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Coupe du Monde 2022, Maroc : l'Académie Mohammed VI, nouveau fournisseur de talents

Devenu l'un des meilleurs centres de formation d'Afrique depuis sa création en 2008, l'Académie Mohammed VI est bien représentée chez la sélection marocaine, grande surprise de ce Mondial qatari, et ne compte pas s'arrêter là...

Par Anas Bakhkhar
6 min.
Azzedine Ounahi, Youssef En-Nesyri et Nayef Aguerd sont issus de l'Académie Mohammed VI @Maxppp

Youssef En-Nesyri, Nayef Aguerd, Ahmed Reda Tagnaouti et Azzedine Ounahi : l'Académie Mohammed VI est bien représentée dans cette Coupe du Monde 2022 au Qatar, dans laquelle les Lions de l'Atlas ont réussi à se qualifier pour la première de leur histoire, et de celles des footballs africain et arabe, dans le dernier carré de cette compétition planétaire. Malgré la défaite face à l'équipe de France (2-0), ce parcours reste une véritable fierté pour le centre de formation, proposé par le Roi du Maroc Mohammed VI, désireux de créer un complexe aux standards des grands clubs européens et ainsi élever le football chérifien au plus haut niveau. Cette idée est officialisée en 2008 et financée par de grands groupes à l'échelle continentale, comme l'opérateur téléphonique Maroc Telecom, la compagnie d'assurance Wafa Assurance ou encore le groupe immobilier Addoha. De quoi donner un peu plus de poids à la politique sportive du Royaume.

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Un board à l'expérience européenne

Dans l'encadrement de ce projet d'envergure, le Maroc veut se reposer sur des spécialistes du ballon rond pour diriger cette académie : d'abord, pour la présider, le dirigeant du Pays du Couchant (traduction littérale de Maghrib, Maroc en arabe) s'appuie sur le Directeur de son secrétariat particulier Mounir Majidi, également président du Comité directeur du Fath Union Sport, club de la capitale Rabat et pensionnaire de la première division marocaine. Le président de la SIGER, holding appartenant à Sa Majesté M6, est épaulé par une direction sportive d'expérience menée de main de maître par Nasser Larguet, arrivé en provenance du Stade Malherbe de Caen pour gérer l'Académie jusqu'en 2014 avant de s'occuper du centre de formation de l'Olympique de Marseille. Son ancien collègue au club normand Pascal Théault le rejoint quelques temps plus tard pour diriger les équipes de jeunes, de quoi apporter un peu de connaissances du football européen et extirper le potentiel maximal d'un grand vivier de l'Afrique.

« Le grand mérite revient à Sa Majesté le Roi pour l'Académie Mohammed VI de Football, par rapport à ce projet qui a été déclencheur de la prise de conscience du football marocain, que la formation était très importante. On avait décidé d'avoir des joueurs de 12 à 18 ans, pour six ans de travail, d'efforts et de développement. Ce qui a poussé les clubs marocains de se mettre en ordre de bataille, et aujourd'hui, on est très heureux que l'Académie ait pu fournir un joueur par ligne à la sélection. (...) Le mérite revient également à Walid Regragui, qui a pu donner, dans ses clubs, donner la chance en première division à Aguerd au FUS, et durant son passage au Wydad de faire jouer Tagnaouti. C'est vrai que l'Académie Mohammed VI a eu un rôle dans la bonne santé du football marocain », a d'ailleurs expliqué au micro de 2M l'ancien dirigeant de l'AMF Nasser Larguet, avant de rejoindre le centre de formation de l'OM et d'occuper, aujourd'hui, le poste de directeur technique nationale de la Fédération Saoudienne de Football.

