Ligue 1

Nantes : Sergio Conceição les a tous déçus…

Officiellement démissionnaire de son poste d'entraîneur du FC Nantes, et nommé à la tête du FC Porto, Sergio Conceição a pris tout son monde de court. Et si le président Kita a déjà fait connaître son ressenti, l'environnement nantais est également touché.

Par Matthieu Margueritte
6 min.
Nantes Sérgio Paulo Marceneiro Conceição @Maxppp

Personne ne l'a vu venir. Un mois à peine après avoir prolongé son contrat avec le FC Nantes jusqu'en 2020, Sergio Conceição a décidé de quitter le navire. Officiellement parti depuis mardi, le technicien portugais est rapidement sorti du silence pour expliquer son départ inattendu. Un choix dicté par l'opportunité de signer au FC Porto ainsi qu'une volonté, selon lui, d'être plus près de sa femme au Portugal en raison de soucis de santé. Un incroyable rebondissement qui a laissé Waldemar Kita sans voix. Mais pas seulement. Si le sentiment éprouvé par le patron du FCN n'est pas franchement une surprise, qu'en pense le microcosme nantais ? Pour cela, nous sommes allés interroger des journalistes habitués de la Jonelière et de la Beaujoire. Et là aussi, la nouvelle a fait son effet.

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«J'ai vu que sur Twitter était sortie l'information d'un contact entre Porto et l'entourage de Conceição. Pour être honnête, je n'ai pas pris ça au sérieux. Au bout de trois ou quatre jours, j'ai compris en voyant que la presse portugaise annonçait que Porto avait rencontré Conceição. J'étais sur le c... parce que quand on se souvient des beaux discours de Conceição lorsqu'il a prolongé... L'accolade au président (Kita), les phrases du genre : "merci président de me faire confiance", "ensemble on est plus fort", puis son discours sur les supporters... On avait quand même le sentiment qu'il y avait un vrai fond de sincérité. Mais maintenant, avec le recul, je me dis que c'était peut-être un peu de la comédie», nous a indiqué David Phelippeau, journaliste à 20 Minutes. Un côté désabusé également exprimé par Étienne Kiss, journaliste à Presse-Océan. «On était soulagé quand on a vu qu'il prolongeait avec Nantes jusqu'en 2020. Il était sur un gros contrat (300 000€ bruts mensuels pour lui et son staff, ndlr), il avait demandé des gages sur la Jonelière, c'est-à-dire que la réserve ne partage plus le même vestiaire que les pros. Et là, c'est vrai qu'on est tombé des nues. Ça donne une impression de manque de respect à la parole donnée.»

L'excuse de Conceição laisse perplexe

Surpris et déçus, les suiveurs du FC Nantes sont également restés perplexes et gênés par le principal argument avancé par Conceição : les ennuis de santé de sa femme. Si le désir du Lusitanien de se rapprocher de sa moitié n'est nullement remis en cause, la manière de faire fait débat. «C'est délicat à dire parce que c'est du ressort privé, mais Nantes lui avait offert toutes les possibilités pour aller à son chevet. Et ce n’est pas pour ça qu'on signe dans un autre club. Je trouve ça bizarre. Il y a ce paradoxe (invoquer cette raison après avoir prolongé son contrat). S'en est même dérangeant de jouer là-dessus», avoue Kiss. Une version que n'a pas démentie Phelippeau. «Je trouve ça un peu triste et maladroit qu'il ressorte ça pour essayer de faire passer la pilule de son départ. Après, effectivement, après l'avoir eu au téléphone la semaine dernière, il a beaucoup insisté sur la santé de sa femme. Je pense que la vraie raison, c'est qu'il rêvait d'entraîner Porto et dès qu'il a su qu'il n'y avait plus personne sur le banc, il a sauté sur l'occasion. C'est une triste fin en tout cas, pour lui, les supporters, le club. Ce n'est pas très élégant quoi. ».

