Les Girondins de Bordeaux ont-ils déjà dit adieu à la Ligue 1 ?
Dix-neuvièmes de Ligue 1, avec une seule victoire lors de leurs douze derniers matchs, les Girondins de Bordeaux coulent vers la Ligue 2 et la nouvelle débandade vécue contre le FC Nantes (3-5) lors de la 34ème journée ne risque pas de panser les plaies d'un club à l'agonie. Plongé dans un profond marasme, le club au scapulaire traverse la période la plus difficile de son histoire mais peut-il encore sauver sa peau dans l'élite du football français ? Rien est moins sûr...
«Quand t'es à l'extérieur et que tu mets trois buts, c'est difficile de se dire que tu n'as pas gagné ce match. En première période, on a vu qu'on était capable de faire de belles choses et d'être solide. En deuxième, c'est une autre équipe, on lâche complètement. Je ne sais pas si c'est mental ou physique. Je ne pense pas que ce soit physique, car on arrive à revenir. On va devoir faire des matchs comme en première période sinon ça va être compliqué. Peut-être la peur de gagner, je ne sais pas franchement. Je ne saurai pas vous expliquer. Il reste quatre matchs et mathématiquement, c'est encore possible. Donc on va essayer. Personnellement, je me sens mal. Après avoir mené 2-0, perdre 5-3, c'est pas agréable. Il va falloir poser ses c.... sur la table si on veut se maintenir, sinon c'est compliqué». Voici les mots de Mbaye Niang, au micro de Prime Video, désabusé après le nouveau naufrage des siens en terres nantaises (3-5), ce dimanche à l'occasion de la 34ème journée de Ligue 1. Et pour cause.
Bordeaux est au bord du gouffre !
Malgré une avance de deux buts à la pause après les réalisations de Niang (6e) et Dilrosun (18e), la formation entraînée par David Guion, successeur de Vladimir Petkovic sur le banc girondin, a une nouvelle fois complètement sombré, symbole d'un club en perdition totale, touché psychologiquement et marqué par une crise de confiance abyssale. Abandonnés (encore) par leur défense, les Bordelais se sont alors effondrés au retour des vestiaires, plumés par des Canaris auteurs de cinq buts en moins de 45 minutes. Un dénouement cauchemardesque à l'image d'une saison catastrophique. Dix-neuvièmes de Ligue 1 à seulement quatre journées de la fin du championnat, les Bordelais pointent désormais à 4 longueurs de l'AS Saint-Etienne qui occupe actuellement la place de barragiste et 6 unités de Clermont, premier non-relégable. Alors oui, tant qu'il y a de l'espoir, il y a de la vie mais si le FCGB peut encore y croire mathématiquement, le rendement observé sur le terrain laisse, lui, place aux pires insomnies.
«Il faut aller voir Bordeaux en vrai pour se rendre compte que c’est catastrophique, je ne déconne pas, il ne se passe rien, encéphalogramme plat, une huître, rien, il n’y a rien. J’ai plein de potes qui sont supporters de Bordeaux, ils sont au bord de la dépression et j’ai vu ça au bord du terrain. J’en parlais avec Johan Micoud, qui est de là-bas et qui est désespéré au plus haut point, mais sincèrement si tu n’as pas vu jouer Bordeaux en vrai, tu ne peux pas te rendre compte de tout ça. C’est catastrophique», nous confiait d'ailleurs Jérôme Alonzo, consultant pour Prime Video. Une spirale infernale qui déferle actuellement sur tout un club et se traduit, week-end après week-end, sur les pelouses de Ligue 1. Des maladresses techniques aux terribles erreurs individuelles en passant par des placements approximatifs et une animation offensive proche du néant, Bordeaux ne cesse de s'enfoncer. Amorphes, tétanisés et sous la pression de supporters au bout du rouleau, les coéquipiers de Guilavogui se retrouvent ainsi au bord du précipice.
Un calendrier plutôt clément pour un exploit retentissant ?
Ayant d'ores et déjà abandonné l'idée d'avoir son propre destin en main, Bordeaux aura malgré tout quatre finales à disputer pour rester en vie. Au cours du mois de mai, les Bordelais accueilleront l'OGC Nice (01/05) avant de se déplacer à Angers (08/05). Une semaine plus tard, les pensionnaires du Matmut Atlantique recevront le FC Lorient (14/05) dans un match qui s'annonce, à l'heure où ces lignes sont écrites, décisif. Pour conclure cette saison moribonde, les Marine et Blanc iront alors à Brest (le 21/05) avec la ferme intention d'éviter un coup de tonnerre. Celui d'une descente dans l'antichambre du football français, ce qui serait une triste première pour le club depuis 1991 où la DNCG avait décidé de reléguer administrativement les Girondins de Bordeaux en D2 en raison de leur déficit budgétaire (environ 45 millions d'euros). Si sur le papier le calendrier semble jouable avec deux formations (Angers et Brest) qui ne devraient plus avoir grande chose à jouer d'ici là, les Girondins devront quoi qu'il en soit montrer un tout autre visage. Et c'est bien là que le bât blesse.
Comment imaginer une quelconque révolte ? Après la nouvelle humiliation vécue à La Beaujoire, les Bordelais ont même signé un record d'une tristesse historique. Avec 84 buts encaissés depuis le début de cet exercice 2021-2022, Opta nous apprend qu'il s'agit tout simplement du total le plus élevé pour une équipe sur une seule et même saison au cours des 40 dernières années. De quoi confirmer leur statut de pire défense des 5 plus grands championnats européens cette année, eux qui n'ont réalisé qu'un seul clean sheet (lors de la J30, à Lille). Préparés au pire, Gérard Lopez et ses équipes ont même déjà établi un plan en cas de descente. Dans cette optique, L'Equipe révélait récemment que des mesures drastiques seraient mises en place pour éviter un dépôt de bilan. Déjà amputé d'un déficit de 30 millions d'euros et avec le voile d'un accident industriel qui plane, Bordeaux se préparerait d'ores et déjà à une saignée monumentale. Ainsi, 100 employés du club seraient menacés par un plan social, et ce sans parler des nombreux joueurs sacrifiés...
Si Josuha Guilavogui et Marcelo, dont les salaires sont jugés trop élevés, ne devraient pas être conservés, les hautes sphères bordelaises pourraient également se séparer de Hwang Ui-Jo, Junior Onana et Alberth Elis, suivi par West Ham, Wolfsbourg et la Fiorentina selon nos informations. En cas d'adieux à la Ligue 1, Jimmy Briand mais aussi Benoît Costil, en froid avec les supporters, seront également concernés par cette vague de départs, qui plus est à l'heure où leurs contrats respectifs expirent en fin de saison. Au bord de la relégation, les Girondins (5 victoires, 12 nuls et 17 défaites) gardent malgré tout un infime espoir d'éviter ce scénario glaçant mais il faudra pour cela afficher de toutes autres intentions. Région des plus grands crus, Bordeaux est, en effet, aujourd'hui loin de la Purée Septembrale chère à François Rabelais. Alors amis bordelais même si l'urgent est fait et que l'impossible est en train de se faire, le miracle, lui, vous reste encore fidèle.