Affaires Paul Pogba : les témoignages glaçants de la séquestration
Depuis l’ouverture du procès de l’affaire Pogba en début de semaine, plusieurs accusés se sont succédés à la barre pour raconter leur version des faits. Des témoignages qui font froid dans le dos.
Depuis le mardi 26 novembre, la salle d’audience 2.03 du tribunal correctionnel de Paris affiche complet. C’est ce jour-là que s’est ouvert le procès de la fameuse affaire Pogba. Un procès qui a démarré tambour battant puisque les deux parties ont eu des échanges musclés dès la première journée. Au centre du jeu, l’absence de Paul Pogba, resté à l’étranger selon son avocat. Ce qui n’a pas du tout été du goût des avocats de la défense, qui ont demandé le renvoi du procès. C’était notamment le cas de Me Daphné Pugliesi, représentante de Roushdane K. « Monsieur Paul Pogba a fait des déclarations évolutives, de sa plainte jusqu’à la confrontation. J’avais une quinzaine de questions à lui poser. Sa comparution doit être ordonnée. » Mais la demande de renvoi a été rejetée. Un premier échec pour les représentants des six personnes accusées de tentative d’extorsion ainsi que de la séquestration du footballeur (sauf Mathias Pogba pour la séquestration, ndlr).
Mercredi, le procès a repris un retard de plus de deux heures en raison d’une audience de fixation. Alors que trois interrogatoires étaient au menu, seul Machikour K. a été auditionné durant près de quatre heures. Il a expliqué sa version des faits, notamment concernant la fameuse journée du 19 mars 2022 où La Pioche a été séquestrée. Le rôle de Mathias Pogba, le frère du joueur, a aussi été évoqué. Son avocate a demandé à Machikour K. s’il pensait que le frère jumeau de Florentin « avait l’intention de plumer la poule aux œufs d’or. » Ce à quoi il a répondu négativement, alors que Mathias Pogba et sa mère, Yeo Moriba, assistaient à l’audience. Jeudi, les deux interrogatoires prévus hier ont pu avoir lieu, dont celui d’Adama C., qui a été questionné sur ses moyens financiers avant son départ pour les Émirats. Ses propos sont relayés par nos confrères de RMC Sport.
«Quand ils sont entrés dans la pièce, c’était très violent»
« Paul faisait des virements à ce moment-là. Il était là en cas de besoin, à ce moment-là, je n’avais pas de ressources. […] Je pourrais dire que c’était trois ou quatre fois dans l’année, de 2.000 à 15.000 euros. […] Je ne travaillais pas pour Paul Pogba, ce sont des dons. Au vu de notre relation, les gens de notre entourage venaient me voir. Ces personnes avaient des projets et ils voulaient présenter des projets à Paul. Si le projet était viable, je pouvais le présenter à Paul Pogba, a-t-il confié, tout en avouant que sans l’aide de l’ancien de la Juventus, il aurait repris une activité professionnelle. Il est aussi revenu sur la nuit où le joueur a été séquestré. Quand ils sont entrés dans la pièce, c’était très violent. Je n’ai jamais vu quelque chose comme ça. Ils étaient cagoulés et avec des gilets pare-balles. J’ai essayé de me retourner, ils m’ont dit : "ferme ta gueule" et "baisse la tête". J’ai obéi directement. »
Il a ajouté : « ils ont dit qu’ils avaient assuré la sécurité de Paul Pogba et qu’il leur devait 13 millions d’euros. Paul Pogba avait la voix tremblante. Et disait : "Quelle sécurité ?" Il ne comprenait pas. Là, ils ont chargé. Roushdane a dit : "Arrêtez !" Et Paul a dit : "Je vais payer, je vais payer !" Roushdane s’est interposé et a répété : "Il va payer, il va payer !" » Très ému, Adama C., qui estime être également une victime, a précisé que le footballeur avait été très surpris. Il a aussi révélé que la veille de cette fameuse soirée, le joueur de 31 ans avait déjà été inquiété alors qu’il était sorti dans Paris. « Paul Pogba a rencontré une personne qui l’effraie, une personne avec qui il avait coupé les liens. » Il s’agit d’une personne dont le nom est déjà cité dans l’affaire, selon RMC Sport. Face à la détermination des braqueurs, Roushdane K. intervient et assure qu’il y aura paiement.
Les rôles troubles de Roushdane K. et d’Adama C.
C’est là qu’une grosse incohérence surgit dans le récit. Les deux hommes armés quittent les lieux sans demander leur reste. Roushdane K. devient alors le seul intermédiaire direct entre Paul Pogba et ses agresseurs. « Juste avant de partir, les deux hommes armés ont dit qu’aucun d’entre nous n’avait intérêt à déposer plainte et qu’ils connaissaient nos adresses », poursuit Adama C. En effet, dans les jours suivants, personne ne se tourne vers la police, pas même le champion du monde 2018. Plus tard, face aux enquêteurs, le joueur fera part de ses suspicions quant au rôle trouble joué par Roushdane K. et notamment à sa connivence avec les racketteurs. Autre fait étonnant, Adama C. n’aura pas eu de problème à ouvrir la porte de l’appartement où se présentait un homme, rapidement congédié. Il s’agirait de Mamadou M., une personne invitée à quitter les lieux plus tôt. Adama C. nie que cette scène a eu lieu. Elle a pourtant été confirmée par deux témoins. Il finira par reconnaître au bout de 6h à la barre que les deux hommes armés avaient été « renseignés ». Mais par qui ?
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