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Objectif : valoriser la formation marocaine

Il faut dire que ce projet n'arrive pas par hasard : en effet, à la fin des années 2000, le football marocain est plus qu'en berne, surtout après la finale de la Coupe d'Afrique des Nations 2004 perdue par les Lions de l'Atlas en Tunisie contre le pays hôte. En effet, si l'on doit faire un bilan sportif de cette sélection jusqu'au retour de l'ancienne gloire Badou Zaki sur le banc de la sélection, le Maroc n'a plus disputé une Coupe du Monde depuis l'édition 1998 et n'a jamais réussi à passer la phase de poule d'une CAN, ratant même les éditions 2010 (éliminatoires) et 2015 (disqualification à la suite de l'abandon de l'organisation en raison du virus Ebola). Néanmoins, le développement de cette Académie, combinée à l'arrivée d'un certain Faouzi Lekjaâ (président de la RS Berkane) à la tête de la Fédération Royale Marocaine de Football, vont redorer progressivement le blason du paysage footballistique marocain au fil des années...

Au fil des années, l'Académie Mohammed VI se démarque parmi les meilleurs centres de formation, devant les deux géants casablancais, le Raja et le Wydad, ou encore le FUS. En plus de son siège à Rabat, l'AMF s'étend sur d'autres villes du territoire, que ce soit à Tanger au nord, Oujda à l'est ou Agadir au centre. Ce déploiement a pour but d'aller chercher les pépites les plus prometteuses du pays pour centraliser la formation dans la capitale, ou plus exactement au sud-est de la ville voisine Salé. Dans une période où les sélectionneurs qui se sont succédé (Philippe Troussier, Henri Michel, Eric Gerets, Rachid Taoussi...) ont toujours préféré les binationaux aux joueurs locaux, ce centre de formation, misant plus que jamais sur le long terme, avait, dès sa création, comme objectif de révolutionner la formation chérifienne en devenant l'un des plus grands fournisseurs de joueurs pour l'Europe, comme le font déjà Génération Foot, l'Institut Diambars (Sénégal) et l'Académie Jean-Marc Guillou (Côte d'Ivoire, Mali...) dans l'ouest du Berceau de l'Humanité.

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Une mine d'or naissante pour le Vieux Continent

Et la mission de cette Académie nationale, qui a coûté pas moins de 140 millions de dirhams marocains (soit près de 12, 3 M€), semble plus qu'accomplie. D'abord avec la présence des internationaux en Coupe du Monde : du Sévillan Youssef En-Nesyri à l'Angevin Azzedine Ounahi - pisté par le FC Barcelone - en passant par le Hammer, et ancien Rennais, Nayef Aguerd, ces trois titulaires indiscutables du sélectionneur Walid Regragui ont connu l'AMF comme tremplin avant de découvrir le monde professionnel, respectivement à Malaga (D2 espagnole), au SCO et au Fath US. Le gardien de but du Wydad AC Ahmed Reda Tagnaoui, formé durant près d'une décennie, est également un pur produit, aujourd'hui troisième gardien de l'effectif mais souvent présent dans le groupe, et ce sous les ordres d'Hervé Renard, Vahid Halilhodzic et Walid Regragui. Si on ajoute à ces joueurs-là les Jawad El Yamiq (OC Khouribga), Badr Benoun (Raja), Yahya Jabrane ou encore Yahya Attiatallah (Wydad), la formation marocaine semble enfin porter ses fruits.

Et c'est loin d'être fini : en effet, de plus en plus de formations européennes se tournent aujourd'hui du côté de l'Académie Mohammed VI, à commencer par l'Olympique Lyonnais : en effet, l'actuel huitième de Ligue 1 a signé un partenariat avec le centre de formation nommé en honneur de Sa Majesté, non seulement pour échanger leurs savoir-faire respectifs « dans les domaines de la méthodologie, la performance et la détection. » Côté exportation de joueurs, on retrouve de nombreux partir découvrir le football européen, de la Ligue 1, la Liga ou encore la Jupiler Pro League, en plus de voir l'AMF participer à plusieurs tournois internationaux face aux meilleurs centres de formation d'Europe. D'Omar Sadik (Espanyol) à Oussama Targhalline (Olympique de Marseille) en passant par Anas Nanah (Strasbourg), les jeunes Marocains ne vont pas tarder à prendre un peu plus de pouvoir dans le Vieux Continent dans les prochaines années...

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