Après un match insipide, l’équipe de France a éliminé la Belgique en huitièmes de finale de l’Euro 2024. Voilà les notes de la qualification loin d’être convaincante des Bleus.
La France entrait dans le money time de cet Euro 2024. Auteurs d’une phase de poules peu emballante (2es de leur groupe), la France et la Belgique se retrouvaient en huitième de finale à Düsseldorf. L’enjeu était simple : se qualifier pour affronter au tour suivant le vainqueur du choc Portugal-Slovénie. Ce lundi les Diables rouges espéraient se venger de ‘élimination subie face aux Bleus en demi-finale du Mondial 2018 en Russie. Pour cela, Domenico Tedesco alignait un onze très offensif avec De Bruyne, Doku, Openda, Carrasco et Lukaku. En face, Didier Deschamps avait choisi un 4-3-3 sans Ousmane Dembélé ni Bradley Barcola, mais avec Antoine Griezmann ailier droit, au soutien de Kylian Mbappé et Marcus Thuram. Un repositionnement qui posait question puisque le Colchonero n’est pas franchement réputé pour être un accélérateur de jeu comme Dembélé ou Barcola. Cela s’est d’ailleurs rapidement vérifié dès le début de la partie, Griezmann n’apportant absolument rien. La suite a été un régal. Les deux équipes ont installé un rythme très lent qui faisait passer un match de vétérans du dimanche matin pour un match de Ligue des Champions. La peur d’encaisser le premier but paralysait-elle les deux camps ? Peut-être. Résultat : la première période a été d’un ennui absolu. Côté français, les meilleurs ont une nouvelle fois été Koundé, Upamecano et Saliba.
Devant, Griezmann n’a logiquement pas pesé sur l’aile droite, permettant ainsi à Koundé d’avoir tout le loisir pour monter. Sur son côté gauche, Mbappé n’avait visiblement plus envie d’accélérer, tandis qu’au centre, Thuram affichait un déchet technique assez dingue. Et pour couronner le tout, nos Bleus ne réalisaient presque aucun pressing offensif. En termes d’actions, c’est donc sans surprise que nos Bleus n’ont pas soulevé les foules : à savoir une frappe molle plein axe de Griezmann (10e), une tentative contrée de Mbappé (14e), des frappes lointaines non cadrées de Rabiot (20e) et de Tchouameni (39e, 45e) et enfin une tête hors cadre de Thuram sur un beau centre de Koundé (34e). Si vous n’avez pas vu les 45 premières minutes et que vous lisez ce début de résumé gratiné, peut-être vous êtes-vous dit que si les Français ont été aussi timorés, c’est parce qu’ils étaient chahutés par les Belges. Eh bien pas du tout ! Durant cette première période digne d’une sieste, les Diables rouges n’ont quasiment rien fait eux non plus, hormis un coup franc de De Bruyne sorti au dernier moment par Maignan (24e). Et voilà. Rideau. Ah si. Les Français sont rentrés à la pause avec la certitude de ne pas pouvoir compter sur Rabiot pour un éventuel quart de finale. Sévèrement averti dès la 25e minute, le joueur de la Juventus était menacé de suspension en cas de carton.
Un piètre spectacle
Au retour des vestiaires, on espérait du mieux. Le choix de Deschamps de ne procéder à aucun changement laissait toutefois les observateurs dubitatifs quant à un réveil brutal des deux équipes. Eh bien devinez quoi ? Ils avaient vu juste ! Si Casteels a sorti le grand jeu sur une frappe de Tchouameni qui allait se loger dans son petit filet (49e), le rythme du match n’a pas changé et les prises de risque se comptaient sur les doigts d’une seule main. Les Français, eux, ont continué à vendanger sur les rares occasions qu’ils ont eu (54e, 56e, 65e, 69e). À l’heure de jeu, alors que Randal Kolo Muani remplaçait Thuram, les Bleus n’avaient cadré qu’un seul de leurs quinze tirs. Désespérant. À force de tout rater devant, les hommes de Deschamps s’exposaient logiquement à une punition en contre. Sans un retour défensif XXL d’Hernandez (61e) et une parade de Maignan face à Lukaku (71e), la Belgique aurait pu réaliser un hold-up.
