Liga

Affaire Vinicius Junior : la Liga a-t-elle un problème avec le racisme ?

Encore victime d’insultes racistes face à Valence, Vinicius Junior a tenu des propos plutôt forts sur le racisme en Espagne. Ses propos sont-ils justifiés ?

Par Max Franco Sanchez
3 min.
Vinicius Junior à Mestalla lors des incidents racistes @Maxppp

« Le racisme est normal en Liga. La Ligue pense que c’est normal, la Fédération aussi et les adversaires l’encouragent. Je suis vraiment désolé. Le championnat qui appartenait autrefois à Ronaldinho, Ronaldo, Cristiano et Messi appartient aujourd’hui aux racistes. Une belle nation, qui m’a accueilli et que j’aime, mais qui a accepté d’exporter l’image d’un pays raciste dans le monde. Je suis désolé pour les Espagnols qui ne sont pas d’accord, mais aujourd’hui, au Brésil, l’Espagne est connue comme un pays de racistes ». Les propos de Vinicius Junior sur la problématique du racisme en Espagne après la rencontre font énormément parler de l’autre côté des Pyrénées. Et surtout, ils divisent. Certains sont plutôt d’accord, alors que d’autres estiment que les paroles du Brésilien sont un peu exagérées.

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Qu’en est-il vraiment ? Un premier constat est évident : la société espagnole a encore des problèmes avec le racisme. Ce qui se passe dans les stades n’est que le reflet de ce qui se passe en dehors des enceintes sportives. Les problématiques liées au racisme ou à la xénophobie ne font ainsi pas partie intégrante des débats sociaux et politiques en Espagne, et il n’y a donc pas forcément de travail de prévention ou d’éducation pour changer certaines mentalités un peu arriérées. De là à parler de pays raciste, il y a encore un grand pas, mais force est de constater que si on compare à beaucoup de pays européens, l’Espagne a encore du travail de sensibilisation à faire à ce niveau.

Un sentiment d’impunité

Une autre question se pose : que peut vraiment faire la Liga pour éviter ces incidents ? Améliorer sa communication déjà, c’est une évidence. Les propos de Javier Tebas faisant passer Vinicius Junior pour le coupable plutôt que la victime sont presque lunaires. Mais derrière les propos du patron de la Liga, il y a aussi une réalité : le championnat espagnol n’a pas les moyens de lutter contre ce fléau. Actuellement, la Liga n’a aucun pouvoir légal pour sanctionner les clubs ou décider de la fermeture de tribunes. C’est le Comité de Compétition de la Fédération Espagnole qui doit statuer et sanctionner, ainsi que la justice. Seul problème : les procédures sont parfois interminables, les différentes institutions se renvoient parfois la balle et tout ça ne débouche que rarement sur de véritables sanctions. Dans les faits, la Liga ne peut que dénoncer les agissements qui ont lieu dans les stades, mais elle n’a pas le pouvoir pour punir.

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C’est peut-être là qu’est le problème : les sanctions sont ridicules ou inexistantes, ce qui crée une sorte de sentiment d’impunité auprès des racistes, qui savent qu’il ne devrait rien leur arriver. Open bar pour le racisme en quelque sorte. Les évènements ont lieu, font scandale quelques jours, puis tout est oublié, et ça reprend. Un cycle sans fin. De même, ça ne pousse pas forcément les clubs à agir. S’il est vrai que beaucoup de clubs, Barça et Real Madrid en tête de liste, ont chassé les groupes de supporters problématiques de leurs stades, il y a encore beaucoup d’indésirables dans les tribunes. Au-delà des problématiques racistes, il est fréquent d’entendre des chants violents, allant jusqu’à demander la mort de certains joueurs/entraîneurs/dirigeants, des revendications politiques ou de voir des banderoles choquantes. Une impunité qui engendre des problèmes à répétition, d’où la frustration compréhensible du joueur brésilien. Malheureusement pour lui, comme pour d’autres qui en ont été victimes avant lui, cela va continuer si les institutions et la justice ne décident pas une bonne fois pour toutes de prendre ce sujet au sérieux…

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