Süper Lig

Turquie : les lourdes accusations d’Halil Umut Meler, l’arbitre violemment agressé en Süper Lig

Il y a un peu plus d’une semaine, l’arbitre turc Halil Umut Meler a été violemment agressé lors de la rencontre entre le MKE Ankaragücü et Rizespor. Après ces incidents, l’homme au sifflet s’est exprimé dans les médias. Un témoignage fort.

Par Dahbia Hattabi
5 min.
Agression de l'arbitre Halil Umut Meler @Maxppp

Le jour où tout a basculé. Le 11 décembre, Halil Umut Meler a vécu une terrible agression lors de la rencontre de Süper Lig opposant le MKE Ankaragücü et Rizespor. En effet, Faruk Koca, le président du club d’Ankara, et deux de ses proches ont frappé l’homme au sifflet. Ce dernier a rejoint l’hôpital pour être soigné. Soutenu par les arbitres turcs, qui ont décidé de démissionner, il a aussi été épaulé par le président Erdogan, indigné par ces attaques honteuses. De son côté, Faruk Koca s’est défendu dans la presse dans un premier temps avant de regretter son geste.

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Le président a frappé l’arbitre

Envoyé en prison, le président démissionnaire a confié : «je présente mes excuses à M. Meler et sa famille, à la communauté des arbitres turcs, aux fans de sports et à notre nation. Mon cerveau est devenu fou (…), je ne me souviens plus de ce que j’ai fait.» Halil Umut Meler, qui est sorti de l’hôpital la semaine dernière, lui s’en souvient parfaitement. Questionné par le média turc Hurriyet, il a livré un témoignage poignant et accablant pour ses agresseurs. Mais pas uniquement. Le média turc lui a demandé de revenir sur la fin du match.

«En fait, cela aurait dû être expliqué dès le début. C’était un match normal, très bon. Il y a eu une lutte acharnée. Nous n’avons pas créé un environnement dans lequel nous avons fait preuve d’une mauvaise gestion en termes d’arbitrage, de technique ou de gestion du jeu qui affecterait le match. Il n’y a pas non plus eu de problèmes majeurs. Mais maintenant, j’y pense toujours. En fin de match, il y a eu un but à 90+6. Cela s’est terminé à 1-1. Il n’y a eu aucune protestation de la part des joueurs car il n’y avait pas de décision controversée avant le but encaissé à la dernière minute. C’était normal.»

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Halil Umut Meler raconte sa version des faits

Puis, il est revenu sur son agression. «Après le match, après avoir sifflé, les joueurs sont venus remercier et féliciter. Et cela se voit déjà sur les écrans. Pendant ce temps, j’ai vu les mains et les bras d’Emre Belözoğlu (entraîneur d’Ankaragücü, ndlr). Et alors que nous étions concentrés sur ce qui se passait et ce qui se disait, on (le président, ndlr) m’a donné un coup de poing sur le côté gauche. Je ne sais pas si je me souviens de ce qui s’est passé après ça car j’étais frappé au sol. Ni la police, ni les représentants ne s’y attendaient. Une situation inattendue, car aucun incident ne pouvait survenir. C’est juste l’entraîneur qui a provoqué cette situation. Ce n’était personne d’autre.»

Selon lui, Emre Belözoğlu est le premier responsable de ces incidents. Il a provoqué tout cela. «Oui, c’est quelque chose d’évident. Il a dit pendant le match : "tu as fait cette erreur, j’ai encaissé un but à cause de toi" (…) Soit il l’avait prévu à l’avance tout ça. Vous savez, il avait une opinion personnelle sur moi en 2018. Je pense que cette opinion personnelle perdure actuellement (…) Quand nous en arrivons à ce jour, le problème qui m’attriste est le suivant : même si la personne qui m’a fait cet acte, la personne qui m’a frappé, s’est excusée par écrit auprès de moi et de ma famille, elle ne s’est pas excusée elle-même. »

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Il accuse

Il poursuit : «Emre Belözoğlu ne s’est pas excusé. Si c’est le cas, prouvez-le, dites qu’il l’a fait, laissez-le dire : "je vous ai envoyé un message"… Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas. Il n’y a rien non plus dans l’interview qu’il a donnée il y a deux jours. Il dit qu’il est désolé, mais pourquoi est-il bouleversé ? Est-il contrarié que la personne qui commet la violence se trouve dans cette situation ? Ou est-il contrarié d’avoir provoqué cette situation lui-même ? Ou est-il contrarié parce que j’ai été touché ?» Il a ensuite chargé l’ancien président, actuellement incarcéré.

«Non, je n’ai pas pardonné, je ne pardonnerai pas. Je l’ai dit spécifiquement à plusieurs endroits, la personne qui a fait cela m’a donné un coup de poing, je me suis effondré et je suis tombé par terre. Mais me frapper alors que j’étais au sol sera quelque chose que je n’oublierai jamais pour le reste de ma vie. C’est pourquoi, en conscience, je ne pardonnerai jamais. Je ne pardonnerai en aucun cas, je ne pardonnerai jamais à ceux qui l’ont fait ou à ceux qui l’ont provoqué. Je le dis spécifiquement, je ne pardonnerai ni à ceux qui l’ont provoqué, ni à ceux qui l’ont fait.»

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L’homme au sifflet ne veut plus arbitrer pour le moment

L’arbitre, qui a avoué ne pas avoir regardé les images, a indiqué qu’il a été soutenu par sa fédération et sa famille, touchée par ces événements. Enfin, l’homme au sifflet, qui rêve d’arbitrer une finale de Coupe du monde, a évoqué son avenir. « Après que ces incidents, j’ai pris position. Mon message était : comme vous le savez, 2024-2026 (Championnat d’Europe - Coupe du Monde) est peut-être l’un de nos plus grands objectifs lorsque nous débutons notre carrière. Et même si j’étais l’un des candidats les plus appréciés, j’ai pris une décision. Tant que cette violence continue, je compte être absent.»

Encore au stade de la réflexion, Halil Umut Meler a indiqué que retrouver les terrains n’est pas dans ses plans. Il semble encore traumatisé. «Je ne suis pas prêt psychologiquement. Il faut se rendre à chaque match en se préparant psychologiquement de la manière la plus transparente en faisant preuve du soin et de la sensibilité nécessaires. Il faut travailler dur pour y arriver. C’est pourquoi je ne suis pas prêt.» Touché physiquement et moralement, l’arbitre turc ne compte pas se laisser faire et réclame du changement alors que de nouveaux incidents ont eu lieu hier en Turquie.

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