Mais ce match d’une pauvreté technique affligeante, même les Diables rouges ne semblaient pas intéressés par le fait d’attaquer. Plus les minutes défilaient, plus la France soignait sa statistique offensive (19 tirs, 1 cadré à la 79e après une nouvelle tentative hors cadre de Mbappé). Pas grave, le plus important, « c’est que les actions sont là », disaient les joueurs. Pendant ce temps-là, malgré une absence totale de rythme, de percussion et un adversaire pas très agressif non plus, Deschamps décidait de garder ses flèches (Dembélé, Barcola, Coman) sur le banc. Mais ce soir, le fameux animal de compagnie de DD était dans les tribunes de Düsseldorf. Après un sauvetage XXL de Maignan sur une frappe de De Bruyne (83e), Kolo Muani délivrait tout e une équipe d’une frappe non maîtrisée, mais déviée dans son propre but par Vertonghen (1-0, 85e). Le meilleur buteur de l’Euro 2024, CSC, a encore frappé. La France peut le remercier, mais le spectacle offert par les Bleus face à une Belgique peu fringante a été pitoyable. Rappelons que les Tricolores affornteront le Portugal ou la Slovénie au tour suivant.
L’homme du match : Koundé (6,5) : rare satisfaction de l’équipe de France depuis le début du tournoi, le défenseur du Barça a poursuivi sur sa lancée ce lundi. Propre dans ses interventions, il n’a pas hésité à se projeter pour apporter une solution à Antoine Griezmann en phase offensive. De ce fait, plusieurs centres ont été impressionnants de justesse et trouvèrent souvent la tête de Marcus Thuram, pas loin d’ouvrir le score (34e, 50e). Muselant Jérémy Doku, un sérieux client, il a été propre dans ses transmissions et a assurément été le meilleur français ce soir. Attendu face à un ailier percutant, le défenseur du Barça a rassuré.
France
- Maignan (6) : valeur sûre des Français aux cages, le Milanais a livré une solide prestation. Auteur d’une parade peu académique mais efficace sur un coup-franc vicieux de Kevin de Bruyne (24e), il a été précieux dans toutes ses interventions et a souvent été précieux sur sa ligne en seconde période sur plusieurs frappes belges. Un match très sérieux de l’ancien Parisien.
- Koundé (6,5) : voir ci-dessus.
- Upamecano (5,5) : après-midi à Düsseldorf en demi-teinte pour le Bavarois. Dépassé en permanence par Loïs Openda lors du premier acte, il n’a vraiment pas été rassurant dans ses duels avec l’attaquant du RB Leipzig. Mieux par la suite, il a souvent été le pompier de service dans la défense française et a colmaté plusieurs brèches. En fin de rencontre, ses dégagements ont été une véritable bouffée d’air pour la France.
- Saliba (6,5) : après avoir gagné sa place depuis le début du tournoi, le taulier d’Arsenal confirme et s’avère de plus en plus solide au gré des rencontres. Souvent envoyé au duel avec Romelu Lukaku, le Gunner a pris l’ascendant dans la plupart de ses duels avec le robuste attaquant. Sa frappe dangereuse à la 74e minute aurait pu permettre à la France de prendre un avantage tardif. Vraiment très intéressant ce soir, il s’est affirmé comme le taulier défensif de la France pour le reste du tournoi et à l’avenir.
- Théo Hernandez (5,5) : visiblement, le soleil lui a tapé sur la tête en première période. Méconnaissable sur son flanc gauche, il n’a jamais été dangereux offensivement lors du premier acte. Assez impliqué en seconde période, il a été l’auteur d’un énorme retour sur Carrasco à l’heure de jeu (60e). Bien plus incisif, il a été important défensivement et a semblé plus inspiré dans ses intentions. Rassurant vu l’importance du joueur dans le système Deschamps.
- Kanté (5,5) : meilleur joueur des Bleus depuis le début du tournoi, le milieu d’Al-Ittihad a été moins tranchant en première période. Semblant plus emprunté physiquement, l’ancien de Chelsea n’a pas pris de risques balle au pied et est apparu éteint pendant la majorité de la rencontre. Retrouvant du peps en seconde période, il a gratté certains ballons et a délégué les tâches offensives à ses coéquipiers. Passeur décisif sur le but de Randal Kolo Muani mais ce n’était pas la passe du siècle non plus.
- Tchouaméni (6,5) : en première période, il a été l’arbre qui cachait la forêt. Ne perdant presque aucun ballon, il a été à l’origine des plus belles occasions de la France durant le premier acte. Physiquement, il est celui qui a été souverain dans l’entrejeu des Bleus en répondant à l’intensité physique des Diables Rouges. Pour autant, ses nombreuses frappes lointaines n’ont pas été cadrées alors qu’il aurait dû faire bien mieux sur plusieurs de ces dernières. Averti à la 14e minute.
- Rabiot (4) : techniquement, il a trop souvent paru en manque d’inspiration ce soir. Insipide dans ses prises de balle, surtout en première période, il a été bien plus intéressant au retour des vestiaires avec un rôle qui correspond plus à ses qualités. Sur les duels, il a été bougé par des Belges plus solides et a trop peu apporté offensivement sur cette rencontre. Averti à la 23e minute, il sera suspendu pour le quart de finale.
