Coup de tonnerre pour l’avenir de la Serie A !

Par Josué Cassé
3 min.
Houssem Aouar sous les couleurs de l'AS Roma @Maxppp

Introduit en 2019 en Serie A, le "decreto crescita" (décret croissance) ne sera bientôt plus. Prévu au 31 décembre 2023, l’expiration de ce véritable coup de pouce fiscal visant à stimuler la relance économique et permettant, notamment, d’exempter d’impôt 50% du revenu salarié des joueurs étrangers, devrait considérablement changer la donne dans le paysage du football italien…

«Les conneries c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer», proclamait Michel Audiard. Bien que soumis à des règles particulières, les professionnels du ballon rond doivent, eux aussi, se plier aux obligations fiscales. Dernièrement, Foot Mercato était, à ce titre, revenu sur l’impatriation, un régime avantageux et ô combien précieux pour les clubs à l’heure des négociations sur le marché des transferts. En France, par exemple, ce dispositif permet un abattement fiscal de 30 % sur sa rémunération nette, à condition de ne pas avoir été résident fiscal dans l’Hexagone lors des cinq années civiles précédant la signature du contrat. Un argument de taille pour convaincre certains profils de rejoindre l’Hexagone. Un sacré coup de pouce également instauré dans d’autres pays européens, à commencer par l’Italie. Depuis 2019, la Serie A, par le biais du decreto crescita (décret croissance), a ainsi pu attirer les meilleurs joueurs de la planète football en proposant - en plus des raisons strictement sportives - de fortes réductions d’impôts aux joueurs étrangers. Une période dorée bientôt terminée.

La suite après cette publicité

Ainsi, la presse transalpine, à commencer par Sky Sport Italia, affirme ce vendredi que le gouvernement italien ne prolongera pas le «Decreto Crescita» et qu’il expirera donc le 31 décembre prochain. Une mesure qui devrait profondément bouleverser la stratégie à venir des clubs de Serie A. Et pour cause. Si jusqu’alors ces allégements fiscaux permettaient d’attirer des stars étrangères (Ibrahimovic, Lukaku, Pogba, Di Maria, Mourinho…) ou des Italiens ayant résidé à l’étranger (Conte) pendant au moins 2 ans en Italie, cette décision gouvernementale rebat totalement les cartes. A noter que si la fin du décret entre officiellement en vigueur le 1er janvier 2024, le caractère rétroactif de la décision permet de prendre en compte les signatures réalisées depuis le 1er juillet 2023. Dès lors, Christian Pulisic et Loftus-Cheek à l’AC Milan, Benjamin Pavard et Marcus Thuram à l’Inter ou encore Houssem Aouar et Evan Ndicka à l’AS Roma, tous signés après le 1er juillet, sont d’ores et déjà soumis au nouveau régime fiscal.

À lire Juventus : la joute verbale a commencé entre Antonio Conte et Thiago Motta

Le gouvernement sonne la fin du paradis fiscal !

Plus que ce changement fiscal, ce nouveau cap devrait également entraîner les clubs italiens à revoir leur stratégie de développement et faire davantage confiance au processus de formation des jeunes. La Gazzetta dello Sport précise, par ailleurs, que seules 50 personnes sont soumises à ce régime sur les 653 joueurs et 1.083 contrats professionnels en Serie A. Pour autant, cela constitue quand même un manque à gagner pour le gouvernement italien d’environ 150 millions d’euros en impôts. Interrogé à ce sujet, Giorgio Furlani, le PDG de l’AC Milan, y voyait de son côté un revers inquiétant pour le futur du football transalpin. «Le Decreto Crescita est la seule loi qui nous a aidé en Italie. S’en débarrasser est une folie. Le football n’est pas un jouet, c’est une industrie qui attire les capitaux étrangers et dont le pays tire un rendement important. Grâce au Decreto Crescita, nous pouvons attirer des talents qui ont connu du succès en Europe. Cela nous a permis de maintenir le même niveau de droits TV et a attiré des investissements dans les infrastructures de capitaux étrangers», pestait le dirigeant milanais.

La suite après cette publicité

Et d’ajouter : «certaines critiques ont déclaré que cela nuisait au développement de la jeunesse italienne, car les clubs préféraient recruter un joueur étranger plutôt qu’un joueur italien car c’était moins cher. En mai 2022, le Decreto Crescita a été modifié en ce qui concerne le football italien dans la mesure où il ne s’appliquait qu’aux joueurs âgés d’au moins 20 ans et disposant d’un salaire brut minimum de 1M€. Sans cela, même si vous verrez peut-être plus de joueurs italiens dans les clubs au lieu d’un joueur étranger moyen acheté simplement pour des raisons économiques, vous ne verrez probablement plus de joueurs de renom d’autres ligues rejoindre la Serie A, car les clubs ne peuvent tout simplement plus se le permettre». Un discours alarmant résumant, à lui seul, la portée d’une telle décision…

Plus d'infos sur...

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité