Ryan Mmaee, Maroc : « Ce groupe peut vraiment faire quelque chose de bien »
Dernière trouvaille de Vahid Halilhodzic, Ryan Mmaee est vite devenu un titulaire indiscutable dans la sélection marocaine. À 24 ans, l'attaquant qui évolue à Ferencvaros en Hongrie va disputer sa première CAN avec son pays et espère rendre fier ses supporters. Avant d'affronter le Ghana ce lundi, il revient sur ses objectifs pendant la compétition, sa relation avec son sélectionneur et sur son parcours atypique.
Foot Mercato : vous préparez la CAN dans un contexte assez particulier avec le Covid et les joueurs qui arrivent tardivement. Comment vous le vivez ?
Ryan Mmaee : honnêtement, ça se passe bien. On a eu une bonne préparation. On s’entraîne beaucoup, on court énormément. Ça fait du bien. Je pense que l’ambiance est bonne aussi. On est concentré sur les entraînements et sur les objectifs de l’équipe donc c’est plaisant.
FM : il doit toujours y avoir cette crainte d’être contaminé et donc rater des matchs, non ?
RM : moi, personnellement, je m’y suis habitué. Le Covid, ce n’est pas nouveau, ça fait deux ans qu’on vit avec. J’ai l’habitude de gérer cette situation. Je ne me concentre pas trop sur ça, je suis plutôt focalisé sur mes objectifs pendant la compétition.
FM : avec le Maroc, vous êtes attendu dans cette CAN. C’est une pression supplémentaire ?
RM : tous les joueurs du groupe ont déjà joué des matches de haut niveau. Donc la pression à ce niveau-là, on est censé la gérer. La plupart des joueurs gèrent bien. Elle se tourne même en quelque chose de positif. On a tous envie de mouiller le maillot pour essayer de gagner un trophée avec notre pays.
FM : justement, tu vas connaître ta première compétition avec le Maroc…
RM : j’ai hâte de commencer et de représenter le Maroc dans une compétition prestigieuse que je suivais toujours à la télé. J’ai toujours voulu la jouer. Je pense qu’il y a forcément une grosse motivation. Je vais prendre match après match et je vais essayer d’aider l’équipe au mieux. Avec ce groupe, on peut vraiment faire quelque chose de bien. Je suis sûr qu’on va tous se donner à fond pour aller le plus loin.
FM : c'est une CAN particulière puisque tu représenteras le pays d’origine de ta mère au Cameroun, d’où est originaire ton père…
RM : j’avoue que c’est drôle comme situation (rires). C’est vraiment le scénario parfait si on peut dire ça. Mon père est au Cameroun en ce moment donc je pense qu’il viendra voir nos matches.
«L'équipe et le coach m’ont mis directement à l’aise»
FM : tu as d’ailleurs la chance de jouer en club et en sélection avec ton frère Samy Mmaee…
RM : c’est particulier, j’avoue. C’est très rare. En club, quand je suis arrivée cet été, j’étais directement à l’aise. Ça a facilité mon adaptation. Être là au quotidien pour se motiver, se donner de la force et se battre ensemble, tous les jours, c’est un honneur. Encore plus en sélection. Je me sens chanceux.
FM : en 4 mois avec le Maroc, tu es passé du petit nouveau à l’indiscutable en attaque… Raconte-nous !
RM : c’est clair (rires). Je pense que l’équipe m’a mis directement à l’aise. Le premier match quand je suis arrivé, le coach et le staff m’ont donné leur confiance et donc j’ai pu donner mon maximum. C’était facile, c’est arrivé naturellement et je l’ai ressenti sur le terrain d’ailleurs.
FM : mais malgré tes bons débuts, tu n’avais pas réussi à marquer. Tu as douté ?
RM : non, pas du tout. Je n’étais pas frustré parce qu’on gagnait nos matches avec des scores larges. Je ne marquais pas, mais j’offrais des buts et j’obtenais des penalties. J’étais quand même dangereux. C’est ce que m’a dit le coach. Que je devais continuer à jouer de la même manière, car j’aidais l’équipe à gagner. C’est le plus important.
FM : ton histoire avec le Maroc a débuté il y a longtemps. Il y a 5 ans, tu connaissais ta première convocation sans jouer… Qu’est-ce qui a changé depuis ?
