Depuis quelques années déjà, la ligue anglaise est sans aucun doute la compétition la plus relevée au niveau européen. La preuve la plus flagrante de cette hégémonie continentale étant, les trois clubs de Premier League présents dans le dernier carré de la Ligue des Champions cette année encore.
Mais, cette domination masque la crise identitaire que subie le football anglais, et dont l'émergence des jeunes talents locaux est devenue une denrée rare. Avec Wayne Rooney, l'attaquant d'Aston Villa Gabriel Agbonlahor (21 ans) est l'un des rares jeunes joueurs anglais à s'être imposé dans une formation du top ten anglais.
N'appartenant pas à l'une des équipes du “Big four”, le jeune joueur natif de Birmingham d'un père Nigérian et d'une mère écossaise, n'est pas encore connu du grand public comme l'est par exemple Theo Walcott. Et pourtant, il est déjà l'une des grandes stars du football anglais promises à un avenir rayonnant, et dont les sollicitations des grosses cylindrées de la Premier League témoignent du potentiel.
De l'académie de Villa à la Premier League
Après s'être forgé une réputation de terreur des surfaces dans les compétitions locales de jeunes avec son club des Boldmere Falcons, il intègre l'académie d'Aston Villa dès l'âge de 14 ans. Fidèle à ses habitudes Agbonlahor va poursuivre sur sa lancée en éclaboussant de son talent de buteur toutes les catégories de jeunes du club. Lors de la saison 2004-2005, il inscrit 18 buts en 22 matches avec la réserve de son club, des statistiques qui vont convaincre David O'Leary le manager des Villans de l'époque, à le lancer dans le grand bain de la Premier League. Des débuts qui vont porter des fruits puisque le jeune joueur sera aligné à 9 reprises lors de cette saison, et inscrira même son premier but chez les professionnels contre Everton à Goodison Park en mars 2006.
L'arrivée de Martin O'Neil à la tête de l'équipe la saison suivante va considérablement changer la donne, car le technicien Irlandais va juger que les prêts successifs à Watford et à Sheffield avaient été bénéfiques au jeune joueur, et qu'il était désormais prêt à disputer une saison entière en Premiership.
L'éclosion et la confirmation
La réputation de la rudesse et de l'intensité de la Premier League ne sont plus à décrire, pour les jeunes joueurs qui font leurs débuts comme pour les étrangers qui débarquent, une période d'adaptation est souvent nécessaire. Agbonlahor n'en aura pas besoin, puisque la socialisation avec l'engagement de la Championship va lui servir de bouclier. Il ne restait donc plus qu'à mettre son talent à contribution.
C'est ce qu'il va réussir avec une maestria digne des grands champions. Malgré un positionnement souvent sur le flanc droit de l'attaque de Villa, il va faire admirer toute la panoplie de ses qualités : vitesse, dribbles, jeu de tête, technique, frappe de balle des deux pieds, adresse devant le but, et passeur décisif, bref toute le registre de l'attaquant moderne. Avec 9 buts en 38 matches de championnat il va réussir sa première saison pleine dans l'élite.
Cela sous entendait néanmoins pour le joueur que le plus dur restait à venir, car il fallait confirmer cette année. Ne bénéficiant plus de l'effet de surprise, car il est devenu une cible pour les défenses adverses qui l'attendent tous les week-ends avec l'ambition de le neutraliser, la tâche s'annonçait difficile.
Déjà auteur de 9 buts en 33 matches lors de l'exercice en cours, il a réussi le pari, en prouvant par ailleurs que son jeu s'est sensiblement étoffé. En position d'attaquant axial pour suppléer John Carew, en rupture ou occupant le flanc droit, sa technique et ses qualités athlétiques font la différence dans le jeu en profondeur comme dans les petits espaces. Des aptitudes qui suscitent des convoitises.
Arsenal et Manchester United prospectent
Toujours à l'affût de jeunes talents, le manager desGunners Arsène Wenger est tout particulièrement intéressé par la signature de Gabriel Agbonlahor.
Dès le mois de décembre dernier, The Telegraph indiquait que le technicien Français serait apte à investir 20 millions € pour obtenir la signature du jeune joueur.
Le nouveau phénomène du football anglais, a également toute l'attention d'Alex Ferguson le manager de Manchester Utd, prêt à se joindre à la bataille des millions dès que la lueur d'une possibilité de transfert se signalerait.
Le dossier se corse à ce niveau, puisque le manager de Villa Martin O'Neill, n'est pas disposé à céder son joyau. Le technicien n'apprécierait guère que certains clubs manifestent ostensiblement leur intérêt pour Agbonlahor, comme d'ailleurs au sujet d'Ashley Young, tous deux nominés pour le titre de meilleur espoir de l'année en Angleterre.
Le manager compte sur ses jeunes pousses pour créer une équipe compétitive la saison prochaine en Premier League. L'intersaison décidera de l'issue de ces dossiers.
L'équipe nationale
Avec Theo Walcott, Gabriel Agbonlahor représente l'avenir offensif des Three Lions. Sollicité dans le passé par le Nigeria pour intégrer l'une des sélections de jeunes, il a décliné l'invitation du pays de son père. En revanche, il a répondu aux convocations de Stuart Pearce avec les -21 ans anglais. Convoqué par Fabio Capello pour son premier match officiel avec la sélection anglaise lors de la rencontre amicale contre la Suisse, il n'a pas pu honorer à l'appel à cause d'une blessure.
De nouveau retenu contre la France en match amical, cette fois c'est le technicien italien qui a décidé de se passer de ses services pour la sélection définitive.
Mais qu'à cela ne tienne, Agbonlahor sera sans doute l'un des piliers de la campagne pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2010, parce que Fabio Capello ne saurait trop longtemps se passer de son énorme potentiel.
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