo, a activement travaillé en coulisses afin de préparer l'avenir des Éléphants. Cela s'est accéléré ces dernières semaines avec la nomination de Marc Wilmots au poste de sélectionneur national le 21 mars. Le Belge, libre depuis la fin de son expérience avec les Diables Rouges, a signé pour deux ans et a pris le relais de Michel Dussuyer, licencié après la CAN 2017. Sa venue a aussi aidé les Ivoiriens à finaliser plusieurs dossiers importants. Le 3 avril, Maxwel Cornet (OL) et Seko Fofana (Udinese) ont annoncé avoir choisi de jouer pour la Côte d'Ivoire. Le 24 avril, c'était au tour de Jean-Philippe Gbamin (Mayence) et de Jérémie Boga (Grenade) de rejoindre les rangs des Éléphants. Ils devraient être suivis prochainement par Joris Gnagnon (Stade Rennais) selon L'Équipe.
La Côte d'Ivoire, le choix du cœur
Avec ces arrivées, la Côte d'Ivoire a frappé de très jolis coups. D'autant que les nouveaux internationaux avaient tous porté le maillot frappé du coq auparavant chez les catégories jeunes. Pourquoi ont-ils finalement choisir l'équipe nationale ivoirienne ? «C'était un choix du cœur», nous a confié Jérémie Boga. «Ce n'était pas une décision dure à prendre car c'est mon cœur qui a choisi de jouer pour la Côte d'Ivoire. C'est une grande fierté de pouvoir porter ce maillot. C'est comme un rêve, un rêve de gosse. Je suis impatient de jouer mon premier match avec les Éléphants». Même discours du côté de Seko Fofana : «C'est un choix plus que normal car mes parents sont originaires de la Côte d'Ivoire. Pour moi, ça a été un choix facile parce que j'étais derrière eux depuis un moment. Ça m'a toujours attiré. Il y a plein de choses qui m'ont donné envie. Je pense qu'aujourd'hui j'ai fait le bon choix». C'est donc un choix du coeur à 100% pour les deux joueurs. Ce, même si certains peuvent penser que cela a été un choix par défaut.
«J'ai été amené à faire un choix. Je n'ai pas fait ce choix car dans ma tête je me disais que je n'allais jamais aller en équipe de France», insiste Seko Fofana. «Il y a des joueurs avec qui j'étais en sélection française qui y sont aujourd'hui. Je sais qu'aujourd'hui potentiellement, ça ne poserait pas de problème. Aujourd'hui, il fallait faire des choix. Moi, j'ai fait celui-ci. Comme j'ai dit, j'aurais très bien pu attendre. Il y a des gens qui disent : "ils savent qu'ils ne vont jamais venir en équipe de France". Alors que ce n'est pas du tout ça. C'est un vrai choix. Sur le papier, c'est plus qu'intéressant. Il va falloir démontrer sur le terrain avec tous ces joueurs qui arrivent et ceux qui sont déjà là-bas. On peut faire quelque chose de grand ensemble. Il y a beaucoup d'options, de concurrence partout, je pense que c'est ce qui va nous permettre de maintenir ce niveau-là que les anciens ont et de faire quelque chose de nouveau». Boga est du même avis.«Depuis deux ou trois ans, je ne me posais pas la question d'aller en équipe de France. Ça a toujours été la Cote d'Ivoire mon objectif»".
Des négociations longues
Mais comment les Élephants les ont-ils convaincus ? Cela a été des négociations et des discussions de longue haleine. «Ça a duré un moment. Il y a eu des contacts l'an passé quand j'étais à Rennes. Le président de la FIF a contacté mon père. Il y a eu des discussions. Moi, je leur ai toujours dit que j'étais partant mais je voulais attendre le bon timing, le bon moment pour rejoindre la sélection. J'ai toujours donné mon accord aux Élephants», explique Boga. Fofana lui a aussi pris son temps comme il nous l'explique. «Il y a eu des discussions avant la CAN 2017. Je ne me sentais pas de venir à la CAN. J'ai été contacté par le président de la Fédération, le sélectionneur qui était en place à l'époque. Il est venu me voir et on a discuté. Mais je ne me sentais pas prêt à jouer la CAN, j'avais besoin d'un peu de temps. J'ai fait mon choix il y a deux ou trois mois». La FIF a aussi eu les arguments. Le projet et la nouvelle génération en place ont pesé dans la balance.