RM : je ne me rappelle pas très bien de ce jour-là. Je sais juste que j’étais arrivé avec des étoiles plein les yeux. J’étais un peu intimidé d’être avec tous ces grands joueurs. Maintenant, j’ai acquis de l’expérience. Je suis beaucoup plus à l’aise et moins impressionné qu’autrefois. Donc je m’impose plus.
FM : justement, s’imposer dans un football africain réputé rugueux, ce n’est pas difficile ?
RM : moi, j’ai joué à Chypre donc les duels étaient similaires avec des défenseurs qui te tamponnent par l’arrière. J’ai un peu l’habitude de ce jeu là et c’est d’ailleurs mon jeu aussi. Batailler pour garder les ballons dos au but, jouer avec mon corps… J’ai l’habitude de ça. Je pense que l’adaptation était facilitée.
FM : d’ailleurs, on a le sentiment que tu as vite cerné ce qu’attendait de toi Vahid Halilhodzic le sélectionneur du Maroc…
RM : je pense que l’équipe avait besoin d’un profil de joueur comme le mien. Un mec capable de garder les ballons devant, de bien orienter son corps et de tenter des actions individuelles. Mon jeu convient bien au système dans lequel on joue.
«Vahid est très exigeant sur les règles. L'équipe a besoin de ça.»
FM : que te demande-t-il concrètement ?
RM : ça dépend des matches, mais la plupart du temps, il me demande de bien rester dans l’axe, de ne pas s’excentrer. Je dois toujours tenter de prendre la profondeur quand je peux et de ne pas hésiter à garder les ballons quand la défense est en difficulté. Ce n’est pas facile parfois, mais c’est notre rôle de faire respirer l’équipe en conservant le ballon ou en obtenant une faute. On est une équipe très rarement en bloc aussi. Donc le pressing des attaquants est aussi très important. On doit beaucoup revenir.
FM : Vahid Halilhodzic est toujours décrit comme un entraîneur intransigeant, c’est vrai ?
RM : je dirais que les personnes de l'extérieur ne voient pas toutes les facettes de sa personnalité. Il a un certain sens de l’humour déjà (rires). Peut-être qu’il est différent dans les interviews. Je pense que tout le monde l’apprécie. Mais après sur et en dehors des terrains, quand ça concerne le football, il est très exigeant sur les règles et les consignes. L’équipe a besoin de ça. Ça marche bien.
FM : sur le terrain, tu formes un duo offensif efficace avec Ayoub El Kaabi…
RM : comme je lui ai dit, c’est très facile de jouer avec lui. Il fait énormément d’appels donc ça libère beaucoup d’espaces. Défensivement, c’est un bosseur, il presse partout, il court beaucoup et ça aide l’équipe. Quand tu vois un mec comme ça sur le terrain, forcément, c’est un gros plus.
FM : c’est aussi particulier, car tu joues souvent seul devant en club…
RM : moi, j’aime bien les deux car c’est différent. Avec deux attaquants, je peux décrocher davantage et faire des actions en partant de plus bas ou sur les côtés. En numéro 9 pur, je dois surtout me concentrer pour être présent devant les buts. Je dirais que je préfère un peu plus jouer à deux parce que j’aime bien être plus libre.
FM : ton parcours est aussi atypique. Tu as déjà évolué en Belgique, au Danemark, à Chypre et maintenant en Hongrie… Qu’est-ce que ça t’a apporté ?
RM : j’ai beaucoup appris. J’ai eu quelques moments de doutes, des moments où je n'étais pas bien. Mais j’ai toujours eu mes proches et ma famille pour me motiver et me soutenir. Ces expériences m’ont forgé. Quand tu es jeune, tu penses que tout va arriver naturellement, que tu vas signer pro rapidement. Au Standard de Liège, c’était une période compliquée pour le club. Les entraîneurs changeaient souvent et on ne faisait pas confiance aux jeunes.
FM : l’étape après pour toi, c’est quoi, un club européen qui évolue dans le Top 5 championnat ?
RM : évidemment, ce sera l’objectif plus tard, mais là je ne pense qu’à mon club et à l’équipe nationale. J’ai toujours aimé regarder la Premier League et la Bundesliga, ce sont des championnats passionnants. On verra bien.
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