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Un manque d'élégance souvent évoqué et pointé du doigt en raison d'un fait bien précis. En effet, le 30 avril dernier, Conceição signait une prolongation de contrat pour laquelle les dirigeants nantais avaient consenti de gros efforts financiers, et pas uniquement du point de vue contractuel. «Financièrement, il a quand même offert à Conceição et son staff 300 000€ bruts par mois. Tout ce que demandait Conceição, Kita disait oui. Les travaux à la Jonelière pour plus d'un million d'euros. Le club va les faire en plus. Il avait promis plein de choses. Franchement, on ne peut pas reprocher grand-chose à Kita dans cette histoire», confie Phelippeau. Avant que Kiss ne poursuive. «En plus, il avait juré ses grands dieux qu'il partait sur un projet, qu'il allait faire évoluer le FC Nantes. Le FCN lui filait les clés entre guillemets. Qu'il parte comme ça du jour au lendemain, ça a été très étonnant». Sans surprise, le sentiment de trahison prédomine donc dans cette affaire. Une mauvaise nouvelle qui pourrait d'ailleurs avec plusieurs conséquences. «Le FC Nantes a fait toute sa campagne d'abonnements sur Sergio Conceição. Conceição était devenu leur idole (aux supporters). C'était impressionnant. Par exemple, à la Beaujoire, le car des joueurs arrive devant la boutique du club où se trouvent les supporters. Et Conceição était le plus applaudi, et de loin. C'était devenu une icône. Ils ont le sentiment d'être lâchés. Ils se posent des questions parce que la campagne de réabonnements a repris il y a une dizaine de jours et les gens ont acheté en pensant à Conceição. Maintenant, ils sont coincés», déplore Kiss. Et ce n'est pas tout. «Et puis, certains joueurs, je pense à Gillet ou Rongier, ont lié le fait de ne pas répondre aux sollicitations à l'avenir de Conceição. C'est très problématique».

Nantes avait misé sur Conceição pour ses abonnements

Face à cette donnée, la nomination du successeur de Conceição sera donc vitale pour convaincre les indécis de rester. Sauf que pour le moment, aucune véritable piste ne se détache. Kita voudra-t-il refaire «un coup à la Girard», à savoir remettre en selle un coach français connu libre de tout contrat ? Ou choisira-t-il de miser une fois sur un technicien étranger ? Selon Phelippeau, malgré l'urgence de la situation, le président des Canaris ne veut pas agir dans la précipitation. «Le choix du futur coach est ultra important pour Kita. C'est pour ça qu'il veut prendre son temps, pour ne pas faire n'importe quoi. Passer après Conceição, ça ne va pas être simple. Le mec a quand même fait passer le club de la 19e à la 7e place, il y a eu du jeu. Conceição a mis en place ce que Kita voulait que ses entraîneurs fassent depuis dix ans : le petit déjeuner ensemble, le fait de voir les joueurs passer du temps à la Jonelière. Tout ça, Conceição l'a fait. Donc, il ne peut pas se permettre de se rater dans le choix du coach».

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La page Conceição tournée, reste tout de même une dernière interrogation. Dans l'affaire, Nantes ne devrait en effet pas encaisser d'indemnité de transfert, mais simplement enregistrer les arrivées de deux éléments de Porto : le défenseur central nigérian Chidozie Awaziem et le latéral/milieu gauche belge Joris Kayembe. Deux joueurs méconnus du grand public qui évoluaient cette saison avec la réserve des Dragons. Sur le papier, ils viennent renforcer deux secteurs de jeu que le FCN désirait étoffer. Mais il y a un hic. «C'est un peu grotesque dans le sens où on fait venir des joueurs sans avoir demandé l'avis de l'entraîneur puisqu'il n'y en a pas ! Jusqu'à preuve du contraire, le coach doit donner son avis avant de recruter quelqu'un. La direction a fatalement pris sa décision, j'imagine qu'elle les a un peu observés. Mais que se passera-t-il si le prochain entraîneur n'en veut pas ?», s'étonne Kiss. Bref, autant d'interrogations et de flou que l'équipe Kita devra dissiper le plus rapidement possible sous peine de vivre un début d'exercice 2017/2018 des plus compliqués.

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