«Il y a une bonne génération qui arrive avec beaucoup de jeunes. Ça a motivé tout le monde à venir jouer pour la Côte d'Ivoire», insiste Boga. «Il y a des anciens, des jeunes, tout ça a fait que tout le monde est venu. Le projet est intéressant. Il y a un nouveau coach. Les discussions que j'ai eu avec lui ont été positives. Je sens qu'il y a un vrai projet en place». Seko Fofana confie pour sa part : «Je pense qu'il y a un projet qui est super intéressant sur le long terme. On peut faire une belle équipe, une grande équipe. Il y a des joueurs à forts potentiels. Qu'ils aient fait le choix de venir, c'est plus que bien. Ça montre qu'il y a encore des joueurs qui peuvent encore aller jouer en Afrique et qui n'attendent pas l'équipe de France. Pour moi, c'est un choix plus que normal. Le projet est vraiment très intéressant. Ils nous ont montré qu'ils avaient confiance en nous. J'ai discuté longuement avec Serge Aurier. Il m'a donné vraiment envie de venir. C'était un choix facile. Il m'a dit qu'il y avait une bonne équipe en place, qu'ils avaient gagné la CAN (en 2015), qu'il y avait une bonne génération qui arrivait et qu'il pensait que si je faisais le choix de venir, on pouvait avoir une grosse équipe. Si on venait, c'était intéressant pour la suite et gagner des trophées».
Des arrivées validées par les anciens
La Côte d'Ivoire a donc décidé de miser sur plusieurs jeunes binationaux. Une mauvaise nouvelle pour les joueurs qui évoluent au pays ? «Je ne pense pas que ça posera de problèmes», déclare Seko Fofana. «Le sélectionneur est là pour prendre les meilleurs joueurs. Ça peut-être des joueurs qui sont au pays ou des joueurs qui évoluent à l'étranger. Il fera appel aux meilleurs joueurs. Si des joueurs qui jouent au pays font de bonnes choses, je ne vois pas pourquoi il ne les appellerait pas». Ce qui est certain, c'est que ces multiples arrivées enchantent les internationaux déjà en place à l'image de Max-Alain Gradel (44 sélections, 9 buts). «C'est une très bonne chose pour la Côte d'Ivoire que plusieurs jeunes joueurs arrivent en sélection. Il faut préparer l'avenir, c'est important. L'avenir du football ivoirien, c'est eux. Ce qui est important c'est de bien les intégrer. C'est une bonne chose d'appeler beaucoup de jeunes joueurs. Mais il y a les fondations, et des étapes. Si les bases sont bonnes et bien gérées, je pense que ça pourrait très bien se passer».
Le joueur de Bournemouth se sent l'âme d'un grand frère pour la nouvelle génération.
«Moi même quand je suis arrivé en sélection j'ai eu des grands frères qui m'ont aidé à m'intégrer et qui m'ont donné des conseils. Je les en remercie. Quand je suis arrivé en sélection, j'étais très jeune. Si je n'avais pas eu ces grands frères-là comme Eboué, Drogba, Zokora, Kolo Touré, etc..., est-ce que j'aurais pu devenir le joueur que je suis en sélection ? Je ne pense pas. D'où l'importance de faire appel à ceux qui ont de l'expérience afin de transmettre aux plus jeunes leur expérience du football africain. Le jeu en Europe est différent de celui en Afrique. Etre un bon joueur en Europe ne veut pas forcément dire que vous allez briller à la CAN. Il y a beaucoup d'exemples. C'est très important pour l'avenir du football ivoirien de trouver un juste milieu afin que ces jeunes là arrivent dans de bonnes conditions et qu'ils puissent avoir des retours des anciens». La Côte d'Ivoire, 48ème nation au classement FIFA, entre dans une nouvelle ère. Une ère que les Éléphants espèrent riche en succès.
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