- Griezmann (3) : que dire de sa prestation ? Positionné dans un rôle d’ailier droit qui ne va vraiment pas à ses qualités, Griezmann a été catastrophique lors du premier acte. Toujours en décalé par rapport à ses coéquipiers, aucune de ses inspirations n’a trouvé suite et son apport offensif a été quasi nul. Même sa grinta habituelle à la conquête du ballon n’aura pas été présente ce soir. Perdant trop de ballons pour un joueur de son importance, il a réellement raté son match ce soir. Averti à la 23e minute.
- Thuram (2,5) : titulaire à la pointe de l’attaque, l’Interiste a été mauvais ce soir. Pesant néanmoins sur la défense, il n’a pas fait grand-chose pour le reste. Même dans ses appels et ses remises, il a souvent raté des gestes élémentaires et a perdu bêtement plusieurs ballons qui viennent ternir une prestation décevante. Sa tête aurait mérité un meilleur sort (34e) mais ne suffit pas à sauver son match raté et qui risque sûrement de lui coûter sa place pour le reste du tournoi. Remplacé à la 62e minute par Randal Kolo Muani, qui a fait basculer la rencontre avec une envie pleine d’entrée. Un message a certainement été envoyé à Didier Deschamps.
- Mbappé (3,5) : l’homme masqué était incognito ce soir. Trop peu impactant pour un joueur de sa trempe, il n’a pas existé en première période. Cherchant certaines combinaisons avec ses coéquipiers, il a été dans le mauvais ton à plusieurs reprises et la plupart de ses dribbles tentés ont été facilement interceptés. Pour autant, on sentait qu’il pouvait faire la différence par moments, mais le néo-Madrilène a été très bien muselé par la défense belge. Pour autant, ses 14 ballons perdus démontrent un match pauvre où aucun de ses tirs n’a été cadré et où il a trop peu apporté le danger sur Koen Casteels.
Belgique
- Casteels (5) : le dernier rempart de la Belgique est battu par son propre coéquipier, Vertonghen. Mais il s’est montré solide tout au long du match, même s’il n’a pas été grandement mis à contribution par les attaquants français.
- Castagne (5) : sur le côté droit, il a plutôt tenu son rang défensivement, mais offensivement, il n’a pas voulu se projeter outre mesure. Remplacé par De Ketelaere (88e).
- Faes (5) : le défenseur de Leicester a perdu deux duels importants contre Thuram, mais a tenu son rang. Bien placé, rapide, il a été solide hors ces deux actions.
- Vertonghen (3,5) : agressif sur le porteur du ballon, il ne l’a pas été sur Randal Kolo Muani sur le but français, lui laissant assez d’espace pour enchaîner. Pour ne rien arranger sur cette action, il a dévié la frappe de l’attaquant parisien dans ses propres filets, le tournant du match.
- Theate (4,5) : le latéral a été débordé dans son couloir. Les montées de Koundé et le placement de Griezmann l’ont déstabilisé, les actions passant par son côté dans la majeure partie des cas.
- Doku (5) : le virevoltant ailier de Manchester City a déstabilisé Jules Koundé en un contre un, mais n’a pas su prendre le dessus complètement pour faire la différence.
- De Bruyne (4) : dans une position reculée, le capitaine belge a réussi à distiller quelques ballons en profondeur pour Doku ou Carrasco, qui n’ont malheureusement pas abouti. Plus haut avec l’entrée de Mangala, le maître à jouer de Manchester City a pris sa chance de loin. Très décevant ce soir.
- Onana (5,5) : le milieu récupérateur a gratté quelques ballons, imposant ses qualités athlétiques dans l’entrejeu belge. Il a fait quelques fautes, mais dans l’ensemble, il a répondu présent.
- Carrasco (4,5) : l’ailier a pris la profondeur a plusieurs reprises, mais Théo Hernandez l’a rattrapé à chaque fois. Bon dans les intentions, mais pas assez précis dans les gestes. Remplacé par Lukebakio (88e).
- Lukaku (2,5) : dans les duels, l’avant-centre a été bousculé par l’arrière-garde française. Il n’a pas souvent réussi à se mettre en situation de frappe, sauf sur cette frappe contrée par Tchouameni et détournée par Maignan.
- Openda (3,5) : l’attaquant du RB Leipzig a pris la profondeur à plusieurs reprises, mais n’a pas eu beaucoup de ballons à se mettre sous la dent. Beaucoup d’appels, mais peu d’occasions franches. Remplacé par Mangala, arrivé pour renforcer l’entrejeu (64e).